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Biographies
"En 1989, notre « bible » historique, Une école polonaise libre en France occupée, est publié par l’association. Il comprend la liste des élèves, professeurs et employés du lycée avec leurs références basiques : date et lieu de naissance, années de présence au lycée.
En 2000, un groupe d’anciens élèves rassemble dans un ouvrage publié en polonais quelque 180 biographies d’anciens élèves, professeurs et employés du lycée (Villardczycy – Słownik Biograficzny).
Ewa Valentin-Stączek, qui fait partie de ce groupe, continue le travail et produit quelque 130 biographies supplémentaires. L’association les joint aux premières et publie en 2003, toujours en polonais (Villardczycy – Życiorysy).
La version française est publiée par Ewa Valentin-Stączek en 2007 (Les Villardiens – Biographies). Les biographies de ce site Internet s’inspirent de ces trois ouvrages. Elles sont développées autant que possible (travail en cours !).
Biographies
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Adamczyk Irena
— Élève
7 janvier 1927, Wielgopole (district de Konin, voïvodie de Poznań), 3e et 4e années de gymnase, 1943-1945.
Adwent Stanisław
— Élève
2e année de lycée (lettres) 1944-1945 (« non noté, a quitté l’établissement en juin 1945 »).
Alexandrowicz Jadwiga
— alias (Aleksandrowicz) — Professeur
Surveillante générale et professeur d’éducation civique.
Altheim Stanisław
— Élève
15 octobre 1924, Stanisławów, 2e année de lycée, 1940-1941.
Ambik Jan
— Élève
28 mai 1922, Grodno (voïv. Białystok), 4e année de gymnase 1940-1941 (« non classé au 3e trimestre »).
Tué en Normandie à Falaises le 21 août 1944.
Andryiński Mieczysław
— Élève
28 juin 1927, Dijon (Côte-d’Or), 1ere et 2e années de lycée (sciences), 1943-1945.
Andryiński Tadeusz
— Élève
24 septembre 1930, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Andrzejuk Mirosław
— Élève
19 mai 1922, Janów Podlaski (distr. Biała Podlaska, voïv. Lublin), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1941 (a quitté Villard le 17 novembre), a changé de nom et vit à l’étranger.
Anisimow Wiera
— Professeur
22 octobre 1912, Siedlce (voïv. Lublin), professeur de français et latin, responsable de l’internat à Lans et à Villard.
Antoniewicz Elwira
— Élève
17 novembre 1924, Łódź, 4e année de gymnase 1945-1946.
Arend Stanisław
— Personnel
5 mai 1900, Truza Mała (?), factotum, gardien.
Babiarczyk Sylwester
— Élève
16 novembre 1929, Blizanów (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1943-1944.
Babicka Janina
— Personnel
Gardien et femme de ménage.
Bączkowska Eugenia
— Élève
20 décembre 1924, Gwoździec (distr. Kołomyja, voïv. Stanisławów), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1940-1942.
Bakalarski Hilary
— alias (Waldemar) — Élève
21 octobre 1909, Varsovie, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Balcerzak Gabriela
— Élève
2 août 1929, Issoudun (Indre), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Bałos Stanisław
— Élève
26 janvier 1919, Cracovie, 1ere année de lycée (sciences) 1942-1943.
Banaszak Antoni
— Élève
17 mai 1928, Chwałkowo (distr. Śrem, voïv. Poznań), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Bankiewicz Czesław
— Élève
4 mai 1923, Wilno, 2e année de lycée (lettres) 1942-1943.
Baran
— alias (Baranowski) — Élève
29 décembre 1923, Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Baran Celina
— Élève
19 novembre 1929, Noyelle-sous-Lens (Pas-de-Calais), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Baran Janina
— Élève
Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Barański Waldemar
— alias (Rajmund) — Élève
24 janvier 1931, Ham-sous-Warsberg (Moselle), 2e année de gymnase 1943-1945 (A redoublé).
Batkiewicz Henryk
— Élève
1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Batko Stanisława
— Élève
15 janvier 1930, Osieczany (distr. Myślenice, voïv. Cracovie), 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Bęben Mieczysła
— Élève
4e année de gymnase 1942-1943 (renvoyé après le 1er trimestre).
Bębenek Józef
— Élève
22 novembre 1918, Gródek Jagielloński (voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Becka Jan
— Élève
23 avril 1931, Valenciennes (Nord), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Berger Ernest
— alias (W.) — Professeur
28 janvier 1904, Dąbrowa Śląska (Zaolzie, Tchécoslovaquie), professeur de mathématiques, chef et créateur de la chorale, directeur du lycée de 1943 à 1946.
Berger Małgorzatanée Lasota
— Personnel
14 janvier 1914, Cieszyn, chef du secrétariat du lycée.
Betka Jan
— Élève
2e année de lycée 1940-1941 (a quitté Villard peu avant la fin du 3e trimestre, mais y a obtenu son baccalauréat comme candidat externe).
Biel
— Élève
Les Gautherets (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Bieniaszewska Helena
— Élève
3 février 1930, Langannerie (Calvados), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Bieniek Zygmunt
— Élève
1ere année de lycée (sciences) 1941-janvier 1942.
Bieńko Hieronim
— Élève
30 septembre 1931, Varsovie, 4e année de gymnase 1940-1941.
Bieńkowska Helena
— Élève
27 novembre 1929, Wójtowy Most (distr. Wołkowysk, voïv. Białystok ?), 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Bierniakiewicz Tadeusz
— Professeur
Professeur d’éducation physique.
Binental Wacław
— Élève
26 mai 1922, Varsovie, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942 (n’a fréquenté que brièvement le lycée).
Bisping Andrzej
— Élève
25 mai 1924, Massalany (distr. Grodno, voïv. Białystok), 4e année de gymnase 1942-1943.
Bisping Ewa
— Élève
4 mars 1922, Massalany (distr. Grodno, voïv. Białystok), 2e année de lycée 1942-1943.
Bisping Piotr
— Élève
2 août 1925, Massalany (distr. Grodno, voïv. Białystok), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (sciences) 1942-1944.
Biziuk Janina
— Élève
26 avril 1926, Sokółka (voïv. Białystok), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Bizoń Władysława
— Élève
21 mars 1924, Wieprz (distr. Wadowice, voïv. Cracovie), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1942-1945.
Black Teresa
— Élève
19 octobre 1927, La Gravette (Deux-Sèvres), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Blanc de La Devèze Philippe
— Professeur
Professeur de français (de nationalité française).
Błaszkowska Janina
— Élève
27 décembre 1927 (1928 ?), La Talaudière (Loire), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 3e ).
Bławdziewicz Jan
— Élève
16 mars 1924, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Błaż Bolesław
— Élève
1ere année de lycée 1940-1941.
Bobek Janina
— Élève
8 avril 1930, Beaulieu (Haute-Loire), 2e année de gymnase 1943-1944.
Bobek Lucyna
— Élève
19 janvier 1928, Beaulieu (Haute-Loire), 2e et 3e années de gymnase 1942-1944.
Bobrowska Zofia
— Élève
30 avril 1928, St. (?) du Nord (Pas-de-Calais), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Bobrzyk Wanda
— Élève
9 février 1929, Firminy (Loire), 2e année de gymnase 1942-1943.
Bocheński Tadeusz
— Élève
9 octobre 1914, Bóbrka (distr. Krosno, voïv. Lwów), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Bogdański-Ryszard Józef
— Élève
4 (6 ?) avril 1929, Rouen (Seine-Inférieure), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Boguski Stefan
— Personnel
24 août 1901, gardien.
Bończar Czesława
— Élève
2 juin 1925, Skałat (voïv. Tarnopol), 4e année de gymnase 1944-1945.
Borek Alfons
— Élève
11 octobre 1923, Pułtusk (voïv. Varsovie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1942-1944.
Borek Emilia
— Élève
23 mars 1925 Pułtusk (voïv. Varsovie), 1ere année de lycée (sciences) 1943-1944.
Borek Julia
— Élève
23 juillet 1927, Rosières (Cher), 3e année de gymnase 1943-1944.
Borowska Julia
— Élève
14 mai 1926, Paris, 3e année de gymnase 1941-1942.
Boulay Irena
— Élève
12 février 1924, Iekaterinoslav (URSS), 4e année de gymnase (a quitté le lycée après le 1er trimestre).
Bozowski Bronisław
— Aumonier
Bronisław Bozowski est l’un des cinq abbés qui vont se succéder au lycée de Villard. Il est né le 12 mai 1908 à Varsovie (Pologne).
Consacré prêtre en 1931, de santé fragile, il ne quitte guère ses aumôneries de campagne jusqu’aux étés 1938 et 1939 où il visite l’Italie, l’Angleterre et la France. La guerre le surprend à Paris. Impossible de retourner en Pologne. Il devient chapelain de refuges polonais de la Croix-Rouge dans le sud-ouest avant d’être nommé à Villard.
Entre 1941 et 1943, il est donc l’aumônier du lycée polonais. Il sera plus tard celui de Stella Matutina.
Après la libération, il sillonne la France comme chapelain de la Croix-Rouge polonaise et regagne la Pologne en 1947. Il partage alors son temps entre diocèses et congrégations, prêtre atypique, infatigable, vivant une authentique pauvreté, un saint homme au rayonnement indéniable. Il décède en 1987.
Les mémoires de Bronisław Bozowski ont été publiées en 2015 (Kapłanem na wiecki – Prêtre pour l’éternité – Éditions Bernardinum). Les extraits que nous avons retenus ont été écrits dans les années 1980. Ils sont publié dans Notre école.
Par un jour ensoleillé de septembre 1941, j’arrivai à Villard-de-Lans pour être le nouveau directeur spirituel du Lycée polonais en remplacement du père Chechelski, de l’ordre des Jésuites, nommé à un autre poste. Là, je passais les deux années que je considère comme le sommet de ma carrière spirituelle. Car c’était une école – et nous étions nombreux à le dire – unique en son genre.
Ce qui rendait cette école vraiment exceptionnelle, c’était ce que nous rappelle une plaque commémorative apposée sur un mur de l’hôtel du Parc : dans ce bâtiment se trouvait l’unique établissement polonais d’enseignement secondaire libre en Europe occupée. Nous avions cela constamment en tête. Nous en étions fiers et considérions qu’y travailler était un privilège. Noblesse oblige, nous étions liés à un devoir et à une mission : faire naître pour la future Pologne une nouvelle génération de l’intelligentsia alors que l’actuelle se faisait systématiquement exterminer.
Aujourd’hui, après avoir vécu 35 ans en Pologne reconstruite, après avoir écouté tant de discours, j’ai moi-même du mal à comprendre et à ressentir que ces grands mots — devoir, mission — étaient pour nous non pas des concepts abstraits chargés d’un pathos un peu artificiel, mais quelque chose d’évident, la réalité de la vie quotidienne.
C’est pour cela que nos fêtes et célébrations n’étaient pas des cérémonies apprêtées, mais des expériences vécues en commun comme un grand flambeau du mystère national. C’est pour cela que reviennent souvent dans mes souvenirs les images de ces cérémonies, conçues et préparées principalement par les étudiants avec la participation du merveilleux chœur dirigé par le professeur Berger. J’y vois dans les premiers rangs nos visiteurs, venus principalement du Grand Hôtel de Grenoble, un abri pour intellectuels. Nos élèves les appelaient affectueusement nos grands-pères de la forêt. Ces grands-pères venaient se réchauffer au feu de leur jeunesse et à l’enthousiasme de cette génération qui apporterait le prochain printemps.
L’éventail social de nos élèves était large et coloré comme l’était notre Pologne avant-guerre. Des sangs-bleus comme les Potocki, Tyszkiewicz, Krasiński ou Bisping jusqu’aux plus rouges comme Władek Wicha, représentant du prolétariat de Varsovie, appelé « père » par ses collègues parce qu’il avait 38 ans ; il devint après la guerre président de la Chambre suprême de Contrôle et plus tard ministre de l’Intérieur. Il y avait aussi des démocrates nationaux amers, des sanationnistes et des socios, de très pieux scouts d’avant-guerre et des athées qui criaient bruyamment des mots d’ordre anticléricaux, ce qui ne les empêchait pas de me servir à la sainte messe de temps en temps.
Pour nous tous, le lycée était notre maison familiale. Tout Villard en fait était notre grande maison familiale. Nous avions des moments clairs et des moments sombres, les querelles comme les folles aventures nous donnaient toujours plus de cohésion, et c’est pourquoi tous les Villardiens se soutiennent, s’écrivent, se rencontrent, et maintenant rassemblent leurs souvenirs pour que soit écrite une grande monographie sur notre maison, sur notre famille.
Quand, fin septembre 1940, Wacław Godlewski visita brièvement Villard-de-Lans pour savoir si cette station climatique et sportive pouvait loger professeurs, élèves et personnels, la plupart des réfugiés, soldats en déroute ou prisonniers de guerre échappés, Villard était alors une ville à moitié morte. Hommes capturés, fermes abandonnées, hôtels et pensions déserts, personnels saisonniers partis, cafés et magasins presque vides… Les habitants, des gens âgés pour la plupart, étaient déprimés par la dimension du cataclysme inattendu qui venait de se produire, par la misère à laquelle ils n’étaient pas habitués, par la séparation d’avec les pères, frères ou fils emprisonnés dans des camps allemands.
Et voilà qu’arrivent deux cents jeunes Polonais en bonne santé, fringants, pleins de vigueur et de fantaisie, accompagnés d’un groupe d’hommes et de femmes d’âge moyen, plein de distinction et d’entrain, pour créer une improbable école polonaise. Aucun de ces étrangers ne doutait un seul instant qu’Hitler serait vaincu et que de l’école renaîtrait la Pologne. Ils exprimaient cette certitude avec force, par leurs paroles et par leurs actes.
L’esprit déprimé des Français s’en trouva ranimé. Leur courage augmentait à la vue de ces jeunes qui, jour après jour, marchaient par rang de quatre, en chantant, pour travailler à leur ferme des Geymonds, qui se rendaient chaque dimanche à l’église pour une messe devenue « polonaise ».
Ainsi probablement jamais Villard ne connut une vie aussi vraie et forte, saine et joyeuse dans ces années relativement calmes de 1940 à 1942. On voyait et entendait les jeunes Polonais partout : avant midi dans les cafés et les salles à manger de différents pensionnats où les classes étaient dispersées ; dans l’après-midi dans ces mêmes cafés, sirotant un verre de vin ou un panaché ; sur les terrains de sport à jouer avec ou contre les Français ; vadrouillant au pied des montagnes, seuls, en couple ou en groupe ; le soir, dans la salle de cinéma de la paroisse, dans les maisons amies ou sous les fenêtres du pensionnat de filles… Tous étudiaient, certains juste avant les examens, d’autres tout le temps. Nombreux préparaient spectacles et concerts. Il flottait alors sur Villard paroles et chants polonais, transformant ce village paisible en un foyer dynamique vibrant de jeunesse. Une jeunesse par moments un peu folle qui pouvait organiser des compétitions de natation habillée dans la fontaine de la place principale, ou permuter dans la nuit des enseignes de magasins, ou éblouir les passants avec des miroirs du toit de l’école. Les Villardiens de souche enduraient ces potacheries avec calme et humour. Les exploits et singeries de ces Villardiens de cœur leur changeaient les idées et ils étaient fiers que Villard vive de plus en plus au rythme du lycée. Peut-être devenaient-ils eux-mêmes un peu Polonais.
Qui étaient les habitants dont j’étais le plus proche ? Traditionnellement, depuis les révolutions de 1830 et 1848 et depuis la Commune de Paris en 1871, nos amis français étaient de gauche, en particulier chez nos camarades de travail dans les mines et les usines dont beaucoup étaient d’origine polonaise. Mais on comptait aussi parmi nos amis les catholiques de l’élite intellectuelle, conservateurs comme progressistes. À Villard, pendant la guerre, il n’y avait guère de catholiques de gauche. Ils étaient plutôt du centre droit ou apolitiques, comme les deux curés, spirituellement très proches de nous, amicaux et toujours prêts à nous aider. Or nous avions bien besoin de leur soutien, à Villard comme à Grenoble, face aux représentants du régime de Vichy.
L’abbé Paturle nous accueillit dès le début avec gentillesse et nous aida dans l’installation du lycée. C’était un esthète subtil et artiste dans l’âme. Il tomba malade et fut remplacé en 1942 par le Chanoine Douillet, ce grand intellectuel, écrivain connu et conférencier religieux, appelé parfois l’Évêque-Philosophe du Vercors. Il était un homme de caractère, soldat et officier des deux guerres qui reçut, pour son courage et son énergie, la Croix de guerre et la Légion d’honneur. Ce courage et cette énergie, il en a encore fait preuve pendant l’occupation et la Résistance. Après la Libération, il eut soin de commémorer la participation des élèves et des enseignants de notre Lycée à la Résistance en faisant construire la septième station du Chemin de Croix de Valchevrière en la forme traditionnelle des chapelles de Zakopane. Des plaques de marbre y sont accolées, qui portent les noms des Polonais tombés au combat.
À la même famille spirituelle appartenait le fondateur et directeur de Stella Matutina, Paul Belmont. Il venait de la vieille bourgeoisie française, comme on dit. Je préfère parler d’intelligentsia. C’était un chrétien profondément croyant et pratiquant, ce qui signifie ne pas seulement aller régulièrement à l’église, mais appliquer de manière cohérente sa foi à chaque instant et pratiquer l’apostolat. Ainsi, consacra-t-il toute sa vie à l’enseignement. Il investit dans l’école tout son argent et il vécut modestement avec sa grande famille de onze enfants. Il était ami des philosophes catholiques Gabriel Marcel, Jacques Chevalier et Jean Guitton, eux-mêmes proches du fondateur et directeur du lycée, Zygmunt Zaleski.
Stella Matutina, l’étoile du matin, était nommée ainsi en l’honneur de la Vierge Marie. Cette école était catholique, un peu élitiste, plus petite et peut-être moins dynamique que notre lycée, ou autrement, mais attachée à nous par des liens réciproques de sympathie et de respect et par un soutien mutuel. Des professeurs enseignaient dans les deux établissements, comme les Français Philippe Blanc et Marcel Malbos, ou comme moi qui organisait retraites et conférences en français. On trouvait à Stella Matutina des jeunes Français d’origine polonaise qui ne parlaient pas assez bien le polonais pour pouvoir suivre les cours du lycée ; ils nous rejoignaient une fois leurs progrès constatés. Nos élèves Polonais pouvaient aller à Stella renforcer leurs connaissances en français. Certains de nos étudiants francophones devenaient amis avec ceux de Stella…
Quand je fus obligé de quitter le lycée pour cause de maladie, je revins à Villard après plusieurs mois de traitement et devins l’aumônier du pensionnat Les Sapins, une des annexes de Stella Matutina. J’y fus accueilli chaleureusement comme un des leurs. La directrice des Sapins était Mme Péguy, la bru de Charles Péguy. Elle était une intellectuelle catholique fervente, avec un sens élevé de la mystique religieuse et patriotique. Pour elle comme pour Belmont, il était facile de comprendre notre âme de Polonais, surtout à cette époque. Comme d’autres humanistes et intellectuels, ils connaissaient bien les grandes amitiés qui avaient lié d’éminents écrivains catholiques français (Lamennais, Montalambert, le théologien Gratry et toute l’assemblée de l’Oratoire de France) à Mickiewicz et autres chefs spirituels de la Grande Émigration post-1831.
Bratkowski Albin
— Élève
1942 (quitte le lycée en décembre 1942 pour la Grande Bretagne).
Brayczewska Zofia
— Personnel
18 décembre 1901, Piotrków Trybunalski (voïv. Łódź), économe (Lans).
Brayczewski Bohdan
— Élève
19 mai 1932, Varsovie, 1ere année de gymnase 1944-1945.
Brayczewski Witold
— Élève
17 octobre 1927, Zaleszczyki (voïv. Tarnopol), 3e année de gymnase 1941-1943 (a redoublé).
Bretsznajder Henryk
— Élève
3 mai 1916, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943, décédé à Paris le 22 décembre 1979.
Brodnicka Barbara
— Élève
3 décembre 1923, Poznań, 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Brodnicki Mieczysław
— Élève
27 novembre 1921, Starograd (voïv. Poméranie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1944-1946.
Brodnicki Stanisław
— Élève
5 décembre 1926, Kołuda Wielka (distr. Poznań), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1944.
Brodnicki Wojciech
— Élève
7 décembre 1932, Poznań, 3e année de gymnase 1945-1946.
Bruchwalski Stanisław
— Élève
27 mars 1932, Salaumines ou Lens (Pas-de-Calais), 2e classe de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Brudz Bogusław
— Élève
6 août 1919, Tarnopol, 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1944.
Bruzi Zygmunt
— Élève
1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942, a passé le baccalauréat en candidat externe.
Zygmunt est né le 24 mars 1922 à Bieduńsk, (distr. Poznań, Pologne).
Fin 1939 ou début 1940, il s’engage dans l’Armée polonaise à Coëtquidan. À l’été 1940, il est démobilisé à Carpiagne (Bouches-du-Rhône). Il rejoint le lycée polonais Cyprian Norwid de Villard-de-Lans en section maths-physique. Il y obtient le baccalauréat comme externe en 1942.
En août 1943, étudiant à l’Institut polytechnique de Grenoble, il entre en contact avec le réseau POWN. Sous le nom de guerre de Zosia, il est affecté à l’imprimerie clandestine de cette ville. En décembre, il est nommé responsable du réseau du colportage de l’édition clandestine pour la zone Sud. À une date non connue, il rejoint le nord de la France et la Belgique.
En avril 1945, il est à Lyon. Un document de demande de carte d’identité mentionne qu’il est journaliste.
Le 23 décembre 1947, Zygmunt est cité à l’ordre du réseau Lord-Denys, au rang de caporal, pour son courage et son dévouement. Ce réseau agissait principalement dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Belgique. Il visait, entre autres, à l’évacuation vers l’Angleterre des aviateurs anglais puis américains tombés sur le sol de France. Le document d’accompagnement illustré des drapeaux français et belge mentionne qu’il a agi pour « libérer ces deux Patries opprimées ». À une date non connue, Zygmunt épouse Barbara Gajewska, rencontrée au lycée polonais de Villard-de-Lans.
Honneurs
Citation à l’ordre du Réseau Lord-Denys (France et Belgique).
Brylak Stefan
— Élève
14 octobre 1933, Varsovie, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Brzozowski Ignacy
— Élève
1er octobre 1921, Płock (voïv. Varsovie), 2e puis rétrogradé en 1ere année de lycée (lettres) 1942-1943.
Budrewicz Jan
— Professeur
Ingénieur de profession, professeur de mathématiques et d’éducation physique.
Budzyn Janina
— Élève
6 juillet 1931, La Mure (Isère), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Bujok Wanda
— Élève
3 juin 1925, Giszowiec (distr. Katowice, voïv. Silésie), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1942-1946.
Burhardt Wanda
— Élève
4e année de gymnase 1943 (non classée, a quitté Lans avant la fin du 1er trimestre).
Butkiewicz Zdzisław
— Élève
30 décembre 1921, Varsovie, 2e année de lycée 1940-1941.
Cegielska Stefania
— Élève
3e et 4e années de gymnase 1943-1945.
19 novembre 1926, Kuchary (il existait en Pologne 17 localités de ce nom, situées dans sept voïvodies différentes, dont cinq dans celle de Varsovie et quatre dans celle de Kielce !)
Stefania a trois ans quand sa famille émigre en France. Son père travaille à la mine, d’abord en Loire Atlantique puis à Saint-Étienne. Stefania suit sa scolarité dans une école française et apprend le polonais les jeudis (le jour sans classe d’alors). Elle obtient le certificat d’études en 1943 et, avec trois autres élèves, s’engage dans un groupe de résistants dirigé par leur professeur de polonais. Tous quatre rejoignent le lycée de Villard à la rentrée 1943.
Après la fermeture du lycée, Stefania rejoint la région lilloise où elle enseigne le polonais jusqu’en 1962 et la suppression de son poste. Elle songe à retourner en Pologne, car trouver du travail en France avec sa seule nationalité polonaise est difficile. Elle reste finalement en France, travaille dans l’industrie du textile et s’occupe de son mari gravement malade. Dans les années 2000, elle rentre en Pologne.
Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
Mes souvenirs sont liés à la guerre, chargés de peur, de tristesse, d’incertitude quant à ma vie et celle de mes proches.
Notre école de Lans était pour nous une oasis dans la tempête, nous pouvions nous y instruire en toute tranquillité. Nos éducatrices, mesdames Małorzata Danysz et Helena Milecka, nous entouraient avec amour. Nous habitions à l’hôtel Wodiska. Notre classe était exclusivement féminine. J’y ai appris à être indépendante et à savoir vivre en communauté. Ma famille, le scoutisme et les années passées à l’école ont eu une grande influence sur ma personnalité et j’en suis très fière.
Il est évident que, dans ce genre de communauté, il est difficile de parler de relations idéales entre les gens. Des grincements minimes et sans conséquences avaient lieu. Ainsi, je me souviens comme nous étions heureuses de recevoir des colis. Ils n’étaient pas grand-chose, mais un peu de douceurs nous faisaient toujours très plaisir. Plusieurs jeunes filles venaient de la campagne. Leurs colis comportaient du pain blanc en abondance. Pour nous citadines, c’était une rareté ; aussi avons-nous eu l’idée de troquer nos sucreries contre un peu de pain. Les premiers échanges se firent à la satisfaction des deux parties. Ensuite, nos camarades modifièrent le taux d’échange en notre défaveur. Il ne se serait rien passé si un jour je n’avais pas remarqué du pain blanc moisi dans une poubelle. J’étais triste et choquée : comment pouvait-on priver autrui de ce que l’on ne consommait pas soi-même alors que tant de gens avaient faim !
Notre réfectoire était au refuge Les Tilleuls où vivaient des Polonais. La nourriture y était généralement bonne, mais pas toujours. Les lentilles à la sauce aux champignons ne l’étaient pas ; lentilles et champignons devaient être de qualité très médiocre. Certaines jeunes filles en furent malades. En guise de révolte, nous avons donc décidé que la prochaine fois que ce plat nous sera servi, aucune de nous n’y touchera. À notre retour à l’hôtel Wodiska, nous avons dressé une liste de revendications. En première position, nous avons demandé de ne jamais plus avoir à manger de lentilles sauce champignons. En deuxième place, nous avons mis que nous ne voulions pas notre morceau de pain à midi, mais le ticket de rationnement. En troisième figurait une demande d’autorisation pour rencontrer les garçons de Villard. Ensuite, nous avons monté un spectacle satirique, un bref programme pour pointer les défauts de nos professeurs comme des personnes chargées de la cuisine et de l’approvisionnement (cela concernait surtout madame Potocka qui avait la charge de veiller à remplir nos panses). Tous nos préparatifs avaient lieu dans le plus grand secret. Une représentation devait avoir lieu dans la salle de classe. Hélas, cela n’arriva pas. L’une de nos camarades fut convoquée chez notre éducatrice qui soupçonna quelque chose. Au final, en tant qu’initiatrice de la révolte, j’ai été convoquée chez madame Milecka qui était très malade (des lithiases biliaires). Je fus désolée de la voir autant souffrir. Elle me demanda d’aller remplacer l’eau tiède de sa bouteille thermos par de l’eau chaude. À mon retour, elle prononça des paroles que je ne suis pas prêt d’oublier : « Tu m’as fait beaucoup de peine, un jour pareil ! » Comme c’était le 1er avril 1944, je me suis demandé quel lien il pouvait y avoir, car nos protestations n’étaient pas une plaisanterie. Or, ce jour-là, madame Milecka venait d’apprendre que son frère, Stefan Starzyński, le maire de Varsovie était mort. Elle était très gentille avec moi, peut-être était-ce à cause de mon prénom qui était aussi celui de son frère. J’ai toujours eu du respect et de l’affection pour mesdames Danysz et Milecka, mes deux premières éducatrices. Nos demandes furent néanmoins acceptées, ce dont nous avons toutes été ravies.
Nous aidions à tour de rôle aux cuisines, nous avions planté des pommes de terre et désherbé un jardin. Le 6 juin 1944, un groupe de trois ou quatre d’entre nous a été envoyé au potager. Aux environs de 11 heures, une camarade est arrivée en courant pour nous dire de rentrer immédiatement. Nous étions curieuses de savoir ce qui se passait. Notre joie fut grande d’apprendre que les armées alliées avaient débarqué en Normandie. Nous avions enfin l’espoir que la fin de la guerre était proche. Avant que cela n’arrive, nous avons pourtant encore connu beaucoup de stress, car la Résistance passa à l’action et les forces militaires allemandes investirent cette calme contrée de France. Nous entendions des tirs de canons dans les montagnes au-dessus de Grenoble et dirigés vers nous. Notre petite ville de Lans n’en a pas souffert, mais celle voisine de Saint-Nizier fut presque totalement détruite. Nous entendions les tirs de mitrailleuses et les avions décrivirent des cercles au-dessus de nous pendant plusieurs jours. À cause du danger, pour aller déjeuner nous devions marcher à la file, par trois ou quatre, à distance, le long des clôtures. À l’hôtel, des précautions étaient également prises. Il était interdit de mettre la lumière la nuit quand les fenêtres n’étaient pas correctement obturées. Chaque soir, il fallait préparer nos vêtements et nos chaussures à portée de main pour être prêtes s’il fallait nous réfugier en urgence dans les montagnes voisines.
Un matin, avec une camarade, j’allais chercher au refuge notre petit déjeuner – du café au lait dans deux pots émaillés, des tranches de pain beurrées avec du fromage dans un sac. Tout à coup, à la station d’autobus désaffectée, nous avons vu une grenade avec une goupille en bois. Nous avons décidé de la prendre au retour, mais au retour, elle n’était plus là. Plus loin, des maquisards se cachaient près de notre hôtel. Voyant notre étonnement, ils nous ont dit de continuer notre chemin sans nous arrêter, normalement. Ils avaient monté une embuscade pour l’armée allemande qui devait passer par Lans. Il s’avéra que c’était une fausse alerte. Il n’y eut pas d’échanges de tirs.
De jour en jour, les actions militaires se rapprochaient. Un jour, près de l’hôtel qui était à la croisée de routes menant à Grenoble, Villard-de-Lans, Autrans et Saint-Nizier, des militaires allemands s’arrêtèrent. On nous avait interdit de regarder par la fenêtre. Notre curiosité était pourtant la plus forte et nous regardions derrière les voilages, d’autant plus que nous avions entendu parler le silésien. Deux officiers allemands s’intéressèrent à notre hôtel. Heureusement, nos éducatrices connaissaient l’allemand et elles étaient d’un grand stoïcisme, ce qui nous permit de ne pas laisser de plumes à ce contrôle. Je ne cacherai pas que nous avons eu très peur et attendu avec impatience que la troupe s’en aille.
Une autre surprise désagréable eut lieu une nuit où des voitures allemandes arrivaient de Grenoble pour aller à Villard. La nuit était noire quand soudain des coups très forts furent tapés à la porte de l’hôtel. Nous avons entendu la langue allemande aux sonorités si dures. Conformément aux consignes reçues, nous nous sommes habillées rapidement pour attendre la suite des événements. Ces militaires avaient besoin d’essence. La station essence se trouvait en face, ce que le propriétaire de l’hôtel ne manqua pas de leur dire. Ils demandèrent si des maquisards se cachaient dans notre immeuble. S’ils s’étaient mis à fouiller, Dieu sait comment cela se serait terminé. Nous devinions que quelqu’un se cachait au grenier. La servante y portait tous les jours des repas, d’où notre certitude. Mais assurément, personne n’allait trahir ce secret.
Le temps passait et nous devions bientôt faire nos adieux à l’école et aux habitants de Lans. L’année suivante, nous devions habiter Villard-de-Lans. Nous avons commencé les répétitions pour la fête de départ. Mademoiselle Lombard, notre professeure de français, avait monté avec nous deux pièces en un acte. L’une devait être jouée par les plus âgées. Elle parlait de l’amour de jeunes gens qui séjournaient dans un chalet de montagne. Le rôle principal fut confié à Józia Skowrońska. L’autre pièce évoquait une jeune fille frivole pour laquelle les jeux, les plaisirs et les sucreries passaient avant les études. Elle entrait en scène en chantant gaiement :
À vous dirai-je vraiment/ Ce qui cause mon tourment/ Maman veut que je raisonne/ Comme une grande personne/ Moi, je dis que les bonbons/ Valent mieux que les leçons
Je me rappelle bien ces paroles, car c’était moi qui jouais cette demoiselle accompagnée sur scène par les sœurs Wawrzacz. En finale, la chorale entama une chanson qui disait :
Avant d’aller en vacances/ Disons adieu, adieu cher Lans/ Adieu, adieu belles montagnes/ Et prés fleuris et vertes campagnes/ Adieu, adieu vous tous chers amis/ Que nous avons connus ici/ Joie, bonheur nous vous souhaitons/ À Lans toujours nous penserons
Nous avons eu droit à de longs applaudissements et l’émotion fut générale tant sur scène que dans le public.
Quand, en 1990, je suis allée avec une amie à Lans, nous avons rencontré dans la rue une dame âgée avec sa petite fille. Nous lui avons demandé si elle se souvenait de cette fête de départ. Elle nous a répondu qu’elle n’oublierait jamais ce moment d’émotion parce que nous avions laissé un très bon souvenir et que cela ne s’oublie pas.
Notre temps de départ en vacances approchait. Nous voulions toutes rentrer au plus vite chez nos parents. Les camarades de la Loire étaient inquiètes pour leurs proches après voir entendu des communiqués à la radio qui parlaient de bombardements entre Saint-Étienne et Firminy. L’absence de nouvelles des familles nous plongeait dans un certain pessimisme. Le pire était que ne circulaient ni les autocars ni le tramway de montagne jusqu’à Grenoble d’où nous devions prendre le train pour toutes les régions de France.
Les plus âgées d’entre nous décidèrent de couvrir à pied les vingt kilomètres jusqu’à Grenoble. Nous, les plus jeunes, nous attendions la remise en route du tramway. Enfin, le jour du départ arriva. Nous partîmes à pied, sept kilomètres avec un bagage léger, mais nous eûmes de la chance, car une voiture de livraison passa et prit nos valises. En arrivant à Saint-Nizier, nous découvrîmes un spectacle effroyable : seuls la station de tramway, un garage et un petit hôtel se dressaient encore sur un fond de ruines.
Nous savions que l’heure du couvre-feu nous surprendrait avant notre arrivée à Grenoble. On nous avait rassurées en nous disant que nous serions attendues par une personne qui s’occuperait de nous, et en effet une voiture de police française nous accompagna au Centre Sportif Olympique, le carrefour des jeunes, où on nous assura le gîte et le couvert.
Le dimanche suivant, après notre petit-déjeuner, nous nous préparions à partir pour la messe quand nous avons entendu des tirs sous nos fenêtres. Un groupe de résistants français attaquait la Kommandantur à l’angle de la rue. Comme il faisait chaud, nos fenêtres étaient grandes ouvertes ; je me hâtai de les fermer à cause des balles qui sifflaient.
À part nous, il y avait dans ce centre un groupe de garçons. La place manquait, notre éducatrice décida qu’après déjeuner, quand il serait possible de traverser la ville, nous rejoindrions un endroit plus sûr. Nous avons traversé la place où il y avait encore des Allemands, pour arriver jusqu’à un grand bâtiment conventuel où vivaient des étudiants étrangers et où se trouvait le conservatoire. Nous y avons trouvé un havre de calme.
Comme notre éducatrice avait beaucoup de choses à régler, elle nous demanda de choisir celle d’entre nous qui la remplacerait lors de ses absences. Je fus élue. Je suppose que c’était parce que j’avais été responsable de classe pendant un an et demi. La situation faisait que c’était une grande responsabilité. Deux camarades me supplièrent de les laisser aller au marché pour acheter des cerises dont nous avions toutes envie. Je me mis d’accord avec elles, elles avaient un quart d’heure. Le temps passa, une demi-heure, une heure, une heure et demie et elles n’étaient toujours pas de retour. Je n’ai pas à expliquer ce que vivais, combien j’étais au désespoir. Je n’avais aucune justification pour expliquer cette permission, juste mon manque de sens des responsabilités. Je redoutais le retour de l’éducatrice, mais aussi ce qui avait pu arriver à mes camarades. Je me demandais pourquoi elles me décevaient ainsi, cela ne leur ressemblait pas.
Elles rentrèrent au bout de presque deux heures, elles étaient saines et sauves. J’avais envie de pleurer de bonheur. Il y avait eu une rafle sur la place du marché. Grâce à la rapidité d’esprit de Français, elles s’étaient réfugiées dans l’une des maisons en bordure. Elles n’étaient sorties qu’après le départ des Allemands et avaient tout de même acheté les cerises. Au retour de notre éducatrice, nous étions remises de nos émotions et un silence solidaire couvrit ce qui s’était passé.
Le lendemain, nous sommes parties avec notre éducatrice en excursion sur une montagne de l’autre côté de l’Isère. Nous avons dû pour cela emprunter un téléphérique. Nous avons fait deux groupes, car le nombre de personnes par cabine était limité. Les plus jeunes sont parties les premières, puis les aînées. D’en haut, nous observions le second groupe qui arrivait. Soudain, l’horreur ! La cabine stoppa au-dessus de l’Isère. Nous ne savions pas ce qui allait se passer, ne nous rejoindraient-elles jamais ? La cabine stationna ainsi quinze longues minutes à cause d’une coupure de courant. Le reste de la journée se passa sans soucis, à nous amuser et à jouer, le temps était très beau.
Notre éducatrice se rendait chaque jour à la gare pour savoir quels trains partaient. Les unes après les autres, mes camarades rentraient chez elles. Le jour de départ de notre groupe, celui de Saint-Étienne qui était le plus nombreux, arriva. Nous avons remercié affectueusement notre éducatrice qui s’était tant dévouée pour nous, mais aussi la direction du Centre de Jeunes. Nous y étions vraiment bien, nous avions de la bonne nourriture en quantité suffisante. Le meilleur, c’était le dessert, de la crème au chocolat, un produit américain !
Après les vacances, nous devions toutes revenir à l’école, la nouvelle, celle de Villard-de-Lans, mais c’est une autre histoire.
Charabas Stanisław
— Élève
3 avril 1927, Dijon (Côte-d’Or), 2e année de gymnase 1942-1943.
Chechelski
— Aumonier
28 décembre 1900, professeur d’instruction religieuse.
Chełmińska Elżbieta
— Élève
19 novembre 1927, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 3e et 4e années de gymnase 1943-1945.
Chmiela Marta
— Élève
6 février 1931, Le Martinet (Gard), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Chojnacka Daniela
— Élève
20 mai 1929, Algrange (Moselle), 2e année de gymnase 1945-1946.
Cholewa Jerzy
— Élève
21 août 1923, Zagórzany (il existait en Pologne cinq localités de ce nom, dont deux dans la voïvodie de Cracovie, deux dans celle de Kielce et une dans celle de Białystok), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943.
Chrustowski Edward
— Élève
4e année de gymnase 1940-1941.
Chuderski Jan
— Élève
26 mai 1927, Paris, 2e et 3e années de gymnase 1942-1944.
Chwalibóg Janina
— alias (Chwalibożanka) — Élève
26 juillet 1924, Sanok (voïv. Lwów), 3e année de gymnase 1942-1943.
Ciborowska Maria
— Élève
3e année de gymnase 1940 (non classée, n’a fréquenté le lycée qu’au 1er trimestre).
Ciborowska Wanda
— Élève
27 mars 1924, Varsovie, 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (sciences) 1940-1942.
Ciekot Danuta
— Élève
27 novembre 1926, auditeur libre, 3e année de gymnase 1944-1945 (renvoyée de l’internat et du gymnase en juillet 1945).
Ciemior Roman
— Élève
20 janvier 1922, Lwów, 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Cieślak Edmund
— Élève
7 novembre 1922, Toruń, 2e année de lycée (lettres) 1945-1946.
Constantin R.
— Personnel
Comptable (Villard) (de nationalité française).
Curyłło Eugeniusz
— Élève
11 octobre 1929, Roanne (Loire), 2e année de gymnase 1943-1944.
Ćwikliński Tadeusz
— Professeur
Professeur d’anglais et de géographie.
Cyganek Rudolf
— Personnel
Comptable (Villard).
Czajka Kazimierz
— Aumonier
1915, professeur d’instruction religieuse.
Czajkowska Maria
— alias (Czaykowska) — Professeur
Professeur de français.
Czarlińska Maria
— Élève
11 novembre 1931, Brąchnowo (ou Brąchnówko, distr. Toruń, voïv. Poméranie), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Czarliński Jan
— Élève
19 novembre 1929, Brąchowo (ou Brąchnówko, distr. Toruń, voïv. Poméranie), 3e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Czarnecka Adela
— Élève
10 mai 1928, Bessèges (Gard), 4e année de gymnase 1944-1945.
Czarnecki Henryk
— Élève
6 septembre 1926, Bessèges (Gard), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée 1942-1944. Tué le 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors.
Czarnul Genowefa
— Élève
26 juin 1933, La Mure (Isère), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Czarnul Maria
— alias (Janina) — Élève
25 mars 1927, Słków (distr. Olkusz, voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1942-1945.
Czech Kazimierz
— Élève
21 mars 1924, Zagórze (distr. Sanok, voïv. Lwów), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Czempiel Karol
— Professeur
30 avril 1904, Kończyce, surveillant.
Czernigiewicz Izabella
— Élève
1ere année de lycée (lettres) 1941-1942 (a quitté le lycée après le 2e trimestre).
Czubak Aleksandra
— Élève
4 janvier 1930, Gniezno (voïv. Poznań), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1944-1946.
Czudyk Stanisław
— Élève
2 décembre 1930, Lyon (Rhône), 1ere année de gymnase 1944-1945.
Dąbrowska Stanisłwa
— Élève
1er avril 1931, Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais), 2e année de gymnase 1945-1946.
Dąbrowski Edmund
— Élève
6 novembre 1921, Tczew (voïv. Poméranie), 2e année de lycée (sciences) 1944-1945.
Dąbrowski Feliks
— Élève
15 novembre 1923, Wrocki (distr. Brodnica, voïv. Poméranie), 4e année de gymnase 1944-1945.
Dąbrowski Henryk
— Élève
21 septembre 1924, Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1942-1945.
Dąbrowski Ignacy
— Élève
10 mars 1919, Varsovie, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Dąbrowski Jan(janusz)
— Élève
12 juillet 1929, Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Dąbrowski Władysław
— Élève
5 août 1930, 3e année de gymnase (?) 1943-1944.
Danysz Małgorzata
— Professeur
Directrice de l’annexe de Lans (gymnase réservé aux filles), professeur de physique, chimie et biologie ?
Danysz Maria
— alias (Maryla) — Professeur
19 avril 1909, Odrowąż, professeur d’histoire.
de Beurin Andrzej
— Élève
22/12/1927, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1945.
De Brugière Mary
— alias (Maria-Joanna, Marie-Jeanne) — Élève
14 juin 1924, Poznań, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1944.
de Montfort Archambault Marek
— Élève
21 octobre 1923, Varsovie, 2e année de lycée 1940-1941.
Dębski Kazimierz
— alias (Dębicki) — Élève
2e année de lycée 1941-1942.
Kazimierz Dębski est né le 2 septembre 1922 à Cracovie, Pologne.
Il passe l’été 1939 dans un camp d’entraînement militaire quand la Pologne est envahie. Il est fait prisonniers par les Russes, est remis aux Allemands, parvient à s’échapper, quitte la Pologne via la Hongrie pour rejoindre la France et l’Armée polonaise à Coëtquidan. Il combat en Norvège, assiste impuissant à la défaite française, rejoint le lycée en octobre 1940, passe le bac en 1941 et décide de rejoindre l’Angleterre.
Il est arrêté en Espagne, passe un an et demi au camp de concentration de Miranda Del Obro, est libéré, rejoint l’Angleterre et sert dans la Marine de guerre polonaise.
Il rentre en Pologne en 1946, est quelque peu persécuté par les nouvelles autorités, devient néanmoins ingénieur dans les ponts et chaussées.
Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
Où étaient les jeunes filles d’alors, restent des fleurs/ Où sont les jeunes gens d’alors, ils ont pris les armes/ Était-ce ainsi ?
Cinquante-sept années se sont écoulées depuis que j’ai passé le baccalauréat à Villard-de-Lans. La rencontre prochaine des Villardiens m’amène à certaines réflexions sur le temps passé, les souvenirs de compagnes que je ne vois plus ou très rarement, de compagnons avec lesquels j’étais à l’armée, puis au lycée et en camp de concentration, puis à nouveau à l’armée, et qui ne sont plus.
Je suis arrivé au lycée Cyprian Norwid de Villard-de-Lans à la mi-octobre 1940 du camp de Carpiagne proche de Marseille. J’avais eu des « frictions » avec le commandement français de ce camp juste avant mon départ, aussi Mme Aleksandrowicz modifia mon nom en Dębicki pour m’inscrire au lycée. Je rencontrai alors les enseignants, dont les professeurs Zaleski et Godlewski, le père Chechelski, Mme Łukasiewicz et Witold Budrewicz.
J’intégrai une Terminale avec six jeunes filles et des jeunes gens qui étaient généralement des soldats démobilisés ; ils reprenaient la classe pour poursuivre leurs études interrompues par la guerre en 1939. J’en connaissais plusieurs, mais surtout Staszek Altheim qui était avec moi en Première au lycée de Cracovie. Après avoir quitté la Pologne en octobre 1939, je le revis au consulat polonais de Budapest. À mon arrivée en France, je fus incorporé dans un bataillon qui rejoignit la brigade Podhalańska. Staszek resta dans le premier bataillon des grenadiers de l’artillerie lourde. Il avait toujours été un très bon élève et, en outre, un très bon camarade. Il veillait à ce que je travaille bien et cela lui fut facilité quand, quelques mois avant le baccalauréat, nous partageâmes la même chambre avec en outre Janusz Grozdecki et Piotr Wandycz. En si bonne compagnie, je ne pouvais qu’avoir mon diplôme.
Après les vacances, Staszek entra à l’université de Grenoble. Quant à moi, le goût de l’aventure m’entraîna en Espagne dans l’espoir d’atteindre Angleterre. Je ne devais plus jamais revoir mon ami, mais j’ai appris qu’il était allé en Écosse pour y entrer à l’école des sous-officiers d’artillerie qu’il termina avec succès avant d’en devenir l’un des instructeurs. À mon retour à Cracovie, après la guerre, j’ai pu rencontrer sa sœur qui me raconta qu’il était resté en Écosse où il vivait, solitaire, ne souhaitant garder de contact avec personne, pas même avec sa famille.
Dans notre classe, sur trente-cinq élèves, huit avaient déjà combattu au front avec la brigade des Tirailleurs polonais dans la campagne de Norvège. Nous étions trente-cinq anciens de cette brigade au lycée dont Rysiek Jakimowicz, Alojzy Norczewicz, Wiesiek Sosnowski, Karol Zawilski, Janusz Zgliński et Rysiek Mańkowski.
J’étais surtout proche de Rysiek Mańkowski. Nous jouions ensemble au basket, nous avions toutes sortes d’idées idiotes comme aller faire une virée pour boire du vin ou déverser de la teinture rouge dans le réservoir d’eau de l’hôtel Beau-Site et d’autres encore. Le baccalauréat obtenu, nous avions eu l’envie de traverser l’Espagne à pied pour rejoindre Gibraltar. Fredzio Pactwa décida de nous accompagner, mais il se foula la cheville et fut contraint de rentrer à Grenoble. Heniek Mikołajczyk était également avec nous dans cette entreprise. À Villard, il nous faisait travailler notre français. Il était né en France où il avait terminé l’École Normale avant la guerre. En mars 1940, il s’était échappé d’un camp allemand. C’était un bon sportif, il jouait au basket et surtout au football.
En juillet 1941, nous avons traversé les Pyrénées pour rejoindre Barcelone. Nous ne marchions que de nuit le long des voies ferrées. Malheureusement, après cent kilomètres, nous sommes tombés sur un poste de la Guardia Civil et nous nous sommes retrouvés en prison à Gérone.
Qui eut pu imaginer que le basket allait nous faciliter la vie carcérale ! Dans la cour de l’ancien couvent, une compétition avait été organisée. Nous avons constitué une équipe avec en sus deux autres Polonais et nous ne cessions de gagner. Nos supporters nous offrirent des bananes et du lait, ce qui nous permit de survivre par ces temps de faim.
Notre Eldorado ne dura pas longtemps, car on nous transféra au camp de concentration de Miranda de Ebro. Nous y avions été précédés par deux camarades de classe, Olgierd Romeyko et Karol Zawilski qui avaient été plus rapides que nous dans la course à la prison. Il y avait là également Stefan Lewandowski et Zbyszek Spławiński qui étaient partis pour l’Espagne au printemps 1941 sans attendre les examens du bac. Nous fûmes rejoints au camp par Bolek Wróbel, Franek Uhma et Kazio Vogelgerson. Tout notre groupe de Villardiens passa ainsi dix-huit mois avant d’être libéré.
Avant cela, avec Heniek Mikołajczyk nous avions manqué une évasion. Simulant la nécessité d’une appendicectomie, on nous envoya à l’hôpital carcéral d’une localité proche de Saint-Sébastien. La nuit, par une pluie torrentielle, nous gagnâmes la salle d’opération — seule pièce à ne pas avoir de grilles aux fenêtres —, pour sauter du premier étage dans la rue. Le matin, nous étions à Saint-Sébastien. Malheureusement, nous avons été de nouveau arrêtés devant le consulat de Grande-Bretagne : à l’hôpital, nous avions demandé trop d’informations à un ancien membre des Brigades internationales d’origine polonaise qui aurait ensuite révélé le but de notre fuite.
Nous avons été renvoyés au camp sans avoir été opérés ; nous avions refusé l’opération, car à quoi bon si nous ne pouvions pas nous échapper. En route, nous avons tenté de fuir une fois encore en sautant du train qui démarrait. Les tirs de l’escorte nous contraignirent à nous rendre et à nous laisser gentiment reconduire à Miranda.
Entre temps, Rysiek Mańkowski s’était joint à un groupe clandestin qui creusait un tunnel entre la chapelle du camp, sous les grillages et les rails de chemin de fer et la liberté. Seuls trois Polonais parvinrent à s’échapper. Les Espagnols découvrirent-ils le passage par eux-mêmes ou quelqu’un avait-il trahi ? Toujours est-il que Rysiek resta en détention avec nous.
Au moment où en France la zone libre était envahie par les Allemands, des Villardiens nous rejoignirent au camp. Nous retrouvâmes la liberté en 1943 après une grève de la faim de plusieurs centaines de Polonais. Je quittai Miranda avec le premier groupe libéré.
En Angleterre, je me retrouvai dans la Marine de guerre. Rysiek suivit une formation de mitrailleur dans l’aviation. Il volait dans une escadre de bombardiers au-dessus de l’Allemagne. Il fut le seul Villardien à prendre une part active dans la guerre en tant qu’aviateur. En février 1945, il fut abattu au-dessus de Francfort et resta prisonnier jusqu’à la fin des hostilités. Après la guerre, il s’installa avec son épouse à Blackpool où il travailla dans la restauration. Nous nous sommes revus en Angleterre en 1992, je crois, et nous n’avions pas assez de temps pour tout nous raconter. Rysiek décéda peu de temps après.
Heniek Mikołajczyk devint radiotélégraphiste dans une division blindée et fut gravement blessé à la tête. Je l’ai longuement recherché en vain, je n’ai malheureusement jamais pu savoir ce qu’il était devenu.
Plusieurs Villardiens rejoignirent la Marine de guerre. Tadek Ożóg naviguait sur le Garland en tant qu’attaché aux communications ; après l’École des sous-officiers, il devint officier. La paix revenue, il entra dans la Marine marchande, il est mort au début des années 1990 en Écosse.
Les anciens de Villard étaient surtout nombreux sur le destroyer Błyskawica. Zbyszek Kotowski y était opérateur radio pour ensuite suivre une formation d’officier mécanicien. Tadek Skiba était radiotélégraphiste, il quitta la Marine en 1945. Andrzej Noworyta était dans l’administration. Leszek Wojdat était artilleur, je crois. Moi, je pris mon service en mai 1943 sur le destroyer Dragon avant de rejoindre le Błyskawica. Je naviguai pendant trois ans. Karol Zawilski était sur le destroyer Piorun.
Au début de 1944, nous avons tous été admis à l’École des sous-officiers de la Marine de guerre. Les examens médicaux passés, nous avons regagné les navires. Karol profita de l’occasion pour partir étudier l’architecture à Liveromeyko et Fredzio Pactwa. Des camarades de Première et Seconde qui avaient également été détenus à Miranda rejoignirent l’aviation.
Je rencontrai Tadzio Kalinowski pour la première fois à Marseille. Il s’était lié d’amitié avec Alojzy Marchewicz, un ancien élève de l’École de la Marine et séjournait en France chez les marins de la Marine marchande. Quand Tadzio est arrivé à Villard, il était déjà un loup de mer. Il prit part à la Campagne de France dans la Première division des Grenadiers. Il avait une âme d’artiste, il dessinait et écrivait très joliment. Une fois reçu au baccalauréat, il resta en France où il épousa Wanda Normand. Très vite, je les perdis de vue.
En 1956, tandis que je dirigeais une construction de route à Bukowina Tatrzańska, je rencontrai Tadek à Zakopane, en hiver. Wanda et lui s’étaient séparés, il était malade, sans moyens d’existence, sans toit. Je l’ai engagé, il s’entendait très bien avec les montagnards. Un jour, il est parti sans rien dire et j’ai compris que son poste ne répondait pas à ses ambitions. J’ai appris qu’il était retourné chez sa mère à Lwówek Śląski pour y commencer une nouvelle vie et qu’il y était mort.
Je n’ai plus eu de nouvelles de certains de nos camarades. Personne ne sait ce que sont devenus Tadeusz Janikowski, Włodek Klimczyk, Bolek Wyszkowski ou encore Zbyszek Niemczycki.
À Villard, je me retrouvai pour la première fois dans une classe mixte : une grande nouveauté pour moi ! Le hasard voulut que je fusse assis au premier rang avec Iza Krasińska, Murka Krąkowska et Lala Lepert. Iza était une amie incroyable, d’un abord très direct, excellente pour jouer à la bataille navale. Je l’ai rencontrée une fois après la guerre, nous avons eu une conversation très agréable. J’ai été très triste en apprenant récemment sa mort. Comme tout cela est passé vite !
Je me souviens que Murka arriva au Lycée accompagnée de sa mère. Cette dernière attira l’attention de ceux que l’on tient pour des « connaisseurs » en femmes. Contrairement à eux, je m’intéressai à la jeune fille blonde, aux yeux bleu si vif, qui était dans le couloir de l’autre côté de la fenêtre. J’allai la voir et ce fut le début d’une grande amitié qui dura tout le temps de la Terminale. Après les repas, je la reconduisais à l’hôtel Beau Site. Nous allions souvent nous promener. Un jour, nous avons fait une excursion à vélos qui s’est terminée par la chute de Murka et lui brisa le genou. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, elle m’a dit avoir toujours des séquelles de cette escapade après toutes ces années.
Un jour, elle m’a raconté que l’un de nos camarades voulait la séduire et l’avait menacée avec un révolver. Elle avait rendez-vous avec lui dans l’après-midi au petit salon de l’hôtel où logeaient les filles. Avec Rysiek Mańkowski, nous y avons déboulé en plein milieu de leur dramatique conversation : Wacek Siwek fut ramené à l’ordre, il perdit son arme et tout espoir de vivre un grand amour. Le gagnant de cette affaire fut Budrewicz, qui hérita du révolver. Le baccalauréat obtenu, Murka retourna auprès de sa mère faire des études à Grenoble. Quant à moi, je fis comme doit le faire tout bon ex et futur soldat, je rangeai mon cœur dans mon sac à dos pour prendre la route… vers Miranda de Ebro. Le destin n’épargna pas Murka, elle fut arrêtée à Vichy, torturée par la Gestapo puis déportée à Ravensbrück. Elle était, me semble-t-il, la seule élève de Villard détenue dans ce camp.
Beaucoup de nos camarades étaient amoureux de Lala Lepert. Ils ne montraient pas trop leurs sentiments dans la crainte d’entrer en conflit avec notre professeur de physique. Mais tout envers a sa médaille, et l’entourage proche de Lala avait toujours de bonnes notes aux examens écrits de physique. Grand merci à Lala pour cela !
À chaque fois que je regarde des tableaux peints à l’époque de la jeune Pologne et qui représentent une jeune fille polonaise dans un champ de coquelicots et de bleuets, j’ai l’impression de voir Hanka Pawlikowska. Sa longue tresse blonde et ses yeux bleus. Hanka est restée ainsi dans ma mémoire.
J’ai eu le triste devoir d’assister aux funérailles de trois de nos camarades. D’abord Wiesiek Sosnowski, revenu de France en Silésie pour y travailler aux mines de Jastrząb. Ensuite Zygmunt Karwata-Baca. Il étudiait à Grenoble quand il a été déporté en camp de concentration. Il est rentré après la guerre à Stary Sącz où il est mort en 1990. Enfin Fredzio Pactwa a succombé à un arrêt du cœur en 1996. C’est ce dernier que je voyais le plus après la guerre : nous habitions la même ville. Une fois à la retraite, nous faisions une promenade quotidienne sur la place centrale de Cracovie, prenions un café à la Halle aux Draps et parlions sans fin de nos souvenirs.
Je ne parle pas d’un grand nombre de mes camarades puisque nous nous voyons régulièrement aux rencontres des anciens élèves du Lycée polonais Cyprian Norwid à Villard-de-Lans ou en Pologne. Nous organisons celles-ci pour rester unis. Il ne s’agit pas juste de parler, de chanter et de boire un peu de vin. Il s’agit — c’est plus important — de rendre hommage à la mémoire de nos enseignants qui étaient encore parmi nous il y a peu, mais aussi à celle de nos camarades morts à Vassieux ou en Normandie.
Delega Halina
— Élève
29 novembre 1924, Varsovie, 2e année de lycée (sciences) 1945-1946.
Delingier Jerzy
— Élève
1925, Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), 4e année de gymnase 1942-1944 (a redoublé). Tué le 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors.
Delingier Leokadia
— alias Wanda — Élève
23 février 1927, Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), 4e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Denek Gustaw
— Élève
1942-1943 ?
Derkacz Alfons
— Élève
1er septembre 1929, Tucquegnieux (Meurthe-et-Moselle), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Długosz Roman
— Élève
11 mars 1922 (1921 ?), Nowy Sącz (voïv. Cracovie), 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Dobrzęcki Kazimierz
— alias (Józef) — Élève
6 frévrier 1921, Sokal (voïv.Lwów), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Dolecki Jan
— Élève
7 novembre 1921, 1ere année de lycée (sciences) 1944 (a quitté le lycée après le 1er trimestre).
Domasiewicz Jan
— Élève
12 juin 1932, Saint-Avold (Moselle), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Dominiak Bolesław
— Élève
25 avril 1924, Cagnac-les-Mines (Tarn), 2e année de lycée (sciences) 1943-1944.
Donimirski Witold
— Élève
31 décembre 1927, Poznań, 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (litt.) 1944-1946.
Dorantowicz Teresa
— Élève
28 avril 1932, Varsovie, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Dowmont Romuald
— alias (Dowmunt) — Élève
2e année de lycée 1940-1941. Serait décédé en camp de concentration.
Drapała Janina
— Élève
15 décembre 1929, Le Change (Dordogne), 2e année de gymnase 1945-1946.
Draws Brunon
— Élève
31 janvier 1920, Poznań, 3e année de gymnase 1940-1941 (a quitté le lycée au 2e trimestre).
Drohomirecki Marian
— Élève
21 janvier 1921, Kołomyja (voïv. Stanisławów), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1941-1943. Tué en Normandie à Falaises le 21 août 1944, écrasé par un char.
Drozd Kazimierz
— Élève
21 (22 ?) mai 1921, Jaślany (distr. Mielec, voïv. Cracovie), 3e et 4e années de gymnase 1940-1943 (a redoublé la 4e ).
Drwięga Jerzy
— Élève
24 mars 1924, Nowy Sącz (voïv. Cracovie), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1940-1943.
Drytkiewicz Irena
— Élève
8 décembre 1930, Le Creusot (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Drzewiecka Wanda
— Élève
9 septembre 1928, Le Châtelet (Creuse ou Indre ?), 2e année de gymnase 1942-1943.
Dubas Wojciech
— Personnel
Chauffagiste.
Dunaj Zygmunt
— Personnel
29 décembre 1892, Cracovie, médecin (Villard).
Dus Aniela
— Élève
6 avril 1930, Onnaing (Nord), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Dusza Michał
— Professeur
19 avril 1909, Odrowąż, professeur d’histoire. [NDLR. Même date et lieu de naissance que la précédente ?]
Dworczyk Halina
— Élève
18 septembre 1931, Turek (voïv. Poznań), 1ere année de gymnase 1945-30 mars 1946.
Dybillas Józefa
— Élève
2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Dygat Ludwik
— Élève
27 mars 1923, Varsovie, 2e année de lycée (lettres).
Dyrda Bernard
— Élève
26 juin 1927, Cambrai (Nord), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Dżardżyński Jan
— alias (Drożdżyński) — Élève
Voir sous son nom véritable de Zawadzki Zbigniew.
Dziedzic Zdzisław
— Élève
18 juin 1931, Zawadka (distr. Jasło, voïv. Cracovie), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Dziedzicki Antoni
— Élève
10 mai 1929, Wołkowysk (voïv. Białystok), 3e et 4e années de gymnase et 1ere année de lycée 1943-1946.
Dziubka Stanisław
— Élève
13 mars 1921, Rogów (il y avait en Pologne 16 localités de ce nom, dans 7 voïvodies, dont 5 dans celle de Lwó et 4 dans celle de Kielce), 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Dziubkowska Helena
— Élève
29 mai 1923, Saint-Etienne (Loire), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1943-1945.
Erbel Marian
— Élève
13 août 1932, Cagnac-les-Mines (Tarn), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Fabisiak Jan
— Élève
8 octobre 1927, Ciechanów (voïv. Varsovie), 3e année de gymnase 1943-1944.
Fabisiak Jerzy
— Élève
8 octobre 1927, Ciechanów (voïv. Varsovie), 2e et 3e années de gymnase 1942-1944.
Fabiszak Jan
— Élève
27 avril 1929, Ciążeń (distr. Konin, voïv. Poznań), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Fabre
— Personnel
Directeur administratif (Villard) représentant les autorités françaises (de nationalité française).
Fecak Maria
— Élève
15 août 1931, Zborów (distr. et voïv. Tarnopol), 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Fecak Mieczysław
— Élève
28 juin 1926, Stanisławczyk (distr. Brody, voïv. Tarnopol), 3e année de gymnase 1941-1942.
Fecak Zbigniew
— Élève
1er août 1927, Stanisławczyk (distr. Brody, voïv. Tarnopol), 2e et 3e années de gymnase 1942-1945 (a redoublé la 3e ).
Filip Tadeusz
— Élève
1942-1943 (quitte le lycée en décembre 1942 pour la Grande Bretagne).
Florkowska Krystyna
— Élève
9 octobre 1926, Wilno, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1946.
Forycka Halina
— Élève
30 octobre 1931, Le Creusot (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Foszcz Wanda
— Élève
1ere année de gymnase 1945-1946.
Wanda est née 17 janvier 1933 à Noyant d’Allier (Allier), de Wojciech Foszcz et Honorata Wezowicz.
Ses parents, avec un cousin de son père, Mathieu Babiarz et son épouse, sont arrivés en 1929 au « dépôt de Toul », Meurthe-et-Moselle (lieu d’arrivée des Polonais, qui étaient ensuite répartis dans toute la France, dans les mines ou les exploitations agricoles). Son père et son cousin arrivaient du village de Niemirów à l’Est de la Pologne, village devenu ukrainien à l’issue de la guerre. Le cousin rejoint une exploitation agricole à Parfondeval dans l’Aisne, et Wojciech est dirigé vers les mines de charbon de Noyant d’Allier (03). Bien qu’il soit agriculteur, Honorata n’est pas mécontente, car dans les mines, pour les ouvriers, il y a des infrastructures (logements, écoles…). De plus, pendant la guerre, Wojciech n’est pas mobilisé, car déjà « mobilisé » par la mine. Ce n’est pas le cas de son cousin Mathieu, qui part combattre et sera fait prisonnier. À son retour, il découvre que sa femme et ses 2 filles sont mortes de faim pendant la guerre. Contrairement aux sites miniers, les ouvriers des grandes exploitations devaient être très isolés, et les propriétaires d’exploitations agricoles étaient défavorables à ce que les familles ouvrières aient des enfants : c’étaient des bras en moins pour l’exploitant et des bouches en plus à nourrir…
Wojciech et Honorata ont quatre enfants : les deux premiers décèdent à la naissance, Wanda nait en 1933, et Celina en 1940. « Wanda » est le nom d’une princesse légendaire, qui a préféré se noyer dans la Vistule plutôt que d’épouser un Allemand.
Wanda va à l’école chez les sœurs. Puis arrive un instituteur polonais qui donne des cours de polonais à l’école publique, trois fois par semaine après la classe ainsi que le jeudi.
En 1945, il n’y avait plus de place au Lycée de Moulins. Sa mère apprend l’existence du lycée polonais Cyprian Norwid de Villard dans le journal Trybuna Ludu (La Tribune du Peuple). Ses parents tiennent à ce qu’elle fasse des études. Elle se rend donc à Villard en automne 1945, avec Wanda Dybilas, qui fréquente le lycée depuis deux ans. Elle y effectue sa 1ere année de gymnasium, sous la direction d’Ernest Berger. La directrice de l’internat est madame Stefanowicz. L’économe, madame Spirzewska, doit parfois aller à Grenoble en car pour chercher du pain. Wanda est logée à l’hôtel Fleur des Alpes. Elle passe Noël au lycée, et rentre à Noyant pour les vacances de Pâques.
En 1946, elle intègre le lycée polonais à Paris, d’abord à Houilles (1946-1947), puis rue Lamandé dans le 17e (de 1947 à 1951). Pendant les grandes vacances, elle est monitrice de colonies de vacances, sous l’égide du consulat de Pologne, à Aiguebelette (1950) et Uriage (1951).
Elle part en Pologne en 1951 où elle poursuit des études d’histoire à l’université de Varsovie. Elle se marie en 1952 avec Ryszard Drozdz, étudiant en mathématiques et ancien élève du lycée polonais à Houilles, et elle arrête ses études. Lui travaille à la radio : il anime une émission pour les Polonais de France. Ils ont un fils en 1954, André. Ils reviennent en France en 1958, vivent à Saint-Étienne chez les parents de Wanda dans un logement de la mine, au camp de la Girardière, et ont une fille, Joëlle, en 1960. André décède en 1978 d’une leucémie.
Wanda fait des études d’infirmières (diplôme en 1967), et travaille à l’hôpital Bellevue comme infirmière, puis cadre jusqu’à sa retraite en 1994. Elle travaille 20 ans au pavillon d’urgence de Saint-Étienne.
Elle passe sa retraite entre Saint-Étienne, où elle continue de se rendre à l’hôpital comme bénévole (atelier cuisine en gériatrie, bourses aux vêtements…), et Mazet-Saint-Voy, en Haute-Loire où elle possède une maison et où elle est bénévole à la bibliothèque. Elle vit à Chambéry dans une résidence proche de chez sa fille depuis février 2024.
Frączkowski Leopold
— Élève
12 janvier 1926, Toruń, a quitté Villard peu après avoir été admis en 4e année de gymnase, en 1942.
Frankowski Ludwik
— alias (Lulu). — Élève
Frezer Jerzy
— Élève
3e année de gymnase 1941-24 février 1942.
Fryc Mieczysław
— alias (Frycz) — Élève
12 novembre 1923, Przemyśl (voïv. Lwów), 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Fudała Julian
— Élève
28 novembre 1927, Balin (distr. Chrzanów, voïv. Cracovie), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1943-1946.
Furmańska Cecylia
— alias (Fórmańska) — Élève
30 mai 1929, Bessèges (Gard), 4e année de gymnase 1945-1946.
Fyda Maria
— alias (Fydowa) — Personnel
Surveillante.
Fyda Renata
— Élève
17 juin 1933, Lwów, 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Gajewska Barbara
— Élève
2e année de lycée (lettres) 1941-1943 (a redoublé).
Barbara est née le 28 août 1923 à Sosnowiec (voïv. Kielce, Pologne).
En 1943, elle réussit le baccalauréat. Elle est l’amie de Zygmunt Bruzi.
D’août 1943 au 1er octobre 1944, à Grenoble, elle fait partie du réseau POWN. Sous le nom de guerre de Dziunia, elle y est agent de liaison entre les différents secteurs locaux.
Après-guerre, Barbara épouse Zygmunt Bruzi. Ils se fixent en France.
Gajewski Jan
— Élève
17 septembre 1917, Sławniów (distr. Olkusz, voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Gajewski Roman
— Élève
10 juin 1921, Cracovie, 2e année de lycée (Sciences) 1941-1942. Mort en 1943 sous la torture dans un camp allemand.
Galanty Włodzimierz
— alias (GalantéGalante) — Élève
20 novembre 1919, Lwów, 2e année de lycée 1940-1941, reçu en candidat externe au baccalauréat en 1942.
Galewski Kazimierz
— Élève
28 avril 1928, Będzin (voïv. Kielce), 3e année de gymnase 1945-1946.
Galimska Helena
— Élève
12 mai 1929, Paris, 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 3e ).
Galimska Janina
— Élève
16 avril 1927, Paris, 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Gatka Józefa
— Élève
12 février 1929, Roche-la-Molière (Loire), 2e (initialement en 1ere , puis avancée en 2e ) et 3e années de gymnase 1943-1945.
Gawinowska Wanda
— Élève
7 novembre 1927, Ślesin (distr. Konin, voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Gawinowski Jerzy
— Élève
5 novembre 1925, Wąsosze (?),4e année de gymnase 1943-1944.
Gawlik Stanisław
— Élève
27 juin 1924, Nowy Sącz (voïv. Cracovie), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943.
Gawłowska Helena
— Personnel
1913, couturière et lingère.
Gawrońska
— Élève
3e année de gymnase 1941-1942 ("rentrée chez ses parents").
Gerhardt Kazimierz
— Professeur
15 mars 1905, Lwów, professeur de physique et chimie. Fusillé par les Allemands entre le 17 et le 21 août 1944 à Bron, près de Lyon.
Giba Józef
— Élève
22 janvier 1921, Łąck (distr. Nowy Sącz, voïv. Cracovie), 2e année de lycée (lettres) 1941-1943 (a redoublé).
Giedroyć-Gilowska Maria
— Professeur
5 janvier 1900, Sulejów (voïv. Łódź), professeur d’histoire, géographie et instruction civique, surveillante.
Gielec Henryk
— Élève
2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Henri Gielec est né le 22 novembre 1930 à Étrange (Moselle).
Il est élève au lycée de Villard-de-Lans de 1944 à 1946, puis à celui de Paris où il passe son baccalauréat.
En 1950, il part en Pologne, entre à l'école Polytechnique de Varsovie, devient ingénieur électricien. Parallèlement, il fait du judo au plus haut niveau. Il revient en France en 1956 et travaille dans l'industrie électrique. Il s'investit dans l'association des anciens élèves et professeurs et en devient le président de 2002 à 2010. Henri décède 2023.
Gierzod Andrzej
— Élève
6 juillet (août ?) 1930, Varsovie, 3e année de gymnase 1944-1945.
Gierzod Michał
— Élève
8 décembre 1928 (12 août 1929 ?), Wilno, 3e année de gymnase 1944-1945.
Gigon Józefa
— Élève
10 mars 1928, Le Chambon-Feugerolles (Loire), 2e , 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1942-1946.
Gilowski Witold
— Élève
11 avril 1930, Grodno (voïv. Białystok), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Głażewska Alfreda
— Élève
30 septembre 1932, Wingles (Pas-de-Calais), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Głębocki Józef
— Personnel
18 septembre 1893, cordonnier.
Godlewski Wacław
— Professeur
Wacław naît le 1er février 1906 à Upita ((alors ville de l'Empire russe, aujourd'hui Lituanie). Ses parents sont de modestes cultivateurs.
En 1926, Wacław est bachelier. Il part pour la France où il s’inscrit à l’université de Montpellier avant de rejoindre Paris où il obtient un diplôme de langue et de littérature polonaises à l’École des langues orientales. De 1931 à 1940, il est lecteur de polonais à la faculté des Lettres de Lille. Humaniste, très actif professionnellement et culturellement, Wacław œuvre à l’épanouissement individuel et au rapprochement de la France et de la Pologne, entre autres via le Groupe universitaire des amis de la Pologne qui regroupe des étudiants lillois.
En septembre 1939, il est engagé volontaire dans l’Armée polonaise, mais non incorporé. Le gouvernement polonais en exil lui demande de continuer sa mission à Lille tout en remplaçant Zygmunt Lubicz-Zaleski comme coordinateur de l’enseignement polonais en France (Zygmunt est bloqué en Pologne par l’invasion de son pays).
Le 8 mai 1940, devant l’avancée allemande, il est chargé de se replier sur Paris en accompagnant 150 recrues polonaises récemment mobilisées en Belgique et leurs officiers. Sa mission est un échec : train mitraillé, routes coupées, pagaïe indescriptible, recrues éparpillées. Wacław arrive seul à Paris où il rend compte de la situation aux autorités de l’éducation nationale française et polonaise. Les Allemands s’approchent de Paris. Wacław reprend la route de l’exode jusqu’à Clermont-Ferrand avec le bureau central de mobilisation polonais. De là, il gagne seul le petit village de Robiac (Gard), où il trouve refuge dans la famille de l’un de ses étudiants, Marcel Malbos. Le 3 septembre, Zygmunt Lubicz-Zaleski, revenu en France, lui rend visite et lui demande son aide pour fonder un lycée qui sera la seule école libre polonaise en France occupée (voir l’histoire du centre n° 56 bis dans le chapitre Quelques repères historiques). Wacław accepte. Le lycée polonais Cyprian Norwid ouvre ses portes à Villard-de-Lans le 16 octobre. Wacław y est secrétaire général et professeur de polonais.
Le 3 mars 1943, Zygmunt Lubicz-Zaleski, directeur du lycée polonais, est arrêté et déporté. Wacław le remplace.
Le 2 mars 1944, Wacław est à son tour arrêté. Dans un témoignage qui date du 28 février 1947, il décrit… « La surveillance policière allemande se resserra de plus en plus sur le lycée. Godlewski avait eu vent que les Allemands le recherchaient, mais ignoraient son adresse, et que ses allées et venues à Grenoble les intriguaient. De plus, un des professeurs du lycée de Villard avait été convoqué pour le STO et, réfractaire, il devait se cacher.
« Le 1er mars, Godlewski parvint à faire partir pour la frontière espagnole son dernier contingent de lycéens, accompagnés du professeur réfractaire. Le lendemain devait avoir lieu à Grenoble une réunion clandestine du comité de patronage pour examiner la situation générale, régler l’attribution des bourses du mois, discuter des possibilités d’envoi en Espagne des derniers étudiants retardataires et enfin examiner la situation d’un groupe d’étudiants juifs particulièrement menacés. « Le 2 mars au matin, avant la réunion et par mesure de précaution, Godlewski se rendit à la préfecture puis à l’inspection académique où il trouva Langlade, tout récemment révoqué par Albert Bonnard. Avec lui, il examina le dossier administratif du lycée de Villard-de-Lans et fit disparaître tous les papiers compromettants qui pouvaient s’y trouver, notamment des lettres de Zaleski. Godlewski avait confiance en Langlade, malgré son attitude parfois peu ferme, et les évènements démontrèrent que cette confiance était bien placée.
Le 3 mars, Godlewski se rendit ensuite à la réunion du comité de patronage qui devait avoir lieu avenue du maréchal Randon. Il y tomba dans une souricière de la Gestapo et fut arrêté. Il est probable que l’origine doive être cherchée dans l’imprudence du secrétaire qui avait voulu prévenir tout le monde, y compris Dittrich, du lieu de la réunion. Une lettre de convocation dut tomber entre les mains de la Gestapo. Tous les participants, dont Godlewski et Dittrich, furent arrêtés, et même quelques étudiants juifs qui venaient toucher leur bourse bien qu’on leur eût dit de ne pas se présenter ce jour-là… mais ils étaient trop pressés ! Dans leur nombre se trouvait un juif soigné à la maison de cure de Belledonne. On arrêta même deux Belges, voisins de palier du lieu de réunion : en tout treize personnes. Seuls les deux Belges et une jeune fille furent libérés peu après. Emmenés place de la Gare à l’hôtel de Suisse et de Bordeaux, les prisonniers ne s’inquiétèrent pas trop au début, pensant qu’ils étaient victimes d’une rafle destinée à rechercher des juifs, car on commença par faire une visite de leur anatomie pour déclarer leur race. Godlewski fut considéré comme un prisonnier de choix. Les Allemands ne savaient rien sur son activité véritable, l’accusant d’être membre d’une officine de renseignement au service des Alliés et d’être impliqué dans une grosse affaire d’espionnage, mais ils ignoraient tout des évasions vers l’Espagne qui constituaient l’essentiel de son travail clandestin. Au cours des interrogatoires où il fut menacé, mais ni battu ni torturé, il put cacher l’existence du comité de Grenoble où il y avait de nombreux papiers compromettants.
« Le 13 mars, tous furent déportés vers Compiègne. Godlewski était le seul à avoir les menottes aux poignets. Dans le train, ils retrouvèrent le colonel Fyda, ancien attaché militaire de Pologne à Paris. Il avait été arrêté lors des rafles monstres organisées par les Allemands après l’arrestation de Godlewski dans le tramway de Villard-de-Lans où il se rendait dans l’intention de placer ses deux jeunes fils au lycée polonais. Torturé, il mourut en déportation. Quant à Godlewski, il fut ensuite envoyé à Sarrebrück et Mauthausen. »
Le 9 avril, Wacław est enregistré à Mauthausen comme parlant le français, le polonais, le russe et le lituanien et comme exerçant le métier d’interprète. La déportation est un calvaire physique et moral : mâchoire fracassée, colonne vertébrale torturée sous les coups ; il est chargé d’établir les listes de ceux qui vont être envoyés à la chambre à gaz.
Le 20 mai 1945, il est de retour en France, brisé dans son âme et dans son corps, des souffrances qui ne le lâcheront jamais. Wacław, maintenant connu sous le nom de Wenceslas, retrouve son poste d’enseignant à la faculté des Lettres de Lille. Il enseigne aussi à l’École supérieure de journalisme, toujours à Lille. Remarquable pédagogue, éveilleur d’esprits, fin traducteur, érudit enthousiaste, ses élèves l’appellent « God ». Il donne un rayonnement extraordinaire aux échanges culturels entre la France et la Pologne.
Il décède à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) en 1996. Il est inhumé à Villard-de-Lans dans le tombeau des Polonais, aux côtés de ses collègues professeurs et de ses élèves morts lors des combats du Vercors.
Honneurs France
- Ordre des Palmes académiques (chevalier).
- Mérite national français (chevalier).
- Médaille de Déporté résistant.
- Plaquette de Grand Officier de la Résistance polonaise.
- Diplôme de combattant résistant 1940.
- Médaille de la Reconnaissance française décernée par la ville de Villard-de-Lans.
Pologne
- Croix d’or du Mérite polonais.
- Médaille d’or de I'Enseignement polonais.
- Chevalier dans I'ordre de la Polonia Restituta.
- Palmes d’argent de l’Académie polonaise des Lettres.
Autres honneurs
- The Commemorative War Medal of General Eisenhower.
- The Interallied Distinguished Service Cross.
En 1976, première grande réunion de la toute nouvelle association des anciens élèves du lycée . Il y a foule : préfet, sénateur, député, maire, curé, chorale polonaise… et une centaine d’anciens élèves, professeurs, employés. Le consul de Pologne dévoile une plaque commémorative apposée sur un mur de l’hôtel du Parc et du château. Godlewski prend la parole…
La parole m’est donnée après des discours importants, clairs, beaux dans leur manifestation des sentiments d’amitié et d’estime, précis dans leur vérité historique. Il semble que tout soit dit sur le lycée Cyprian Norwid. Je m’y associe entièrement. Cependant l’expérience de cette « école qui n’était pas comme une autre », sa vitalité, l’ampleur de ses aspirations, l’intensité de ses nostalgies, la vigueur de détermination de ses dirigeants comme de ses élèves et de son personnel, la valeur, enfin, de ses réalisations qui portent encore aujourd’hui leurs fruits, contiennent d’autres aspects originaux qui méritent d’être évoqués. Ce sont eux, sans doute, ajoutés aux précédents, qui justifient en profondeur la présence de nous tous, Français et Polonais, trente-six ans après la création de l’établissement, devant ces murs de l’hôtel du Parc qui nous a jadis abrités, devant cette cour pleine de souvenirs, et maintenant devant cette plaque commémorative qui les perpétue, devant cette rue qui désormais portera à l’avenir son nom pour témoigner : celui du Lycée polonais Cyprian Norwid 1940-1946…
C’est que — qu’on le veuille ou non et sans exagération aucune — nous avions pris ici un rendez-vous avec l’histoire, relevé, en quelque sorte, son défi…
C’est dans l’incertitude et le désarroi après des catastrophes sans pareilles qu’entre les 9 et 15 octobre 1940 le Lycée polonais Cyprian Norwid apparut à Villard-de-Lans : effondrement de la Pologne en septembre 1939 et flots de réfugiés, jeunes surtout, anciens soldats, mais aussi familles entières ; défaite française en 1940 ; évacuation de Paris ; exode massif de la population après l’armistice qui semblait entériner l’irréparable et exclure la lutte armée sur les champs de bataille au moment où, en Pologne dépecée, entièrement occupée, se multipliaient à une cadence effarante les exécutions, les déportations, et s’allumaient les fours crématoires des camps de concentration. Le lycée fut accueilli par les habitants avec bienveillance et compréhension. Accueilli, nullement imposé, point essentiel pour comprendre la suite. Ce lycée, dont les effectifs grandissaient de jour en jour pour ne pas dire d’heure en heure, voulut être un refuge pour les jeunes combattants exilés et sans avenir immédiat, un peu leur propre maison où ils pouvaient se sentir en sécurité, en même temps qu’une école où l’on pouvait, en attendant la reprise des hostilités, faire des études dans de bonnes conditions et préparer le baccalauréat, reconnu par le gouvernement français comme l’équivalent des diplômes français analogues, donnant accès à tous les établissements d’enseignement supé¬rieur.
Mais le lycée Norwid fit davantage. Dans les limites de ses possibilités humaines, il voulut être une réponse aux événements historiques qui déroulaient dans le monde tant sur le plan militaire que culturel.
La terreur hitlérienne sévissait. Le programme allemand prévoyait la destruction totale de la nation polonaise, de sa culture, de son entité en tant que peuple libre et civilisé. On brûlait les bibliothèques et les musées, on démolissait les œuvres d’art et de sciences, on allait jusqu’à déterrer et détruire les caisses ensevelies par les Polonais pour mettre à l’abri les plus précieux documents de leur histoire et de leur culture. Les professeurs de l’université de Cracovie furent déportés au camp d’extermination de Sachsenhausen où plusieurs d’entre eux moururent de faim, de soif ou dans les chambres à gaz. Ils ne furent pas les seules victimes. Toutes les universités polonaises furent fermées. Interdis aussi l’enseignement secondaire, les cours clandestins poursuivis comme illégaux et, en cas de découverte, maîtres et élèves passés par les armes séance tenante. Les écoles primaires ne furent pas mieux traitées, leur niveau réduit très bas, constamment contrôlé, les maîtres soumis aux vexations. Bref, sur toute la surface de la Pologne envahie, il n’y avait pas une seule école libre.
Les élites intellectuelles, les cadres administratifs et religieux subissaient le même sort. Les écrivains, les maires de ville, les prêtres, les évêques ne furent point épargnés. Un seul exemple suffit, tellement il est éloquent : Boy Zelenski, le très célèbre traducteur de génie de presque toute la littérature française depuis Rabelais jusqu’à Proust, en passant par les XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles fut exécuté dès l’entrée des Allemands à Lwow.
Ainsi dans l’esprit d’Hitler, la Pologne décapitée de ses élites et saignée à blanc dans sa population devait être ramenée au rang des peuples serviles.
C’est à cet état de fait tragique que le lycée de Villard-de-Lans a voulu répondre, dans la mesure de ses possibilités et moyens, tendus à l’extrême dans un acte de foi et d’espérance, souvent démenti par les événements, mais ne s’abandonnant jamais au désespoir, considéré comme lâcheté. Sans cette référence à l’histoire qui se faisait sous nos yeux et à laquelle nous participions, corps et âme, il n’est pas possible de comprendre le caractère spécifique et d’esprit du lycée.
Lycée de résistance morale, intellectuelle et spirituelle, patriotique et hautement humaniste.
Lycée de résistance militaire : être prêt à reprendre les armes dès que les circonstances le permettraient ou même avant pour les impatients et pour ceux qui étaient menacés à cause de leur activité dans le maquis : ils partaient clandestinement vers l’Espagne pour rejoindre les rangs de l’armée polonaise en Angleterre.
Dans aucun cas on ne devait se sentir démobilisé. Habillés de vêtements civils, tous, dans leur conscience — directeurs, professeurs, personnel administratif, employé de cuisine ou de ferme, élèves — étaient des combattants par vocation et libre choix. D’où cette discipline extérieure, semi-militaire qui frappait ceux qui nous regardaient du dehors ; d’où le souci qu’avait la direction d’assurer aux élèves une bonne forme physique et sportive dont l’artisan fut M. Budrewicz qui, dès les premières semaines, entra en relation avec les clubs sportifs français, organisa les compétitions et noua avec eux des liens d’amitié durables.
Les traits distinctifs dont je viens de vous rappeler l’importance donnèrent au lycée son armature interne, son caractère historique d’une école qui n’était pas comme une autre. Il marqua profondément de son empreinte une amitié franco-polonaise du¬rable, chaleureuse et fidèle. La cérémonie d’aujourd’hui et votre présence à tous, Mesdames et Messieurs, en sont un éloquent témoignage.
Me tenant à mi-chemin entre ceux qui sont vivants et ceux qui ne sont plus de ce monde, mais dont les noms, les œuvres et le sacrifice sont ancrés dans mon esprit et mon cœur, il me semble qu’il n’est pas possible de ne pas évoquer leur souvenir, de ne pas leur rendre hom¬mage et leur dire notre reconnaissance.
Et tout d’abord, honneur à ceux qui sont tombés dans le Vercors, côte à côte, Français et Polonais, mes élèves, mes collègues professeurs et amis : le professeur Jan Harwas ; le professeur Kazimierz Gerhardt ; le docteur Welfle ; l’élève Zodzislaw Hernik (Jimmy), notre meilleur chanteur ; et tous ceux qui versèrent leur sang en Vercors et lors du débarquement des alliés et dans les combats qui le suivirent jusqu’à Falaise, Arnheim et la Hollande.
Ce n’est pas sur les champs de bataille, mais en prison à Fresnes et au camp de concentration de Buchenwald que notre premier directeur fondateur, le professeur Zygmunt L. Zaleski, ancien délégué en France du ministre polonais de l’instruction publique, prouva dans la torture que pour lui l’idéal et la vie ne font qu’un, qu’il ne doit pas y avoir hiatus entre les paroles et les actes. Écrivain, essayiste, poète, il aimait la musique. Souvent le soir il nous réconfortait en jouant du piano. Mais par-dessus tout, Zygmunt L. Zaleski fut un grand cœur, un patriote intrépide et optimiste qui, dans les épreuves, gardait toujours l’espoir. Sa foi rayonnait et réconfortait.
D’une autre manière, mais dans le même ton, Mme Jadwiga Stefanowicz, directrice de l’internat de jeunes filles, par son tact, sa sagesse, la profonde compréhension et l’amour de la jeunesse sut imposer à la fois la discipline et l’amitié à ses subordonnées.
Il est impossible de ne pas nous incliner devant la mémoire du professeur Ernest Berger, l’inoubliable créateur de la chorale du lycée. Il fut le troisième directeur et à ce titre il participa aux tragiques événements du Vercors. La mélodieuse légende de sa chorale survit jusqu’à présent, et lorsque la chorale de Gdansk chanta hier à l’église ou lors de la cérémonie d’inauguration sur la place du village, la vieille amitié polono-villardienne vibra intensément, jusqu’aux larmes… de joie cette fois-ci.
L’esquisse, même sommaire, de ce que fut notre lycée serait incomplète si la silhouette forte et belle et si généreuse dans son indomptable courage de Mme Jadwiga Gostynska n’y apparaissait. Intendante-directrice, elle avait la lourde charge de veiller aux besoins matériels de notre établissement. C’est elle qui eut l’idée de louer la ferme de Geymonds. Chaque classe à tour de rôle y labourait la terre, mais les plus vigoureux de nos gars n’égalaient pas l’énergie et le dynamisme de notre Maman. Qui mieux que Mme Gostynska mérita ce surnom tendre et respectueux à la fois ? L’enseignement du français à tous les niveaux et de la littérature française dans les classes supérieures et dans les groupes les plus avancés occupait dans nos programmes une place privilégiée. Il devait être considéré comme égal aux cours de la langue et littérature polonaise. Deux professeurs l’assuraient. M. Bernard Hamel, ancien lecteur français à l’université de Cracovie et représentant permanent du recteur de l’Académie de Grenoble, s’occupait des finesses grammaticales de la langue de Racine. Le jeune et enthousiaste professeur Marcel Malbos expliquait avec amour, compétence et profondeur les plus beaux textes de poésie et de prose française de la Renaissance jusqu’à l’époque moderne.
C’est sur cet immense patrimoine culturel français que nous entendions bâtir notre amitié. Elle devait trouver son fondement dans la connaissance réciproque des valeurs permanentes et approfondies de nos nations.
Ainsi, c’est dans le travail, la discipline, le sport et l’étude, et surtout peut-être dans les chants de notre chorale, que la population de Villard¬-de-Lans découvrit et aima les Polonais du lycée Cyprian Norwid.
Vint la dramatique épreuve du Vercors. Les Polonais du lycée luttè¬rent et moururent avec leurs amis français de Villard-de-Lans et du plateau. Le sang versé en commun scella d’un lien nouveau la traditionnelle fraternité franco-polonaise.
Depuis ces jours, les anciens du lycée, partout où ils se trouvent, partout où leur destin individuel les a jetés, en France, en Pologne, en Angleterre, au-delà des océans, se sentent profondément unis entre eux et à Villard-de-Lans, à ses montagnes – « Srebrne gory » ou les montagnes d’argent comme ils appel¬lent la chaîne du Gerbier –, à ses prés, à ses fleurs, narcisses, gentianes, lys martagon, à ses champignons… Ils savent qu’ils sont et demeurent unis aux hommes et à la terre d’ici, pour toujours.
Faut-il un plus grand hommage et un plus intense remerciement à ceux qui en 1940 reçurent chez eux les exilés de leur patrie, hommes blessés dans leur chair et dans leur âme, sans toit ni gîte, tentés par le désespoir ?
Vous leur avez prêté votre toit et versé avec eux votre sang. À présent, ils portent le nom de Villardiens, sans ostentation, partout où ils sont, sur presque tous les continents. Ils l’inscrivent à côté du leur dans les diplômes obtenus à tous les niveaux et tous dans leur souvenir affectueux : gens simples, ingénieurs, artistes, écrivains, professeurs d’université ou du secondaire…
Gogłuska Stanisław
— Professeur
15 avril 1914, Koczerki (distr. Parczew, voïv. Lublin), professeur de polonais.
Gogolewski Gustaw
— Élève
4 septembre 1931, Cendras (Gard), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Golińska Maria
— Élève
8 avril 1930, Rochessadoule (Gard), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Gostyńska-Steffen Jadwiga
— Personnel
6 août 1902 (1906 ?), Wieniawka (distr. Hrubieszów, voïv. Lublin), directrice de l’internat et chef de l’intendance (Villard).
Grabarczyk Adolf
— alias (Grabczyk) — Élève
1942-1943.
Grabowski Henryk
— Élève
3 septembre 1929, Zarębice (distr. Częstochowa, voïv. Kielce), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Henryk Grabowsky est né le 3 septembre 1929 a Zarębice (distr. Częstochowa, voïv. Kielce).
Cette même année, la famille émigre en France et se fixe en Auvergne. Son père est mineur. Henryk commence ses études secondaires au lycée de Villard en 1943. Il suivra le lycée à Paris où il passera le bac en 1949, puis rejoint la Pologne. Études d’histoire et retour en France en 1954. Il enseigne dans le secondaire pendant quelques années puis rejoint l’Institut national de recherches agronomique (INRA) où il travaille pendant trente-deux ans. Il est l’auteur d’une dizaine d’œuvres en prose ou vers publiées en Pologne. Il vit près de Paris.
Henryk est décédé le 10 décembre 2023.
Ce poème est extrait du recueil Le Villardien
O ! Villard-de-Lans, foyer vital de la patrie, / De la langue maternelle, de la culture natale, Tu es l’école de la liberté qui forge la volonté du sacrifice, / Tu es l’idéal de la lignée qui engendre l’esprit vertueux, / Tu renfermes les trésors de la nation, tu préserves les traditions, / Tu formes l’esprit, tu perpétues la foi, / Tu éclaires la route, tu glorifies Dieu / Par ces temps où la tempête ravage l’Europe.
Vaisseau des connaissances, abri du savoir, / Tu déploies tes voiles aux confins du ciel / Sur la vague naissante des principes rénovateurs / De l’esprit et de la vertu, car tel est ton Destin. / Au-dessus des cimes planent les corbeaux noirs, / L’ombre de l’occupation et le temps de l’indigence. / Voguant tel un vaisseau, tu es cette nef de quatre étages, / Avec son aile ancienne, qui porte la foi et l’espérance.
Sur les cimes de ces montagnes, l’aigle blanc a fait son nid. / Il affronte avec courage ces temps houleux de l’occupation, / Il scrute l’est et aiguise ses griffes de vengeance, / Il observe l’étoile salutaire qui guidera les générations. / Aigle blanc, il te faudra de la patience. La route est longue, / La terre de Pologne est loin, l’heure de l’envol n’a pas sonné.
L’aigle entrevoit les chaînes des Carpates. / De ce lieu, la jeunesse émancipée s’envolera vers son pays, / Vers le foyer familial. L’aigle blanc veille. / Ici chaque professeur est le timonier du destin. / L’ouragan allemand ne détruira pas les cœurs. / La volonté et le courage seront les boucliers de la liberté. / Jamais et nulle part, le Polonais ne sera esclave.
O ! Villard-de-Lans, ton nom sera illustre, / Car l’acte libérateur évoquera le souvenir de ton existence. / Là jaillit la source de la pureté, la fontaine du renouveau / Qui purifie l’âme par sa pensée et sa vertu. / Au temps de la liberté perdue, chaque élève connaîtra la renaissance. / Il se transformera en homme libre par sa maturité, / Par la solidarité des cœurs, par l’union de la langue, / Par la communion de l’âme et par le feu sacré de l’amour. / Ici se forge la chaîne commune de la liberté / Par le maillon mystérieux de l’esprit juvénile.
Aux éclats des aurores succéderont les ombres des crépuscules. / Selon les pensées et les passions jaillissantes des événements, / La tristesse et la joie naîtront du désir de l’action, / Et l’espoir survivra au-dessus de l’abîme du désespoir / Malgré le destin capricieux qui ne détruira pas la conscience / Éveillée par l’idée de la Patrie martyre. / Pour tout votre dévouement, enseignants et éducateurs, merci… / L’écho de votre sacrifice résonnera — immortel — dans nos cœurs.
Graczykowski Józef
— Élève
Voir Zagórski (nom usuel).
Gradziuk Andrzej
— Élève
30 novembre 1930, Villerupt (Meurthe-et-Moselle), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Gradziuk Janina
— Élève
28 juillet (8 décembre ?) 1928, Audun-le-Tiche (Moselle), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Graff Tadeusz
— Élève
8 avril 1924, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1943.
Grala Piotr
— Élève
25 octobre 1920, Horbków (distr. Sokal, voïv. Lwów), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Gralla Anna
— alias (Grala) — Élève
5 juillet 1929, Avion (Pas-de-Calais), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1943-1946.
Gralla Helena
— alias (Grala) — Élève
10 juillet 1925, Avion (Pas-de-Calais), 4e année de gymnase 1943-1944.
Grelak Paweł
— Élève
25 janvier 1923, Leszno (voïv. Poznań), 3e année de gymnase 1940-1941, 4e année 1942 (a quitté le lycée après le 1er trimestre).
Grenadier Stanisław
— alias (Grenadjer) — Élève
21 mars 1924, Woronów, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Grodecki janusz
— Élève
1ere année de lycée 1940-1941.
Gromadski Przemysław
— Élève
4e année de gymnase 1941-1942 (« est parti »).
Gross Jan
— Élève
3e année de gymnase 1940-1941.
Gryczka Krystyna
— Élève
11 mai 1932, Nîmes (Gard), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Grzyb Zygmunt
— Élève
3 juillet 1922, Sarny (voïv. Volhynie), 4e année de gymnase 1940-1941, 1ere année de lycée 1941 (renvoyé le 22 décembre).
Grzybowska Ewa
— Personnel
28 mai 1917, Zamiechowo (voïv. Podolie), directrice adjointe de l’internat de Lans.
Gurowski Bolesław
— Élève
22 octobre 1921, Władysławów (distr. Konin, voïv. Poznań), 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Gutowski Mieczysław
— Élève
1942 (quitte le lycée en décembre 1942 pour la Grande Bretagne).
Gutz Zbigniew
— Élève
1ere année de lycée (lettres).
Guzek Olga
— Élève
12 avril 1926, La Mure (Isère), 3e année de gymnase 1943-1945.
Guzy Marianna
— Personnel
Aide cuisinière, puis élève (voir la liste des élèves).
Gwiazdowski Leon
— Élève
18 janvier 1921, Wąbreźno (voïv. Poméranie), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Hamel Bernard
— Professeur
Professeur de français (de nationalité française).
Hancyk Aurelia
— Personnel
4 juillet 1912, Wiskowo (?), médecin (Lans).
Harańczyk Julian
— Élève
3 mars 1932, Paris, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Harazin Józef
— Élève
1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Józef Harazin est né le 31 août 1922 à Pszcyna (voïv. Silésie, Pologne).
Au printemps 1939, il s’engage au Service des observations et rapports antiaériens. La guerre éclate, il est évacué en Roumanie puis interné pendant six mois. Il s’évade, rejoint la France et la division des Grenadiers polonais à Coëtquidan. Combats en Sarre et Vosges. Il est fait prisonnier. Les conditions de détention sont très dures, il tombe gravement malade, il est transféré dans un hôpital militaire à Lyon.
Il rejoint le lycée de Villard. Il fait partie de la chorale du professeur Berger, Chor Villard. Il passe son bac au lycée, retourne en sanatorium dans l’Ain, puis finit ses études d’économie à l’université de Grenoble.
Il se marie avec une Polonaise, habite alors Aix-en-Provence, travaille comme chef comptable et fondé de pouvoir. Il est un des fidèles de nos rassemblements.
Il décède en 2002.
Le texte qui suit est d’un livret manuscrit où Józef détaille son parcours de Pologne en France. Son passage à la chorale fait l’objet d’un chapitre à part.
Je me suis retrouvé au lycée tout à fait par hasard. C’était en novembre 1941. J’avais alors 19 ans. Après mon retour en France d’un camp de prisonniers en Allemagne, je me soignais à l’hôpital militaire Desgenettes à Lyon. C’est là que j’ai appris par un collègue l’existence de ce lycée. C’était une nouvelle des plus inattendues, mais d’autant plus réconfortante qu’elle me donnait l’espoir d’un possible retour aux études après deux années d’errance militaire, de combats sur le front et de durs internements. J’ai donc écrit à l’adresse indiquée et c’est le cœur serré que j’attendais une réponse. Elle ne se fit guère attendre et était celle que j’espérais.
Après la démobilisation obligatoire des anciens soldats de l’Armée polonaise en France à Auch, je rejoignis directement Villard. C’était une drôle d’école : l’hôtel du Parc servait de siège à la direction ainsi que d’internat pour les garçons ; les filles logeaient dans trois autres hôtels et certains cafés étaient transformés le matin en salles de classe.
Mais parlons de la chorale dont je fis la connaissance dès le jour de mon arrivée.
Pendant le dîner dans la salle à manger, un sympathique monsieur moustachu nous informa qu’à 20 heures aurait lieu une répétition de la chorale. Les collègues m’apprirent qu’il s’agissait d’Ernest Berger, professeur de mathématiques, mais surtout fondateur et chef de la chorale, sa véritable âme.
Avant la guerre, le professeur Berger avait créé et dirigé la chorale universitaire L’unité à Cracovie, la chorale de la Société des instituteurs polonais en Tchécoslovaquie et le chœur masculin de la Société des chanteurs de Cieszyn en Silésie. La chorale de Villard était la dernière des créations de ce grand amoureux de musique et de chant.
Lorsque ce premier soir j’entendis de ma chambre les échos de la chorale qui répétait dans la salle à manger, je descendis et je me joignis discrètement au petit groupe d’auditeurs. Pendant une courte pause, le professeur Berger, assis sur un tabouret au piano, avait allumé une cigarette et plaisantait avec nous. Après quelques instants il se tourna vers moi :
« — Et toi, ne voudrais-tu pas te joindre à Chor Villard, notre chorale ? »
Surpris, j’essayais d’expliquer que je n’avais jamais fait partie d’aucune chorale, que j’avais juste chanté, comme beaucoup, chez les scouts et à l’armée… mais déjà il me faisait venir au piano pour chanter avec lui quelques gammes. L’examen dut être probant, car il me proposa aussitôt de m’intégrer comme seconde basse. Et c’est ainsi que j’ai chanté pendant deux ans dans le petit groupe des secondes basses, période de la guerre dont je me souviens avec le plus de plaisir.
Les répétitions de la chorale avaient lieu deux fois par semaine ainsi qu’avant chaque représentation ou concert et parfois le dimanche matin avant la messe. Cela prenait pas mal de temps, mais nous y allions tous de bon cœur et toujours à l’heure. Je m’aperçus rapidement que toute la chorale (environ trente membres) formait un groupe très uni ; nous sentions tous qu’ensemble nous formions « quelque chose » qui nous avait empli le cœur et dont nous étions fiers. Il suffisait que quelques membres de la chorale se retrouvent ensemble, pour que retentissent des airs chantés à plusieurs voix, aussi bien et avec presque autant de dextérité que si elles étaient dirigées par le professeur Berger.
Notre chef insistait beaucoup sur une répétition minutieuse de chaque détail. Il arrivait cependant qu’à l’occasion de certains concerts, sous l’influence d’une atmosphère particulière, le professeur Berger nous dirige avec son énergique baguette d’une façon totalement différente en s’aidant de mimiques adéquates et d’un regard vigilant de derrière ses lunettes. Nous en étions les premiers surpris, mais le tonnerre d’applaudissements qui suivait les dernières notes nous prouvait qu’il savait parfaitement ressentir comment à tel moment il fallait chanter, et la chorale, unie et disciplinée, l’avait suivi.
Tout le monde écoutait nos chants avec plaisir. La chorale jouissait d’une grande popularité non seulement dans l’enceinte du lycée, mais aussi parmi nos compatriotes séjournant dans la région ainsi que chez nos hôtes et amis français. La preuve en était les chaleureux bravos qui suivaient chacune de nos chansons, que nous étions d’ailleurs souvent obligés de bisser.
Les concerts de la chorale avaient trois principales caractéristiques : la première, scolaire, concernait notre participation à toutes les festivités organisées pour le lycée ; la seconde, religieuse, quand chaque dimanche nous participions à la grand-messe à l’église de la paroisse ; la troisième, culturelle, quand les concerts étaient donnés à nos compatriotes et aux Français dans la région et parfois plus loin.
Aux manifestations scolaires, organisées plutôt pour nos professeurs et pour les élèves, les Français, surtout les jeunes, s’invitaient souvent.
Nos prestations à l’église donnèrent à la chorale sa plus grande renommée, attirant comme un aimant une foule de fidèles ou de simples auditeurs tels que l’église ne pouvait tous les contenir. Il ne venait pas seulement des habitants de Villard, mais aussi des partisans et des fugitifs qui se cachaient dans les montagnes du Vercors. Notre répertoire se composait de nombreux chants en polonais ou en latin, accompagnés d’airs de célèbres compositeurs comme Gounod dont le professeur Berger avait recréé et harmonisé les musiques de mémoire. Trente ans plus tard, le curé de Villard me disait :
« — C’est vraiment dommage que votre chorale ne soit plus là, car, si j’en crois mon prédécesseur, l’église était alors toujours pleine à craquer lorsque vous chantiez ».
Les représentations publiques n’avaient pas seulement lieu à l’hôtel du Parc ou dans la salle de cinéma de Villard. Nous rendions visite aux Polonais dans divers centres d’hébergement polonais de Grenoble, de la région et d’ailleurs : Allevard-les-Bains, Manosque, Gréoux-les-Bains…
Les Français récompensaient par des bravos et des applaudissements qui n’en finissaient pas nos interprétations de chansons polonaises ainsi que les quelques chansons françaises que nous avions dans notre répertoire. Ils étaient particulièrement ravis par l’interprétation de leur hymne national. Combien de fois ne sont-ils pas venus vers nous avec des éloges enthousiastes :
« — Nous n’avons jamais écouté d’aussi belle Marseillaise, c’était tout simplement extraordinaire ».
Grâce à la direction, les membres de la chorale qui n’avait pas de famille en France passèrent les vacances scolaires de l’été 1942 à Gréoux-les-Bains, petite ville thermale des Alpes-du-Sud. Là non plus, nous n’avons pas chômé. Nous étions logés dans le casino abandonné, et nous avons rapidement transformé le parc attenant en stade improvisé. Chacun, en fonction de ses capacités physiques, s’entraînait à la course, au saut, au lancé, et le dimanche après-midi avait lieu des rencontres sportives avec la jeunesse locale. Le professeur Berger était avec nous. Après quelques petits aménagements, la chorale continua ses répétitions et donna des représentations en ville et dans la région, récoltant partout des tempêtes d’applaudissements.
Durant l’année scolaire 1942-1943, le travail de la chorale s’intensifia, le répertoire s’enrichit et la qualité de l’interprétation s’améliora encore. C’est alors que naquit l’idée d’enregistrer les meilleures chansons afin qu’il reste de nous un souvenir. La réalisation pratique se révéla difficile. Après plusieurs projets avortés, notre directeur obtint l’accord pour un enregistrement dans les studios de la radio de Grenoble. Après les répétitions minutieuses des chansons choisies, arriva le jour tant attendu. À la fois inquiets et excités nous attendions le car qui devait nous emmener à Grenoble lorsqu’on appela le professeur Berger au téléphone. Lorsqu’il revint, nous avons tout de suite compris qu’il n’y aurait pas d’enregistrement. On nous interdisait de descendre à Grenoble, car nous risquions de ne plus revenir. Sans plus de commentaire, il rejoignit sa chambre.
Aujourd’hui, après tant d’années, il est agréable de constater que notre chorale a laissé des souvenirs toujours vivaces dans la mémoire des anciens du lycée, dans celle des Polonais de la région, mais surtout dans celle des Français, ce qu’ils ne manquent pas de nous rappeler lors de chacune de nos rencontres.
Que sont devenus les anciens membres de la chorale ? Les uns sont restés pour toujours là-bas, dans le Vercors, ayant donné leur vie « pour notre liberté et pour la vôtre ». Les autres se sont éparpillés de par le monde. Je suis sûr que tous, habitant les différents pays sur tous les continents, se remémorent avec plaisir cette époque qui a laissé en nous des souvenirs inoubliables.
Et que représentait notre chorale pour le professeur Berger ? La meilleure réponse pourrait être contenue dans ces lignes que j’ai lues dans Gtos Ziemi Cieszynskiej en 1958, peu après le décès de notre cher directeur. L’auteur écrit :
« — Il nous parlait souvent de sa nouvelle chorale. Et tout en racontant il souriait de la même façon qu’à l’époque, quand sur la scène du théâtre de Cieszyn et sur celle de Bielsko il était apparu avec sa chorale d’instituteur, et qu’après l’interprétation de quelques chansons le théâtre était devenu comme pris de folie. Fou de joie d’écouter quelque chose de semblable. Mais monsieur le directeur ne dit rien. Il salue seulement et sourit. Et il sourit de même maintenant, en me parlant de la chorale du Lycée polonais de Villard-de-Lans, de ses réussites, de ses garçons et de ses filles qui ne cessaient de chanter… »
Harwas Jan
— Professeur
7 janvier 1909, Dortmund (Allemagne), professeur de latin et de grec, examinateur d’allemand. Fusillé par les Allemands entre le 17 et le 21 août 1944 à Bron, près de Lyon.
Helmboldt Franciszek
— Élève
9 avril 1925, Gołonóg (distr. Będzin, voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Herman Ryszard
— Élève
10 (11 ?) octobre 1921, Lwów, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Hernik Zdzisław
— Élève
13 septembre 1920, Stryj (voïv. Stanisławów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1944 (a redoublé la 2e ). Exécuté par les Allemands le 30 juillet 1944 près d’Autrans (Isère).
Himiak Edward
— Élève
4 février 1931, Wittenheim (Haut-Rhin), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Hlibowicki
— Aumonier
Professeur d’instruction religieuse.
Honcz Antoni
— Élève
3 mars 1920, Sambor (voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Hop Antoni
— Élève
15 mai 1922, Chojnice (voïv. Poméranie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Hoppe Jan
— Élève
6 octobre 1922, Kiełpin (distr. Tuchola, voïv. Poméranie), 4e année de gymnase 1941-1942.
Horecki
— Élève
Voir Cholewa Jerzy (changement de nom).
Huszcza Franciszek
— Élève
23 février 1931, Nîmes (Gard), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Hynko Franciszka
— Élève
2 avril 1933, La Mure (Isère), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Iłowiecki Adam
— Élève
22 mars 1926, Varsovie, 3e année de gymnase 1941-1942.
Iłowiecki Bogdan
— Élève
1er octobre 1923, varsovie, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Iszczak Halina
— alias (Helena) — Élève
20 janvier 1929, Sieradz (voïv. Łódź), 3e année de gymnase 1945-1946.
Jabłoński Zygmunt
— Élève
4e année de gymnase 1940-1941.
Jaciów Władysław
— Élève
21 mai 1921, Tarnopol, 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Jackiewicz Kazimierz
— Personnel
7 février 1915, Małgów (?), commis de cuisine, plongeur.
Jackowiak Irena
— Élève
27 novembre 1931, Rosières (Cher), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Jackowiak Wanda
— Élève
25 janvier 1929, Góry (voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Jadaś Tadeusz
— Élève
29 mars 1928, La Machine (Nièvre), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Jagodziński Bolesław
— Élève
4e année de gymnase 1940 (n’est resté que le 1er trimestre).
Jakimowicz Ryszard
— Élève
23 mai 1919, Kowno (Lituanie), 1ere année de lycée 1940-1941.
Janas Łucja
— alias (Lucyna) — Élève
3 janvier 1930, Sosnowiec (voïv. Kielce), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Janczak Tadeusz
— Élève
10 décembre 1924 (a habité l’internat de Villard et figure sur la liste des lauréats du baccalauréat français 1945 dans le livre de S. Gogłuska).
Janiak Anna
— Élève
20 octobre 1931, Cagnac-les-Mines (Tarn), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Janik Marian
— Élève
23 décembre 1930, Kiełków (distr. Mielec, voïv. Cracovie), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Janikowski Tadeusz
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Jankowska Eugenia
— Élève
1er août 1925, Bully (?), 1942-1943.
Jankowski Krystian
— Élève
26 février 1930, Cagnac-les-Mines (Tarn), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Jankowski Marian
— Élève
8 septembre 1926, Janów Lubelski (voïv. Lublin), 4e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé) et 1ere année de lycée (lettres) 1945-1946.
Janowski Władysław
— Élève
2 août 1928, Antoniów (distr. Tarnobrzeg, voïv. Lwów), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Jarmuła Artur
— Élève
25 novembre 1923, Grodno (voïv. Białystok), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Jasionowicz Leokadia
— alias (Leonida) — Élève
18 décembre 1931, Saint-Florent (Gard), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Jasionowska Leokadia
— Élève
2 février 1925, Wizajny (voïv. Białystok), 3e et 4e années de gymnase 1941-1943 (?).
Jastrzębski Maciej
— Élève
4 juillet 1928, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1941-1945.
Jawicz Zbigniew
— Élève
14 octobre (novembre ?) 1926, Varsovie, 4e année de gymnase 1941-1942, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1943-1945.
Jaworczak Zdzisław
— Élève
27 mars 1924, Lublin, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1940-1943. Tué en Hollande le 6 novembre 1944.
Jodłowska Teresa
— Élève
6 juin 1928, Wiskitki (distr. Grodzisk Mazowiecki, voïv. Varsovie), 4e année de gymnase 1945-1946.
Jóźwiak Zygmunt
— Personnel
Infirmier (Villard).
Juszczyk Ferdynand
— Élève
17 avril 1931, Saint-Florent (Gard), hospitant, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Juszczyk Janina
— Élève
4e année de gymnase 1942-1943 (deux premiers trimestres seulement).
Kacperek Szczepan
— Élève
29 juillet 1918, Zarzecze (voïv. Varsovie ou Kielce), 1ere et 2e années de lycée 1941-1943.
Kaczmarska Józefa
— Élève
7 janvier 1929, L’Hôpital - Ydes (?) (Cantal), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Kaczorowska Sabina
— Élève
26 août 1931, Le Creusot (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Kaliciak Andrzej
— Personnel
Intendant et exploitant de la ferme scolaire (habitait à la ferme avec sa femme et sa fille).
Kaliciak Maria
— Personnel
Femme de chambre, épouse du précédent.
Kalinowski Kazimierz
— Élève
2e année de lycée (sciences) 1944-1945.
Kazimierz est né le 22 février 1922 à Poznań, Pologne.
Lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, Kazimierz se porte volontaire et est engagé comme coursier. Son unité se replie vers l’est, est finalement encerclée. Kazimierz est fait prisonnier mais il parvient à s’évader et regagne Poznan. Un an plus tard, il tente de gagner la France, mais il doit renoncer pour cause de maladie et retourne encore à Poznan : 920 km à pieds pour rien !
En 1942, il est arrêté, emprisonné, relâché au bout de trois mois et demi.
En 1944, il est déporté en France, dans la région de Metz, pour travailler dans la construction de galeries qui doivent servir à lancer des V1 et V2. Il apprend la libération de Paris, s’enfuit et rejoint Verdun déjà libéré par les Américains.
Internés provisoirement dans un camp de réfugiés, il est admis au lycée de Villard-de-Lans en novembre 1944.
Un an plus tard, baccalauréat en poche, il trouve du travail dans la construction métallique. Il se marie avec une ancienne élève du Lycée, Bronisława Rusek. Tous deux décident de regagner la Pologne en 1948. Désenchantés, ils retournent en France en 1957 et Kazimierz retrouve ses anciens employeurs.
Kazimierz décède en 2011.
Kalinowski Tadeusz
— Élève
1ere année de lycée 1940-1941.
Tadeusz est né le 24 février 1922 à Modlin (voïv. Varsovie ou Cracovie).
Il suit une formation militaire à l’école des cadets à Lwów.
À l’automne 1939, à l’issue de l’invasion de la Pologne, Tadeusz, gagne la France en passant par la Hongrie. Il rejoint Paris où il réside dans le 15ee arrondissement.
En 1940, il rejoint l’Armée polonaise à Coëtquidan. Il y est nommé caporal et participe à la bataille de France en Lorraine au sein de la 1re division de grenadiers. Il est fait prisonnier et s’évade du stalag où il a été acheminé. Il gagne la région de Grenoble puis le lycée polonais Cyprian Norwid à Villard-de-Lans où il fait partie de l’un de ces petits groupes d’élèves que l’amitié relie fortement. Surnommé Amigo, il est amoureux de Wanda Normand.
En juin 1941, bachelier, Tadeusz « descend à Grenoble » pour y suivre des études à l’Institut polytechnique, section hydraulique. En octobre 1942, il rejoint le réseau POWN. Agent de liaison très actif entre Grenoble et Lille, il franchit à huit reprises la ligne de démarcation.
À partir de juillet 1943, il organise une section POWN à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) comme adjoint au chef de la région. Au printemps 1944, à Nancy, en tant que chef de la région Est, il participe à l’incorporation des résistants polonais dans les rangs des FFI.
Le 15 septembre 1944, il est blessé lors des combats de la libération de Nancy. Après la guerre, il reprend des études aux Beaux-arts. Il épouse Wanda Normand et tous deux retournent en Pologne en 1948. Tadeusz y travaille comme graphiste dans le magazine Życie Krakowa (La vie de Cracovie).
Honneurs France
- Membre de la Résistance intérieure française, réseau POWN.
- Membre des Forces françaises combattantes.
- Citation à l’ordre de la Division.
- Croix de Guerre (étoile d’argent).
Kalteka Zymunt
— Élève
11 octobre 1922, Imiłków (distr. Konin, voïv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase 1940-1942.
Kamieniak Krystyna
— Élève
30 octobre 1929, Lubliniec (voïv. Silésie), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Kamińska Irena
— Élève
2 janvier 1929, Komarsk (Karnarsk ?), 2e année de gymnase 1942-1943.
Kamiński Edmund
— Élève
9 septembre 1921 (?), Toruń, 4e année de gymnase 1944-1945.
Kamiński Zygmunt
— Élève
21 novembre 1923, Włocławek (voïv. Poméranie), 4e année de gymnase 1940-1941.
Kanar Daniel
— Élève
1er janvier 1917, Biechów (voïv. Kielce), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Kania Jan
— Élève
13 juillet 1921, Busko-Zdrój (voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942. Tué en Normandie en août 1944.
Karbowska Barbara
— Élève
27 septembre 1929, Grabowo (distr. Mogilno ou Wągrowiec, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1945-1946.
Karbowska Marianna
— Élève
27 octobre 1930, Strzyżew (distr. Ostrów Wielkopolski, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1945-1946.
Karpiński Mieczysław
— Élève
20 septembre 1918, Borki (distr. Radzyń, voïv. Lublin), 4e année de gymnase 1941-1942.
Karwat Zygmunt
— Élève
6 (16 ?) janvier 1920, Kamionka (distr. Nowy Sącz, voïv. Cracovie), 2e année de lycée 1940-1941.
Kasprzyk Andrzej
— Élève
13 mai 1926, Varsovie, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1944 (a quitté le lycée au début de la 2e année de lycée). Mort en juillet 1944 dans le train l’emmenant de Compiègne vers Dachau.
Kaszlikowski Bolesław
— Élève
31 mars 1918, Opal (distr. Puławy, voïv. Lublin), 4e année de gymnase 1941-1942.
Katelbach Zofia
— Élève
12 mai 1925, Varsovie, 4e année de gymnase 1941-1942.
Kawecki Jan
— alias (Kazecki) — Élève
4 novembre 1929, Lyon (Rhône), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Kawęcki Witold
— Élève
7 mars 1929, Tarnów (voïv. Cracovie), 2e , 3e et 4e années de gymnase et 1ere année de lycée (litt.) 1942-1946.
Kazecki
— alias (Voir Kawecki) — Élève
4 novembre 1929, Lyon (Rhône), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Kędzierski Ryszard
— Élève
23 février 1931, Saint-Jean-de-Valeriscle (Gard), 2e année de gymnase 1945-1946.
Keeler Bolesława
— Professeur
Professeur d’anglais.
Kemp Edward
— alias (Voir Maszewski Edward) — Élève
Voir Maszewski Edward.
Kisiel Anna
— Élève
1ere et 2e année de lycée (lettres) 1941-1943.
Anna est née le 22 octobre 1922, à Wilno, Pologne.
Lors de l’invasion soviétique de la Pologne, Hania et sa mère sont arrêtées. Leur nationalité française leur permet d’être libérées. Elles gagnent difficilement la France via la Roumanie, la Yougoslavie et l’Italie qui vient juste d’entrer en guerre. Elles se retrouvent dans le refuge polonais de Juan-les-Pins.
Hania apprend l’existence du lycée de Villard-de-Lans, qu’elle rejoint à la rentrée 1941. Elle y obtient son baccalauréat en 1943, puis gagne Clermont-Ferrand et l’université de Strasbourg qui s’y est installé pour suivre ses études de médecine.
En novembre 1943, les Allemands opèrent font une rafle parmi les étudiants. Elle est relâchée. Un de ses condisciples est également arrêté : Zdzistaw Maszadro, qui sera déporté. Hania revient à Grenoble finir ses études.
Elle épouse un ancien élève du lycée, Roman Ciemor, en 1945. Elle travaille dans les musées : Grand palais, Luxembourg, Louvre…
Hania décède en 2011.
Kleczko Władysława
— Élève
27 avril 1915, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942, décédée le 26 septembre 1976 à Varsovie.
Klekowicka Halina
— Élève
11 avril 1929, Raciąż (distr. Sierpc, voïv. Varsovie), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Klimczyk Władysław
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Knopp Helena
— Personnel
Aide cuisinière.
Knutel Józef
— Élève
28 août 1931, Couëron (Loire-Inférieure), 2e année de gymnase 1945-1946.
Koclejda Edmund
— Élève
2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Edmond est né le 22 juin 1930 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Son père a émigré quelques années auparavant. Il n’aime pas la mine, s’installe comme tailleur, emploie neuf personnes quand Edmond naît. Guerre, armistice, père et mère s’engagent dans le réseau Monica de la résistance polonaise. Ils sont passeurs, agents de liaison. Edmond intègre le lycée en 1942 et la chorale Berger en 1944, une fois que sa voix a mué. Il fait partie des élèves qui ne supportent pas l’ambiance d’après-guerre : il refuse de suivre le lycée à Paris, retrouve plusieurs condisciples à La Courtine, passe son bac au Lycée polonais des Ageux que vient de fonder Zygmunt Zaleski. Débutent quelques années de galère : pépins physiques, bac « polonais » non reconnu parce que Edmond est de nationalité française… Avec un camarade de classe, ils montent une affaire d’injection d’articles en matière plastique. Le succès est mitigé, mais Edmond a appris sur le tas un métier, se forme et fait carrière dans la plasturgie. Edmond continue de chanter et dirige des chorales. Il est pendant longtemps secrétaire de l’association des anciens élèves. Il décède en 2010.Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
C’est pour vous permettre d’apprécier ce texte de Maria Konopnicka que je l’ai traduit. Malheureusement je ne suis pas poète et encore le serais-je, l’aphorisme italien « Traduttore, traditore », merveille de concision et de véracité, me ramènerait à la raison ! En revanche, la musique de Berger est magnifique et colle vraiment au texte. Peut-être sa meilleure composition. Nous aimions beaucoup la chanter et en plus j’avais entre 14 et 16 ans, alors…
Quand le roi s’en est allé en guerre / C’était au son des trompes guerrières / C’était au son des trompes d’or / Avec enthousiasme pour la victoire
Quand Stan partit au combat / Ce fut le bruissement des ruisseaux / Et celui des épis dans les champs / Qui apaisèrent sa nostalgie et sa détresse
À la guerre sifflent les balles / Les paysans tombent comme des bottes de paille / Et les rois combattent plus vaillamment / Et les paysans meurent plus abondamment
Les aigles sur les étendards frémissent / Une croix grince quelque part dans un hameau / Stan fut mortellement blessé / Le roi rentra au château en bonne santé
Quand il franchit le grand portail / Une aurore dorée vint à sa rencontre / Et toutes les cloches se mirent à sonner / De tous les horizons ensoleillés du monde
Quand on creusa la fosse du paysan / Des arbres frémirent au loin / Et c’est pour lui qu’à travers une chênaie / Tintèrent les clochettes des lys
Koczwara Jan
— Élève
18 novembre 1922, Cracovie (28 octobre 1923, Poznań, selon le bureau des affaires polonaises à Marseille), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Kolasa Andrzej
— Élève
4e année de gymnase 1941-1942.
Kołkiewicz Jerzy
— Élève
19 janvier 1932, Dąbrowa Górnicza (distr. Będzin, voïv. Kielce), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Komar Julian
— Professeur
Professeur d’histoire.
Komaszyński Michał
— Élève
28 novembre 1924, Potok Złoty (distr. Buczacz, voïv. Tarnopol), 2e année de lycée (lettres) 1945-1946.
Kominek Helena
— Élève
1ere année de lycée (sciences) 1945-1946.
Konarski Jerzy
— Élève
18 octobre 1928, Lublin, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1943-1946.
Konias Jan
— Élève
25 août 1931, Cagnac-les-Mines (Tarn), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Konieczka Wincentyna
— Élève
16 mai 1929, Trieux (Meurthe-et-Moselle), 2e et 3e années de gymnase, 1944-1946.
Konieczna Genowefa
— Élève
3e année de gymnase 1942-1943 (a quitté le lycée au bout de peu de temps).
Kosiński Paweł
— Élève
12 novembre 1929, Urle (distr. Radzymin, voïv. Varsovie), 3e année de gymnase 1945-1946.
Kostrzanowski Zygmunt
— Élève
19 septembre 1921 (1923 ?), Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Kotlarz Jan
— Élève
1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Jan est né le 20 octobre 1914 a Hołuby (distr. Łuck, voïv. Volhynie).
Son enfance est difficile. Sa famille n’a guère de moyens.
À 18 ans, il s’engage dans la gendarmerie. La guerre interrompt son projet d’entrer dans une école d’officier. L’unité à laquelle il est affecté s’échappe en Hongrie. Il gagne la France et rejoint l’Armée polonaise à Coëtquidan. Il participe à la campagne de Norvège et se bat à Narvik. Son unité se disperse en France et Angleterre.
À Toulouse, où il s’est réfugié, il apprend l’existence du lycée de Villard-de-Lans. Il le rejoint à l’automne 1940. En 1942, il obtient son baccalauréat. Il décide de poursuivre la lutte, franchit les Pyrénées avec deux camarades, est arrêté et emprisonné en Espagne dans des conditions épouvantables, est libéré par la Croix Rouge, parvient en Angleterre via Barcelone, Madrid et Gibraltar.
En 1944, il participe aux campagnes de Normandie, Belgique et Hollande avant d’occuper l’Allemagne jusqu’à sa démobilisation en 1947.
Il se spécialise dans les matières plastiques, immigre en Australie en 1953, y fonde sa famille, est présent dans les associations d’anciens combattants.
Jan décède en 2010.
Kotowski Zbigniew
— Élève
14 août 1921 (5 novembre 1923 sur l’attestation du baccalauréat), Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Kotrys
— Élève
1940-1941 ?
Kowalczyk Jan
— Élève
13 mars 1932, Saint-Fergeux (Ardennes), 1ere année de gymnase 1944-1945.
Kowalewski Władysław
— Élève
4 décembre 1930, Knutange (Moselle), 3e année de gymnase 1945-1946.
Kowalski Henryk
— Élève
16 août 1926, Blaye-les-Mines (Tarn), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1943-1945.
Kozłowska Michalin
— Personnel
Blanchisseuse.
Kozłowski Marian
— Professeur
21 novembre 1888, Nowy Sącz (voïv. Cracovie), ingénieur de profession, professeur de chimie, également chargé de l’intendance en 1943.
Kozłowski Stanisław
— Élève
5 (15 ?) novembre 1923, Drohobycz (distr. Lwów), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Kozubska Helena
— Élève
19 mars 1933, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Kozyrski Bolesław
— Élève
11 décembre 1919, Żmerynka (Ukraine), 4e année de gymnase 1940-1942 (a redoublé).
Kraczkowski Ferdynand
— Élève
14 septembre 1923, Zadwórze (voïv. Tarnopol), 4e année de gymnase (a redoublé) et 1ere année de lycée (sciences) 1941-1944.
Krąkowska Maria
— Élève
29 novembre 1924, Kotliska (?), 2e année de lycée 1940-1941.
Krasińka Izabella
— Élève
3 mars 1923, Varsovie, 2e année de lycée 1940-1941.
Krasiński Jan
— Élève
11 août 1924, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Krasuski
— Personnel
Commis de cuisine.
Kraszewski W.
— Personnel
Médecin (Villard).
Kropacz Tadeusz
— Élève
29 avril 1919, Bielsko (voïv. Silésie), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Krupczak Roman
— alias (Bolesław) — Élève
25 avril 1922, Jarczów (distr. Tomaszów Lubelski, voïv. Lublin), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Kryczyński Czesłw
— Élève
18 décembre 1922, Biała Podlaska (voïv. Lublin), 4e année de gymnase 1940-1941.
Krynicki Edmund
— Élève
28 septembre 1924, Hambourg (Allemagne), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Krzystanek Henryk
— Élève
26 septembre 1931, La Machine (Nièvre), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Krzyżanowska Bronisława
— Élève
24 janvier 1923, Kowalówka (distr. Podhajce, voïv. Tarnopol), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1944-1946.
Kubalski Stanisław
— Élève
7 août 1923, Równe (voïv. Volhynie), 2e année de lycée (sciences) 1945-1946.
Kubiak Maria
— Élève
5 mars 1922, Jarocin (distr. Poznań), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Kubiak Sylwester
— Élève
1er janvier 1927, Grenzwald ? (Moselle), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1944-1946.
Kubicki Wiesław
— Élève
12 mai 1924, Lwów, 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Kuc Władysław
— Élève
19 mai 1922, 2e année de lycée 1940-1941.
Kucharczyk Eugenia
— Élève
21 octobre 1928, Rosières (Cher), 3e année de gymnase 1943-1944.
Kucharczyk Genowefa
— Élève
21 octobre 1928 (sans doute sœur jumelle de la précédente), Rosières (Cher), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée 1944-1946 ?
Kuczyńska
— Personnel
Commis de cuisine.
Kühn Jan
— Professeur
Professeur ou surveillant ?
Kulesza Marian
— Élève
9 juin 1931, Villefranche (Rhône), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Kundegórska Anna
— alias (HannaHalina) — Élève
24 novembre 1924, Poznań, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1943.
Kundegórska Halina
— Élève
3e année de gymnase 1940-1941 (sans doute ne fait-elle qu’une avec la précédente, mais on ignore comment elle a pu « sauter » la 4e année et le « petit bac »).
Kundegórski Kazimierz
— Élève
3e année de gymnase 1945-1946.
Kazimierz Kundegórski est né le 29 juillet 1930 à Puszcyków (Pologne).
Il a onze ans quand il rejoint son père, colonel de l’armée de l’air, à Lyon, et quinze quand il arrive au lycée de Villard. Il a du mal à accepter l’ambiance délétère qui s’installe, s’insurge contre l’influence des communistes, est renvoyé du lycée.
Il rejoint l’école des Cadets de l’Armée polonaise en Italie puis en Angleterre et retourne en Pologne en 1947.
Études à l’académie d’agriculture, carrière au ralenti dans l’industrie agraire pour cause de sentiments anticommunistes, bien qu’il ait caché consciencieusement aux autorités son passage à Villard.
Il adhère à Solidarność, participe enfin aux réunions de Villardiens, prend sa retraite à Poznan où habitent d’autres Villardiens avec qui il entretient une vive amitié.
Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
J’ai quitté la Pologne en 1941 pour rejoindre mon père, colonel d’aviation, qui avait combattu lors de la campagne de France à partir de Lyon-Bron. Après la débâcle, j’ai séjourné dans divers refuges polonais, le plus longtemps à Challes-les-Eaux. J’ai aussi fréquenté le collège de Chambéry. Je suis arrivé à Villard-de-Lans en 1945. Mon plus grand rêve — étudier dans un établissement polonais — se réalisait.
1944. Après les journées difficiles de libération, les combats de la résistance de Savoie, les règlements de comptes souvent sanglants et impitoyables, il y a eu enfin la rencontre de la diaspora polonaise locale avec De Gaulle à Chambéry :
« — La Pologne sera libre ou indépendante, je vous l’assure », avait-il déclaré.
Tout à mon enthousiasme, je décidai de rejoindre les rangs de l’armée française, le régiment local des chasseurs alpins. L’officier recruteur calma rapidement mon entrain :
« — Quinze, ans, c’est trop jeune ! Il faut étudier ! Et donc à Villard ! »
Je fus donc accepté à Villard après avoir passé l’examen d’entrée qui eut lieu de façon très officielle à Lyon pour une partie des « volontaires ». J’allais rejoindre la classe de Troisième, admis dans cet établissement inscrit dans la légende du Vercors avec son patriotisme, son éducation civique issue des meilleures traditions et son excellent niveau d’enseignement. J’étais heureux.
Le début de l’année 1945-1946 comportait beaucoup de cérémonies grandioses. L’ambiance était merveilleuse, chargée de patriotisme et d’enthousiasme. Tout le monde — professeurs comme élèves — respirait après ces années d’horreurs qu’avaient été la guerre et l’occupation. La plupart des jeunes que je rencontrais venaient de l’immigration « ancienne », surtout dans les classes de collège. Je me suis vite bien entendu avec eux, car j’avais été à l’école française.
Dans les classes de lycée, il y avait surtout des exilés. À Challes-les-Eaux, j’avais fait la connaissance de Helenka et Józio Szaszkiewicz ainsi que de Witek Dominirski. Ce dernier avait failli être fusillé par les Allemands battant en retraite, il y avait échappé miraculeusement en sautant du camion qui transportait les otages. Il y avait des élèves qui arrivaient de camps de concentration comme Paweł Kosiński. Leur santé était très mauvaise. Il y avait aussi des membres de la résistance polonaise de Varsovie comme Stanisław Kubalski en Terminale.
Je ne savais pas encore vraiment ce que je voulais faire ni si j’allais rentrer en Pologne, j’ignorais ce qui se passait vraiment là-bas. L’ambiance à l’école était comme je l’avais rêvée : outre le travail scolaire, il y avait la chorale avec le directeur Berger, le scoutisme polonais, le sport, les expéditions à ski, les cours de danse, etc.
Après Noël, l’ambiance changea surtout parmi les exilés très au fait de la politique. Nous venions surtout de comprendre qu’il n’y aurait pas de Pologne libre, qu’elle serait sous influence soviétique. Nous écoutions parfois les récits des anciens de l’AK comme ceux des soldats du IIe Corps polonais stationné en Italie. Radio Londres restait très réservée dans ses évaluations de la situation en Pologne. En revanche, les journaux du IIe Corps tel Orzeł Biały [Aigle blanc] ne nous laissaient aucune illusion.
Notre établissement fut placé sous le contrôle et la direction du gouvernement de Lublin par le biais de l’ambassade polonaise de Paris. Il fut soumis à une propagande et une pression politique croissante.
La situation devint vraiment complexe avec l’arrivée de Stefan Wrona, un agent du pouvoir communiste. Un enseignement « Savoir sur la Pologne » fut instauré, le camarade Wrona s’en chargeant personnellement. Tout de propagande et de haine, ces cours calomniaient tout ce dont nous nous souvenions comme positif dans la Pologne d’avant-guerre et que nous vénérions. Wrona nous dictait ces absurdités et nous demandait de les apprendre par cœur.
Une grande partie des exilés se refusait à accepter cette situation et opposait une résistance passive à l’action politique de Wrona. Nous continuions à dire le bénédicité avant les repas, nous fréquentions l’église ensemble. Des groupes se formaient pour comprendre ce qui était en train d’arriver, surtout en Pologne. Nous voulions une Pologne juste pour tout le monde, démocratique, mais indépendante.
L’activité de Wrona trouva un terrain partiellement favorable chez les élèves issus de l’immigration, ce qui n’était pas surprenant. Leurs parents avaient été obligés de quitter la Pologne d’avant-guerre pour des raisons économiques, par manque de travail et de revenus. Wrona savait en tirer parti, mais il ne tenait pas compte des difficultés de notre pays à peine sorti de cent ans de démembrement, des destructions de deux guerres — la Grande Guerre de 1914-1918 et celle contre les bolcheviks de 1920 —, des difficultés économiques de la crise mondiale de 1929 qui avait durement atteint un pays économiquement faible.
Les jeunes rêvaient d’une Pologne équitable et démocratique, mais comme ils allaient être déçus des cinquante années d’activité des supérieurs du Camarade Wrona ! Je crois que nos enseignants, dans leur majorité, étaient conscients de nos réticences aux changements qu’on nous imposait et du climat qui s’instaurait. Tout cela leur faisait de la peine tant c’était désespérant.
La situation devint également tendue hors de l’établissement. Des affrontements politiques se jouaient à Villard. Les Français, nation républicaine par tradition, ne voulaient pas, pour une majorité d’entre eux, subir l’influence du parti communiste. Des slogans apparurent sur les murs des villes : « Communisme = Fascisme ». Heureusement, le général de Gaulle se rendit maître de la situation sans plus de dégâts.
Au lycée, la situation atteignit un point de non-retour quand, dans la salle à manger de l’hôtel du Parc, furent accrochés les portraits des membres du gouvernement de Lublin, Bolesław Bierut, Osóbka-Morawski et Rol-Żymirski. Pour nous, c’était insupportable. Nous décidâmes donc de les décrocher pour les détruire. Cela fut fait une nuit et à la place de ces dignitaires nous mîmes le portrait du général Władysław Anders qui, pour nous, faisait office de remplaçant du chef suprême. Le matin, après un moment de consternation, la plupart des élèves réagirent avec joie par des applaudissements.
Le conseil pédagogique se rendit compte du sérieux de la situation d’autant plus que Wrona, quasiment fou de rage, exigeait des sanctions et voulait trouver les coupables.
L’ambassade polonaise de Paris intervint énergiquement. Il y eut une enquête, on menaça de fermer le lycée. Au bout du compte, il fut décidé que si les coupables ne se dénonçaient pas, la classe de terminale, la plus suspecte, serait fermée. L’équipe de camarades qui avaient agi, soucieux des élèves de terminale, décida que l’un de nous se dénoncerait pour le bien de tous. Il y eut tirage au sort et ça tomba sur moi.
J’avouai devant le conseil pédagogique, déclarant que c’était un « acte irréfléchi ». Le vice-directeur Wrona m’interrogea pendant plusieurs mois pour savoir qui il y avait eu d’autre. Il ne me croyait pas. Il essaya de me sensibiliser politiquement, mais je ne lui révélai rien. Ce qui fut le plus dur pour moi, c’était d’avoir été radié du scoutisme par le commandant du groupe de l’école. J’étais devenu le citoyen indigne de la Pologne populaire naissante. Le scoutisme polonais de Villard était devenu « rouge ».
J’ai été autorisé à terminer l’année scolaire avant d’être radié. Je pense qu’Ernest Berger, le directeur, était intervenu avec fermeté en ma faveur et n’avait pas permis que je sois renvoyé sur-le-champ. Un comité d’aide amicale fut organisé en secret pour me trouver une école indépendante du gouvernement de Lublin. Lors d’un conseil nocturne secret, on me proposa deux écoles, l’une dans le nord de la France, l’autre près du IIe Corps polonais stationné en Italie.
J’ai choisi l’Italie et l’École des Cadets. C’était une « petite Pologne ». En 1947, avec toute l’École, j’ai été transféré en Angleterre. La même année, j’ai regagné la Pologne pour retrouver ma famille qui me manquait beaucoup.
Au temps de la République populaire polonaise, j’ai connu des difficultés pour avoir été à l’école des Cadets du IIe Corps, des ennuis au travail, l’interdiction de travailler dans les districts de Środa et Śrem, divers harcèlements. Je n’ai pu terminer mes études que tardivement à la faculté d’Agriculture de Poznań.
Dans la Pologne communiste, je n’ai donc jamais parlé de mon séjour à Villard, j’ai réussi à le cacher. Pour les mêmes raisons, je ne n’ai pas participé aux réunions des anciens avant 1990.
Quand je réfléchis aujourd’hui à ma jeunesse et à nos intuitions, je pense que nous avions raison et cela s’est confirmé en 1989. Désormais le communisme s’est effondré et la Pologne renaît même si c’est avec difficulté.
J’ai passé peu de temps à Villard, à vrai dire, mais mon séjour a été dans ma vie comme un rayon lumineux bienfaiteur. J’ai été fasciné par la légende des aînés de mes camarades, ceux qui ont péri comme ceux que j’ai connus. Cela m’a donné des valeurs pérennes qui permettent de tenir dans les pires circonstances.
À Poznań, nous sommes un petit groupe de Villardiens : Władek Żegota-Rzegociński, Genek Wilk, Olgierd Romeyko et moi. Władek le préside, évidemment. N’est-il pas une légende vivante, un homme de caractère dont le destin et les actions pendant la guerre pourraient remplir plusieurs biographies ? Nous sommes en relation avec nos amis et amies. Władek affirme que nous avons plus de liens avec nos amies.
J’ai écrit ces quelques mots à la demande de mes collègues pour témoigner du temps des changements à Villard après la guerre. Je remercie ceux des membres du conseil pédagogique qui vivent encore pour leur soutien, pour avoir aidé l’« homme à terre » que j’étais dans un moment difficile.
Kurczak Jan
— Élève
29 janvier 1929, Tuchowo (distr. Tarnów, voïv. Cracovie), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e année).
Kuś Józef
— alias (Jan) — Élève
29 avril 1928, Rogoźno (distr. Oborniki, voïv. Poznań), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Kusz Paweł
— Élève
1ere année de lycée 1945-1946.
Kutnik Józef
— Élève
2e année de lycée (baccalauréat lettres litt.) 1942-1943.
Kuźmińska Hanna
— Élève
31 juillet 1924, Varsovie, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Kwieciński
— alias (Kwiczyński) — Personnel
Surveillant.
Łabęcki Aleksander
— Professeur
7 avril 1904, Vitebsk (Russie), surveillant.
Łach
— alias (Lach) — Élève
1941-1942 ?
Lachowicz Franciszek
— Élève
18 octobre 1926, Sinków ou Sinkowo (distr. Zaleszczyki, voïv. Tarnopol), 3e année de gymnase 1941-1942.
Lachowicz Stanisława
— Élève
7 juin 1923, Sinków ou Sinkowo (distr. Zaleszczyki, voïv. Tarnopol), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Łaciak Emil
— Élève
3e année de gymnase 1941-1942.
Łagowski Wilhlem
— Élève
6 avril 1930, Kamionka (distr. Sanok, voïv. Lwów), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Lambert Michalina
— Élève
27 février 1924, Dąbrowa Górnicza (voïv. Kielce), 2e année de lycée (lettres) 1942-1944 (a redoublé).
Lamenta Janina
— Élève
9 février 1926, Kamieniec Wielkopolski (distr. Kościan, voïv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1943-1946.
Łaski Tadeusz
— Élève
15 août 1914, Piotrków Trybunalski (voïv. Łódź), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Ławnicka Maria Ludwika
— alias (Luiza) — Élève
15 janvier 1930, Paris ?
Łazarek Władysław
— Professeur
professeur de mathématiques.
Lebida Mieczysław
— Élève
25 avril 1931, L’Affenadou ? (Gard ? Lozère ?), 2e année de gymnase 1945-1946.
Lemański Andrzej
— Élève
7 décembre 1930, Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), 2e année de gymnase 1945-1946.
Leonowicz Tadeusz
— Élève
8 juin 1922, Żabcze (distr. Tomaszów Lubelski, voïv. Lublin), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Łepkowski Tadeusz
— Élève
1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Tadeusz est né le 21 janvier 1927 à Wilno, Pologne.
Son père est membre des légions du maréchal Piłsudski, puis garde du corps du maréchal, chef du département de la sécurité à Toruń, chef du commissariat du gouvernement à Varsovie, enfin adjoint au préfet de Poznań quand la guerre se déclanche. Il organise l'évacuation de la ville et quitte la Pologne avec sa famille : un long périple qui les amène à Paris.
Le père rejoint l'Armée polonaise et, après la débacle, devient délégué de l'Association d'aide aux Polonais à Marseille, puis directeur du centre d'accueil polonais au Grand Hôtel de Grenoble. Il décède en mai 1942.
Tadeusz rejoint le Lycée Polonais à l’automne 1943, y passe le Bac en 1945, entame des études d’histoire à Grenoble pendant une année et retourne en Pologne pour les finir, jusqu'au doctorat. Il est alors professeur à l'université de Varsovie et travaille à l'Institut d'histoire de l'académie des sciences polonaises. Il y est un des pionniers pour la recherche sur l'histoire latino-américaine.
Son parcours politique est chaotique : communiste en 1949, exclu en 1951, réintégré en 1956, démissionnaire en 1968 pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Il devient finalement l’un des piliers de Solidarnosc.
En août 1978, est fondé à Varsovie un Comité de rédaction de l’histoire du lycée Cyprian Norwid de Villard-de-Lans. Tadeusz en prend la présidence, est choisi comme rédacteur, commence à rassembler informations et documents. Le projet met plus de dix ans à se concrétiser. Un questionnaire est diffusé, auquel répondent une quarantaine d’anciens. Tadeusz veut absolument revenir à Villard et Grenoble, y rencontrer anciens et autres acteurs, y consulter les archives. Il a beaucoup de mal à organiser ce voyage et le réalise, enfin, en octobre 1988.
Il s’ouvre à l’un de ses anciens professeurs du lycée installé à Villard, son « Cher professeur Malbos », sur les difficultés du dit voyage et sur celles, plus générales, qu’il rencontre pour achever l’ouvrage. Il sait qu’il est contesté par certains anciens qui ne digèrent pas qu’il ait pu faire partie de la nomenklatura communiste. Il refuse de céder à ceux qui souhaiteraient qu’il publie une hagiographie. « Croyez-moi, je fais tout pour terminer l’histoire du lycée. Les collègues non-historiens — ce qui est compréhensible — veulent avoir le texte le plus vite possible (une sorte de mémoires écrites les larmes aux yeux : tout était excellent, etc.). Je ne peux pas écrire de cette façon-là. Cela doit être une œuvre scientifique, une œuvre écrite non pour pleurnicher pour la postérité, mais pour dire la vérité, presque toujours complexe. »
Reste à trouver des fonds pour publier le livre. Les anciens mettent la main à la poche, ainsi qu’une association Polonia. Łepkowski revient en France en juillet 1989, à Paris, invité à célébrer le bicentenaire de la Révolution française. L’histoire du lycée est quasiment bouclée. Le texte est remis à l’imprimeur en septembre. La Pologne vit des changements et des mutations extraordinaires. Łepkowski est surchargé de travail et préside la commission Solidarność de l’Académie des sciences.
Il décède brusquement le 16 décembre 1989. Son livre paraît quelques semaines plus tard
Leppert Halina
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Leśniak Halina
— Élève
22 février 1932, Libercourt (Pas-de-Calais), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Leśniak Maria
— Élève
22 février 1932, Libercourt (Pas-de-Calais), 1ere année de gymnase 1945-1946 (sans doute sœur jumelle de la précédente, mais il n’est pas exclu qu’il s’agisse de la même personne).
Lewandowski Donat
— Élève
17 novembre 1924, Wołomin (voïv. Varsovie), 4e année de gymnase 1941-1942.
Lewandowski Stefan
— Élève
2e année de lycée 1940-1941 (a quitté Villard au 2e trimestre).
Lewicki Józef
— Élève
1er octobre 1919, 1ere année de lycée 1940-1941, décédé à Zakopane dans les années 1970.
Liber Marian
— Élève
3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Marian Liber est né le 18 janvier 1925, Bugaj (distr. Pińczów, voïv. Kielce), Pologne.
Les parents de Marian émigrent dans l’est de la France alors qu’il n’a que deux ans. Marian y suit sa scolarité.
En 1939, la famille se réfugie à Saint-Etienne. Marian rallie le POWN et le réseau Monica, puis les FFI. En 1942, il intègre le Lycée Polonais pour y finir sa scolarité. En 1944 et après le massacre de Vassieux, Marian rejoint l’armée polonaise en Angleterre. Il est nommé sous-lieutenant.
Il est démobilisé en 1946, retourne en France, s’y installe pour enseigner le polonais aux enfants d’émigrés, épouse Janina Lamenta, ancienne élève du lycée. Tous deux créent alors un auto-école.
Marian décède en 2022.
En 2016, Marian écrit dans notre livre Notre école.
Arrivé à Villard-de-Lans en 1942 pour intégrer la classe de Troisième, je fais partie des FFI de juillet 1943 à juillet 1944. Après l’assaut du 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors, miraculé de cet enfer, j’ai réussi à rejoindre Villard-de-Lans après trois jours de marche.
Après la bataille du Vercors et la libération de Saint-Étienne, je me suis engagé comme volontaire dans l’Armée polonaise à Paris dans la caserne Bessière pour continuer le combat contre les nazis jusqu’à la victoire finale.
Me voilà enrôlé dans l’Armée polonaise sous commandement britannique. Je pars en Écosse en bateau puis en train, j’arrive au bureau à Londres où je dois remplir de nombreux formulaires et répondre à des interrogatoires sur mon parcours. Comme les officiers manquent, j’intègre l’école de Crieff pour une durée de six mois au lieu de douze : il y avait urgence. Me voilà dans le train, je pars pour la gare de Tain dans l’extrême nord-est de l’Écosse. Affecté dans la 4e division, 27e bataillon, 1re compagnie, nous effectuons quelques mois de service et de manœuvres. Il m’arrive alors une histoire extraordinaire, une belle rencontre qui conditionna ma vie après mon retour en France.
Un jour, un monsieur s’arrête à côté de notre caserne. Comme je suis le seul à parler anglais, celui qui l’accueille crie :
« — Allez chercher Liber ! »
J’arrive, j’écoute attentivement la requête de ce monsieur âgé :
« — Je suis catholique, je sais qu’ici il y a une messe tous les dimanches. J’aimerais pouvoir assister à cet office tous les dimanches. »
Je traduis sa demande à mon supérieur hiérarchique, mais il faut poser la question directement à notre colonel. Ce monsieur aimerait que je l’accompagne pour être son interprète, si besoin. Avec l’autorisation de mon capitaine, nous voilà en route dans sa limousine avec chauffeur en gants blancs. Arrivés au PC, il me tend sa carte de visite : Colonel John Gérald Paget Romanes. Descendant d’une illustre et grande famille noble écossaise, les Romanes sont connus dans tout le royaume, mais je ne le savais pas à cette époque. Comme le colonel polonais parle anglais, il reçoit seul son confrère et lui donne la permission d’assister à la messe les dimanches. En me ramenant, le colonel Romanes me remercie et me dit :
« — On se reverra ! »
Le dimanche suivant, la limousine est là, le colonel va à la messe. Il m’invite chez lui à déjeuner, j’obtiens la permission de sortir et me retrouve chez lui, un vrai château situé à Pitcalzean, Nigg, dans le Rossshire. Sa table est aussi longue que belle. Ce scénario se reproduira plusieurs fois. Un jour, je lui annonce que je ne pourrai pas venir le prochain dimanche, car avec plusieurs copains nous avons décidé d’aller au bal. Il me demande comment je compte y aller. Je lui réponds :
« — Comme je pourrai : à pied, en stop, à vélo. »
Il me propose de me prêter sa limousine. Il insiste et me signe un papier m’autorisant à conduire sa voiture. Très fier, et mes copains très excités, nous partons au bal. Quelle n’est pas ma surprise de tomber nez à nez avec mon bon colonel ! Que fait-il là ? Il me demande si je passe un bon moment. Je lui réponds que oui. Je suis déçu, je sais qu’il ne m’a fait que partiellement confiance, qu’il est là pour voir si mes dires étaient justes.
Chez lui, nous jouons régulièrement aux échecs et nous nouons une relation chaleureuse et paternelle. Je croise les dimanches de jeunes Australiens ou d’autres étrangers, des soldats trop éloignés de chez eux pour rentrer régulièrement. Ce colonel aime nous recevoir, il nous offre l’hospitalité le temps d’un déjeuner. À la fin de l’année 1945, il me fait un cadeau somptueux, une montre à gousset en or massif dont je ne me suis jamais séparé.
Un jour, il me confie un projet enthousiasmant : une fois la guerre terminée, il viendra chez moi, en France, avec sa limousine, et de là nous irons à Rome pour une audience avec le Pape. À notre retour, promet-il, il me donnera sa voiture.
D’Angleterre, j’envoie des colis contenant des cigarettes et du chocolat à Janina pour lui permettre de gagner un peu d’argent en vendant ces petites marchandises. Dans une de ses lettres, elle m’écrit de me dépêcher si je veux passer mon bac, car il ne me reste que deux ans pour le faire.
1946… Comme je parle allemand, je suis envoyé en mission pour un mois pour évaluer le mental de prisonniers allemands. J’apprends que le colonel Romanes est décédé. Je demande une permission pour aller à son enterrement, mais elle m’est refusée.
Septembre… Je rentre à Paris, au lycée de Lamandée, avenue Wagram. J’y passe mon bac en 1948.
Il n’y eut donc ni voyage romain, ni entrevue papale, ni limousine dans mon garage. Ma rencontre avec le colonel Romanes fut pour moi un évènement marquant. Je découvris un monde qui m’était totalement étranger. Elle eut aussi une conséquence inattendue. En 1950, les frères du colonel me retrouvèrent et me transmirent, via la Bank of England, un legs de 500 livres, quelque 15 000 euros d’aujourd’hui. Cet héritage était pour moi une somme importante. Était-il une compensation au voyage jamais réalisé ? Il était supposé me permettre de finir mes études, il me permit de construire notre première maison.
Liput
— alias (De sexe masculin) — Élève
1940-1941 ?
Liput Helena
— Élève
15 octobre 1930, Haute-Ham (Moselle), 2e année de gymnase 1943-1944.
Lisowska Maria-Teresa
— Élève
18 juin 1930, Młynów (distr. Dubno, voïv. Volhynie), 2e et 3e année de gymnase 1944-1946 (renvoyée).
Lisowski Jerzy
— Élève
10 avril 1928, Paris, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1942-1945.
Lombard
— Professeur
Professeur de français.
Łuka Łucja
— Élève
30 juillet 1932, Bouligny (Meuse ?), 2e année de gymnase 1945-1946.
Łukasiewicz Władysław
— Élève
27 janvier 1924, Stanisławów, 3e et 4e années de gymnase 1940-1943 (a redoublé la 4e année et quitté Villard après le 1er trimestre).
Łukasiewicz Zofia Ludosława
— alias (Amibe) — Professeur
13 décembre 1901, Krasnosiółka (voïv. Podolie), professeur de biologie et de géographie, surveillante.
Łukomski Zygmunt
— Élève
23 mars 1929, Courcelles-les-Lens (Pas-de-Calais), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1942-1946.
Łuszczynski Władysław
— Élève
1928 (?), Coueron (Loire Atlantique), 1ere de lycée (sciences) 1945-1946.
Maćkowiak Edmund
— Élève
17 octobre 1927, Billy-Montigny (Pas-de-Calais), 3e et 4e années de gymnase 1943-1945.
Madajczyk Maksymilian
— Élève
27 mai 1927, Oignies (Pas-de-Calais), 3e et 4e années de gymnase 1943-1945.
Madej Bronisław
— Élève
7 décembre 1928, Rosières (Cher), 3e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Madej Mieczysław
— Élève
27 mais 1927, Creil (Oise), 3e année de gymnase 1943-1944.
Magdański Władysław Kazimierz
— Élève
29 novembre 1920, Kalisz (voiv. Poznań), baccalauréat passé en candidat externe en 1942.
Maicherack
— Élève
Voir Majkrzak Bolesław.
Majchrzyk Alfred
— Élève
22 juillet 1924, Sosnowiec (voïv. Kielce), 2e année de lycée (lettres) 1944-1945.
Majewski Henryk
— Élève
10 novembre 1921, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Majewski Michał
— Élève
11 novembre 1928, La Motte-Saint-Martin ou La Motte-d’Aveillans (Isère), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Majkrzak Bolesław
— alias (Maicherack) — Élève
12 novembre 1923, Worochta (distr. Nadwórna, voïv. Stanisławów), 2e année de lycée (lettres) 1942-1943.
Majorczyk Zygfryd
— Élève
19 décembre 1929, Douai (Nord), 2e année de gymnase 1945-1946.
Majorkiewicz Krystyna
— Élève
8 décembre 1931, Firminy (Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Makar
— alias (Mokor) — Personnel
Surveillant (1945-1946 ?)
Makomaski Józef
— Personnel
24 avril 1906, Ciechocinek (distr. Aleksandrów Kujawski, voïv. Poméranie), médecin (Villard).
Makosa Stanisław
— Élève
11 août 1931, 1943-1944 ?
Makowski Jerzy
— Élève
7 octobre 1922, Varsovie, 1ere ou 2e année de lycée 1941-1942 ? (n’a séjourné que brièvement à Villard).
Malakowski Kazimierz
— Élève
13 mai 1927, Łanowce (distr. Krzemieniec, voïv. Volhynie), 3e et 4e années de collège 1943-1945 (a quitté Villard avant la fin de l’année de 4e ).
Małasiński Ryszard
— Élève
3 février 1932, Trosly-Breuil (Oise), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Malbos Denise
— alias Née Menot — Professeur
2 août 1918, La Tronche (Isère), professeur de français à partir de 1944, épouse de Marcel Malbos (de nationalité française).
Malbos Marcel
— Professeur
24 octobre 1915, Molière-sur-Cèze (Gard), professeur de français et surveillant (de nationalité française).
Małecki Zygmunt
— Élève
24 juillet 1930, Montjoie (Puy-de-Dôme), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Malewski Stanisław
— Élève
3e année de gymnase 1945-1946.
Stanisław Malewski est né le 4 avril 1929 à Chrzanów, voïv. de Cracovie, Pologne.
Pendant l’occupation de son pays, il suit des cours clandestins organisés par un collège de Varsovie. Sa famille survit à l’insurrection de la capitale.
Début octobre, Stanisław et son père sont embarqués dans un train en direction de l’Allemagne. Long périple au bout duquel Stanisław se retrouve à Villard. Il n’y reste qu’un trimestre qui, dit-il, change son destin.
Il retourne en Pologne, finit ses études, travaille toute sa vie dans l’aviation et la construction d’hélices. Il est très actif dans l’organisation de réunions de Villardiens en Pologne. Il est l’élément moteur du recueil Nasza Szkola.
Il décède brusquement un an après sa publication (1998).
Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
J’ai rejoint le collège et le lycée Cyprian Norwid de Villard-de-Lans alors que son époque héroïque appartenait déjà au passé. L’Allemagne avait été vaincue, une victoire à laquelle beaucoup d’élèves de cet établissement avaient participé. Or, c’était les Allemands qui avaient provoqué malgré eux la création de cette école tout comme la migration forcée de centaines de jeunes Polonais, filles et garçons.
Ma pérégrination a commencé après l’insurrection de Varsovie que j’avais passée en plein centre de la capitale polonaise avec mes parents et mon frère. J’avais alors 15 ans. Quand l’insurrection fut vaincue, le 4 octobre 1944, nous avons gagné Ursus et, dès le lendemain, mon père et moi fûmes contraints de monter dans un train de marchandises qui partait pour l’Ouest. Maman et mon jeune frère furent libérés et purent rester en famille en Pologne.
Notre voyage dura plusieurs jours. Le train s’arrêtait rarement dans les gares. La première était celle de Poznań où l’on nous a donné de l’eau, des fruits, et, plus important que tout, de l’oignon ; à cette étape, nous avons été confortés dans l’espoir qu’on nous emmenait en Allemagne pour y travailler et non pas à Auschwitz. En revanche, notre convoi stoppait au moins une fois par jour en pleine campagne. L’espace dégagé alentour était indispensable aux soldats pour nous surveiller. On nous donnait alors le signal qui permettait de descendre pour nos besoins incontournables. En retournant au train, il nous fallait faire très attention où nous posions les pieds, car nous étions tout de même plus de mille cinq cents. Par ailleurs, le train s’arrêtait également quand il se trouvait dans un secteur où une alarme aérienne se déclenchait. Si au moment de celle-ci il était dans une gare, il repartait aussitôt pour stopper hors de la ville.
Un jour, il n’y est pas parvenu. C’était à Bochum, de nuit. Il quitta la gare pour s’arrêter sur les hauteurs bordant la ville quand un tapis de bombes commença à pleuvoir. Cela dura près de deux heures. Quatre wagons furent atteints par des bombes incendiaires et une vingtaine de personnes périrent. De l’endroit où nous étions arrêtés, on voyait toute la ville. Elle brûlait comme un immense feu de camp qui grandissait au fur et à mesure des largages.
Le lendemain, nous arrivâmes à destination : Wesel, sur le Rhin, et un camp à partir duquel on allait nous disperser vers différentes localités. Au crépuscule, il y eut une alarme aérienne. On s’aperçut que c’était encore la région proche qui était visée, cette fois le pont du Rhin à quelques centaines de mètres de nos baraquements. Ce pont avait attiré notre attention un peu plus tôt à cause de ses ballons protecteurs flottants au-dessus. L’attaque a été menée par un ou deux avions volant très bas. Nous n’avons pas pu voir le résultat du bombardement.
On nous a envoyé travailler aux hauts fourneaux Krupp à Essen. Avec six ou sept camarades de mon âge, nous devions charger des wagons avec du bois de bouleau dont des quantités considérables étaient stockées sur une hauteur de plusieurs mètres près des grands fours. Quasiment chaque jour, il y avait des alarmes aériennes et l’on en percevait les impacts sonores, mais aussi lumineux la nuit, dans les localités environnantes. Nous nous y sommes habitués et, en sus, nous en étions très contents, car c’était pour nous une forme de vengeance pour ce qui était arrivé à Varsovie. Nous étions quelque cinq cents Polonais tous originaires de la capitale et une centaine d’Ukrainiens à vivre au camp, en pleine campagne, à la périphérie de la ville.
Fin octobre, une nouvelle alerte a retenti qui nous concernait de nouveau. Le tapis de bombes sur Essen a commencé à minuit pour durer deux heures. Par chance, aucune bombe n’a frappé notre camp, les plus proches tombant à quelques mètres. Le spectacle était fascinant. L’espace était rempli d’une lumière multicolore dont l’intensité ne cessait de varier. Cela allait du rouge couleur sang des incendies au sol, jusqu’à l’orange, le vert ou le mauve des geysers des bombes à phosphore, jusqu’aux bandes métalliques, couleur étain aux diverses nuances, que formaient dans le ciel au moment de leur largage les grappes de bombes. Tout cela était entrecoupé par les tirs des batteries antiaériennes filant vers le haut telles des perles, et par les lumières croisées des projecteurs. Et sous nos pieds, la terre tremblait !
Au petit matin, nous avons été réunis pour partir en colonne par quatre à la gare centrale dégager les gravats. Très vite, nous avançâmes en cohorte désorganisée. Il fallait grimper et descendre des monticules de terre et de pierres ou passer dans les trous laissés par les bombes. Après quelques heures de cette marche, vers midi, nous arrivions à la gare quand les sirènes se mirent de nouveau à hurler, annonçant une attaque aérienne. Fébrilement, nous nous mîmes à chercher un abri, mais comme nous étions nombreux, on ne voulait nous laisser entrer nulle part. Finalement, on nous dirigea vers un refuge sous une usine. Il était complètement vide, car juste devant, dans la rue, s’était figée une bombe non explosée, mais qui pouvait le faire à tout instant. Il arrivait qu’elles explosent le lendemain, par exemple.
Nous avons attendu l’arrivée des avions. La journée était chaude et le temps très beau, le ciel sans un nuage. Nous sommes restés assis dans la cour de l’usine à nous chauffer au soleil. Personne ne nous dérangeait, il n’y avait plus d’Allemands en vue. Enfin, le grondement vague puis de plus en plus puissant des avions se fit entendre. Ils arrivaient par un côté où ils avaient vue sur notre cour. Nous regardions tous le ciel avec intérêt, car nous avions du mal à croire que la ville allait être bombardée une deuxième fois en douze heures. Les avions volaient très haut et il aurait été difficile de les voir si ce n’étaient les travées de condensations qu’ils laissaient derrière eux. Deux chasseurs ouvraient la voie à des formations de bombardiers quadrimoteurs. Nous avons commencé à compter combien il y en avait. Dans chacune des trois premières, nous en avons compté plus de trente. En portant nos regards plus loin vers l’endroit d’où elles arrivaient, nous avons vu un véritable fleuve de ces formations jusqu’à l’horizon. À ce moment-là, les deux chasseurs arrivés presque au-dessus de nous s’écartèrent et, sitôt après, nous avons entendu le sifflement des bombes. Dans la panique, nous avons gagné l’abri. Le bâtiment trembla et fut pris de sursauts pendant deux heures tandis que nous nous donnions du courage en nous répétant que les Allemands avaient dû correctement construire ce refuge chez eux et pour eux, sans recourir à du matériel de remplacement.
Après ce bombardement, il n’était plus question de déblayer. Tout était en feu. Nous avons pris le chemin de retour « à la maison ». Il commençait à faire sombre au moment où nous approchions du camp, aussi avons-nous d’abord mis sur le compte de l’obscurité le fait que nous n’apercevions pas nos baraquements. En fait, ils n’étaient plus là ! Les plus grosses poutres rougeoyaient encore. Tous les Polonais étaient saufs — plusieurs étaient restés pour du travail à proximité. Une bombe était tombée sur l’abri des Ukrainiens et il y eut beaucoup de morts chez eux. La cavité qu’elle avait laissée faisait plus de vingt mètres de diamètre.
Ce soir-là, nous avons dormi dans une salle de sport de la ville voisine, Müllheim-Ruhr. Le lendemain, on nous a divisés en groupes et, avec cinq autres personnes, j’ai été envoyé à Emailen-Hütte près de Magdebourg, en Bavière, dans un petit atelier privé où je forais des trous dans des poignées pour couvercles de poubelles.
Je cassais beaucoup de forets, on me retira donc leur prix de mon salaire et il ne me resta qu’un mark et demi à la fin de la semaine. Le chef fut très ennuyé en me payant ce maigre salaire. La nourriture était peu calorique même si elle était appétissante. Une Allemande, une ménagère du coin, nous préparait nos déjeuners. Elle recevait peu de produits, mais compensait par les assaisonnements, de sorte que du chou qui flottait dans une grande quantité d’eau avait un excellent goût. Je complétais mon alimentation par des pommes de terre trouvées dans un champ dont la terre était déjà labourée. C’était le mois de novembre, après la pluie le sol hersé était blanc de pommes de terre, il y avait aussi des champignons poussant en nombre dans les taillis proches, personne ne les ramassait, pas plus que les pommes de terre. Des Russes dont quatre familles travaillaient à l’atelier — chacune de trois générations : grands-parents, parents, enfants —, me donnaient du sel. Ils en avaient emporté de Russie, un sac par famille, et c’était leur plus grand trésor.
Après trois semaines à Emailen, Krupp réclama son personnel et on nous emmena à Blankenburg dans la montagne du Hartz. Le travail y était très dur. Plusieurs salles de production des munitions avaient été détruites lors de récents bombardements. Elles étaient littéralement rasées. Plusieurs centaines de prisonniers, surtout des Polonais, y étaient regroupés pour nettoyer le terrain. Le travail consistait notamment à sortir de terre à mains nues les armatures en fer déformées de la construction détruite.
Tout ce temps, j’étais avec mon père. Au bout de deux jours à cet endroit, il décida que nous allions nous enfuir. Mais pour où ? La Pologne ! Le soir du troisième jour, nous sommes allés à la gare acheter des billets pour une destination qui n’excédait pas cinquante kilomètres, car au-delà il nous aurait fallu une autorisation. Nous sommes montés dans un train en direction de Halle, Leipzig, Dresde et Görlitz. Nous stoppions tous les quarante - cinquante kilomètres pour acheter de nouveaux billets. Nous allions aux caisses et si le train n’était pas reparti nous le reprenions en faisant attention de monter dans un wagon dont le contrôleur ne nous connaissait pas. Dans les gares plus importantes, nous nous arrêtions plus longuement pour manger au restaurant : des glaces ou du hareng avec des pommes de terre, car ils ne nécessitaient pas de tickets de rationnement. Un jour, nous avons mieux mangé. Nous étions assis à la même table qu’un officier d’aviation allemand. Quand il a vu que nous ne pouvions pas commander par manque de tickets, il a donné les siens au garçon et nous a fait servir. Juste avant, il nous avait dit reconnaître en nous, à notre accent, des Lettons. Évidemment, la politesse nous empêcha de le détromper.
Nous avions parcouru plus de trente kilomètres et nous étions presque à Görlitz — Zgorzelec en polonais, mais à l’époque la Pologne était encore loin — quand deux messieurs en manteaux de cuir sont entrés dans notre wagon. Outre les billets de transport, ils demandaient également les Ausweis. Ils arrivaient à nous alors que le train s’arrêtait dans une gare et poursuivirent leur contrôle. Nous avons montré nos Kennkarte (NdA : cartes d’identité données par les Allemands aux habitants des pays conquis) de Varsovie. Ils s’étonnèrent que nous voulions nous rendre dans une ville où il n’y avait plus rien. La police nous emmena en simple détention au poste de la ville. Nous passâmes toute une semaine dans une cellule en compagnie remarquable de vingt messieurs représentant douze nations européennes. Il y avait également là un Allemand qui avait tué un cochon. Apparemment, les végétariens sévissaient déjà !
Notre passage devant le juge arriva. Nous étions accusés d’avoir abandonné notre travail sans autorisation. Il y avait un traducteur et, me semble-t-il, quelque chose comme un défenseur. J’ai été relaxé en tant que mineur non responsable de ses actes et dirigé vers le camp de travail local. Mon père, quant à lui, a été envoyé au camp de concentration de Gross Rosen. Son destin est à part. Il me suffira d’écrire qu’il s’enfuit de là-bas pour me retrouver dans l’usine vers laquelle j’avais été envoyé, à Görlitz. Comme à cet endroit les conditions de travail et la nourriture étaient exceptionnellement bonnes, il s’y fit également embaucher.
Görlitz donc, et ses ateliers de réparation de moteurs de voiture. L’usine comptait dans les deux cents personnes, en majorité des Belges et des Hollandais. Les Polonais étaient une quinzaine, femmes et hommes. L’établissement, privé d’abord, avait été fondé en Belgique. Il était dirigé par un Allemand, sa femme et un autre Allemand, un contremaître et puis un Letton qui était deuxième contremaître. L’entreprise fut militarisée dès le commencement de la guerre et transférée à Varsovie. Avec la retraite allemande, le front Est s’en rapprochait, aussi l’usine fut déplacée à Görlitz. Nous habitions tous du côté ouest de la Neisse dans un camp appelé Vomag Lager.
J’ai parlé de la nourriture. Ces ateliers étaient installés à chaque fois sur des terrains de la Wehrmacht. Par la force des choses, nous prenions nos trois repas à la caserne et les plats de la cuisine militaire étaient en conformité avec les rations alimentaires prévues pour les soldats. À un moment donné, alors que le front approchait de Wrocław, on nous a attribué un supplément « de front » comme à tous les soldats qui se trouvaient là. Moi, en tant que mineur, j’avais droit à une ration supplémentaire sous forme de pain, margarine et marmelade ou fromage. Par ailleurs, ma journée de travail était ramenée à six heures. Nous étions deux dans ce cas. Nous devions balayer la salle une fois par jour et aider les Belges au montage des moteurs en les secondant. Comme je l’ai écrit, les ateliers avaient été installés à Varsovie pendant plusieurs années aussi les Belges avaient appris assez de polonais pour que nous puissions nous comprendre.
Février est arrivé, le front était très proche. Les Allemands ont entrepris l’évacuation des ateliers, y compris tous les moteurs à réparer, les machines et les ouvriers. Le matériel fut chargé sur des wagons, les hommes reçurent l’ordre de suivre à pied, sur une distance à peine conséquente, juste trois cent cinquante kilomètres jusqu’à Meiningen près d’Eisenach. Des chariots à deux roues avec de longs limons et des courroies avaient été construits, conçus pour vingt personnes et leurs biens, tirés par dix personnes. Nous Polonais avons eu droit à un chariot plus petit. Mon père et moi ne possédions en tout et pour tout qu’un sac à roulettes en bois pour faire des courses et une couverture, mais il y avait une famille de quatre personnes qui a rempli le tiers du chariot avec ses affaires, et trois femmes avec des petits enfants et beaucoup de balluchons.
Nous avons tiré solidairement le chariot tour à tour, mais seulement jusqu’au premier arrêt qui était à Bautzen ; ces quarante-deux kilomètres ont été faits dans la journée. Après la nuit passée dans des granges, notre groupe polonais a tout aussi solidairement annoncé qu’il n’irait pas plus loin. Nous avions mal aux pieds et plus de forces. Le contremaître qui suivait la colonne en voiture et devait prévoir les arrêts où nourrir son monde nous a fait une attestation disant qu’un tel et un tel travaillaient pour son entreprise. Après quoi, il s’en est allé. Les Belges et les Néerlandais poursuivirent le chemin en convoi, car la direction leur convenait. Quant à nous, nous espérions pouvoir attendre dans le coin l’arrivée du front. Grâce à l’attestation, nous nous sommes installés dans un grand bâtiment préparé pour héberger des milliers d’Allemands : des civils qui fuyaient ou qui étaient évacués de force vers l’Ouest par les autorités allemandes. C’était très bien organisé. Tous recevaient des repas, surtout dans les gares de chemin de fer, sans avoir à présenter le moindre document ; ils pouvaient se reposer un jour ou deux dans les grandes villes-étapes et avaient droit aux soins médicaux.
Au troisième jour, nous avons remarqué que l’un des responsables de l’établissement où nous dormions passait de chambre en chambre avec des hommes inquiétants coiffés de chapeaux ; il leur montrait et expliquait quelque chose. À leurs regards, nous avons compris que nous étions concernés. Un quart d’heure après leur sortie, nous avons filé. Nous sommes allés à la gare, décidés cette fois à nous diriger vers Meiningen. Nous en étions arrivés à la conclusion que rester sur place était trop dangereux.
En quelques jours, nous étions à Meiningen. En route, dans la nuit du 13 au 14 février, notre train avait stoppé à cause d’une alerte aérienne. Il était à dix kilomètres de Dresde. Le spectacle rappelait celui de Bochum ou d’Essen, celui d’une nouvelle ville en feu. J’ai appris plus tard que le bombardement avait duré dix-sept heures. La ville avait brûlé pendant quatre jours.
Nous aurions pu être à Meiningen une demi-journée plus tôt, mais au moment de monter dans le train à Eisenach pour la vingtaine de kilomètres restants, il y a eu une alerte. Nous avons passé une heure dans un abri, car cela tapait dur à proximité. Une fois à Meiningen, nous avons compris que cette ville était précisément l’objectif du bombardement.
Nous avons eu la chance de retrouver notre contremaître. Il était furieux de notre retard de deux semaines. Il hurlait, mais il nous a assuré le gîte et le couvert dans un hangar technique où les premières machines étaient déjà installées. Nous ne voulions rien de plus. Notre bâtiment se trouvait dans une caserne transformée en un immense hôpital militaire ; ce baraquement était le seul à ne pas avoir une croix rouge peinte sur son toit. Pour être en conformité avec la législation, il était séparé des autres par une clôture avec une entrée indépendante.
Début mars, nous avons accueilli Belges et Hollandais, puis, le mois suivant, plus chaleureusement encore les Américains. À partir de là, on nous a transféré dans des camps de DPS (NdA : personnes déplacées) de plus en plus importants. Nous avons fêté la fin de la guerre, le 8 mai 1945 à Mainz ; les Français, qui étaient majoritaires, m’ont surpris, car ils dansaient sur l’air de la Marseillaise à n’en plus pouvoir. Nous étions à peine une vingtaine de Polonais. Des Américains d’origine polonaise qui avaient pris contact avec nous me proposèrent de travailler aux cuisines. J’ai pu alors observer comment ils se conduisaient, ce qu’étaient chez eux les relations entre les officiers et les simples soldats. J’ai travaillé avec eux à peu près un mois au cours duquel je n’en ai jamais vu un se mettre au garde-à-vous. En plus, ils saluaient la tête découverte. Le contraste était frappant avec les usages de l’armée allemande que j’avais eu tout « loisir » d’observer pendant cinq années de guerre.
Début juin, je me suis retrouvé dans un camp de DPS installé dans l’ancienne caserne militaire d’une localité appelée Landstuhl, près de Kaiserslautern. Il y avait là six mille Polonais sous administration polonaise avec une église, un cinéma, des terrains de sport et une école pour les enfants. Des soldats polonais venaient nous voir lors de leur permission. Ils appartenaient aux corps de garde de l’armée américaine stationnés dans la ville proche de Metz où ils gardaient d’immenses magasins militaires. Ils avaient un chapelain qui passait souvent à Lanstuhl. Entre autres activités, ce dernier organisa un pèlerinage à Lourdes auquel je pris part avec un groupe de plusieurs dizaines de personnes. Lors de l’une de ses visites au camp, ce prêtre parla d’examens d’entrée dans un lycée polonais qui auraient lieu à Paris. Nous étions une vingtaine de filles et de garçons en âge d’aller à l’école. Il nous a donné l’adresse et les dates des épreuves. J’ai été le seul à me décider.
Voyager était aisé à ce moment-là. Il suffisait de se poster au bord d’une route et d’agiter le bras. Les chauffeurs des camions américains s’arrêtaient toujours. J’ai passé l’examen d’entrée en quatrième, car j’avais terminé la cinquième en suivant les cours clandestins du collège Zamoyski avant l’insurrection de Varsovie. À ces cours, nous étions par groupes de six élèves, la durée et le nombre d’heures étaient normaux, les professeurs très exigeants, de sorte que nos connaissances étaient impeccables. Aujourd’hui encore, une grande partie de mes connaissances générales remontent à cette unique année de cours. De ce fait, le résultat de l’examen que j’ai passé à Paris a été bon. Mais je n’en savais rien et on me dit de retourner en Allemagne en attendant. Par ailleurs, j’ai été informé que les cours auraient lieu à Paris ou bien à Lille.
Quelque temps plus tard, j’ai appris que j’étais reçu et que je devais me présenter à Villard-de-Lans, près de Grenoble, aux derniers jours de septembre. À ce moment-là, aller en France était devenu plus compliqué, car les frontières se refermaient, mais la vieille méthode de l’auto-stop auprès de chauffeurs américains — et si c’étaient des noirs, c’étaient encore mieux —, marchait parfaitement, car les Français n’avaient pas le droit de stopper les véhicules militaires américains.
À Metz, je me suis présenté chez mon chapelain, qui s’est adressé à son chef. Celui-ci m’a délivré un ordre de mission pour Villard et, au détour, m’a promu au grade de sergent. Je n’étais sans doute pas en tenue très réglementaire, car mes chaussures, mon pantalon, ma chemise et mon manteau étaient américains tandis que mon blouson venait d’un uniforme de tirailleur alpin allemand et il était très chaud. En revanche, je n’avais aucun signe distinctif de ma charge.
Les gendarmes qui contrôlaient les « personnes militaires » dans le train m’ont considéré avec suspicion, mais comme il leur était impossible de m’interroger — je ne parlais pas le français et eux ne comprenaient pas ce qui était écrit sur mon laissez-passer si ce n’est les noms des localités —, ils m’ont laissé tranquille et ne se sont pas compliqué la vie.
À Villard, tout m’a plu d’emblée. Les montagnes, l’hôtel, les classes avec leurs tables placées autour de la salle et la chorale. Le professeur Berger m’a fait entrer à la chorale dès les premiers jours. Ma voix avait une grande tessiture. Il m’a fait faire des gammes puis, comme ennuyé, il me dit :
« – En ce moment, nous avons trop de ténors, tu pourrais peut-être chanter avec les basses ? »
Au bout de deux semaines, le conseil pédagogique m’a fait passer de quatrième en troisième. J’en ai été très heureux, car ainsi je gagnais une année. Cela a satisfait sans doute également le professeur Malbos parce qu’en quatrième j’avais été élu chef de classe. Comme il est normal, les professeurs s’adressent souvent au chef de classe avec des questions générales concernant les élèves ; or, le professeur Malbos ne trouvait en aucune manière langue avec moi, car il ne connaissait pas le polonais ni moi le français. Nous avions besoin d’un traducteur, ce qui l’agaçait beaucoup.
Avec mes camarades, les relations ont aussitôt été agréables et amicales. Ceux de France étaient nombreux à ne recevoir aucun argent de leurs parents ou très peu. Quant à moi, j’étais à l’aise, car je bénéficiais d’une bourse assez importante de la Croix rouge polonaise. Je pouvais donc leur payer assez souvent un billet de cinéma et eux me traduisaient en retour les dialogues.
Je me souviens des excursions en montagne avant la tombée des neiges, puis les glissades en luge ou bobsleigh, les batailles de marrons sortis du réfectoire dans nos chaussettes et bien d’autres petits faits. Je ne suis pas resté très longtemps à Villard, juste le premier trimestre, mais ce bref séjour m’a laissé des souvenirs pour toute ma vie et ils se sont enrichis des rencontres entre anciens qui ont eu lieu ensuite. Ma vie et le métier que j’ai choisi auraient été différents, car en Pologne je serais allé dans une autre classe, j’aurais rencontré d’autres camarades, d’autres circonstances et tout cela influence le cours de la vie.
J’ai quitté Villard quand, de Landstuhl, on m’a informé qu’un transport de rapatriement vers la Pologne aurait lieu. Tous mes proches étaient en Pologne et je voulais être avec eux.
J’ai terminé mes études d’aviation à l’École Polytechnique de Varsovie, je me suis toujours occupé de la construction d’avions et tout particulièrement de leurs hélices. Le métier qui est le mien m’a donné beaucoup de satisfactions et je l’ai toujours accompli avec plaisir.
Malinowski Stefan
— Élève
16 novembre 1923, Montluçon (Allier), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Mańkowski Ryszard
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Marchewicz Alojzy Jan
— Élève
24 novembre 1921, Kościerzyna (voïv. Poméranie), 2e année de lycée 1940-1941.
Marczyk Danuta
— alias (Dioniza) — Élève
25 novembre 1925, Stawiska (distr. Mogilno, voïv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase 1941-1944 (a redoublé la 3e ).
Marczyk Zbigniew
— Élève
28 août 1931, Tarnopol, 1ere année de gymnase 1944-1945.
Marek Janina
— Élève
20 novembre 1927, La Machine (Nièvre), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1943-1946.
Marek Maria
— alias (Mania) — Élève
9 avril 1929, Lyon (Rhône), 2e et 3e années de gymnase 1942-1945 (a redoublé la 3e ).
Markiewicz Aleksandra
— alias (Rena) — Élève
8 avril 1923, Ronchamp (Haute-Saône), 3e et 4e années de gymnase 1942 (arrivée à Villard le 13 avril, « a quitté le lycée le 10 janvier 1944 »).
Markiewicz Marta
— Élève
8 juin 1925, Paris, 3e année de gymnase 1941-1943 (a redoublé, puis quitté Villard au 2e trimestre).
Markiewicz Michał
— Élève
2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Michał Markiewicz est né le 18 septembre 1928, Badonviller (Meurthe-et-Moselle).
Orphelin très jeune, il est élevé dans une famille française et ne parle pas le polonais. Au début de la guerre, il rejoint le centre d’accueil polonais d’Usat-les-Bains dans les Pyrénées. Il entre à l’école communale française et profite des activités diverses organisées par les adultes polonais pour redonner le sourire aux enfants. Ernest Berger, futur professeur au lycée, et son épouse Małgorzata y sont également. Cette dernière lui donne ses premières leçons de polonais.
Les Allemands ferment le refuge. Michał rejoint Villard-de-Lans, d’abord le collège Stella Matutina puis le lycée polonais. À la fermeture du lycée, plutôt que de le suivre à Paris, Michal rejoint le camp de la Courtine où il obtient le baccalauréat. Cet épisode est décrit plus bas.
Michał poursuit ses études à Grenoble, Lyon et Toulouse. Il devient alors ingénieur et travaille pour la Compagnie électrochimique d’Ugines. Michal est très attaché au lycée et à notre association. Il est un fort caractère, vivant, enjoué, très précieux dans nos rassemblements par ses critiques et ses propositions, un acharné supporteur du travail de mémoire que nous effectuons.
Il décède en 2018.
Ce texte fait partie de notre livre Notre école.
À la rentrée scolaire 1945-1946, Villard reçut un nouveau professeur chargé d’un cours intitulé « La nouvelle Pologne », Stefan Wrona. Ce professeur envoyé par l’ambassade polonaise de Paris venait directement de Pologne, et ceci après que la France eût reconnu la nouvelle République populaire de Pologne.
Dès ses premiers cours, la coloration communiste de son enseignement était limpide et il ne s’en cachait pas. À la question posée par l’un de nous pour connaître la position d’un Polonais en cas de guerre avec la Russie, sa réponse était formelle : une guerre contre la Russie était inimaginable depuis que la république bourgeoise avait été remplacée par une république populaire, etc.
J’étais alors en Première Math-Physique et ma chambre, au Parc, était mitoyenne à la sienne. Souvent nous entendions Wrona marmonner à haute voix comme un homme ivre. En réalité, je ne pense pas qu’il fût ivre. Il était malheureux, sans amis, aucun professeur ne frayait avec lui. Des mots qui nous parvenaient à travers la cloison, nous comprenions qu’il se lamentait de ce que les élèves semblaient ignorer la réalité de la Pologne bourgeoise d’avant-guerre. D’autres rares élèves, par intérêt, jouaient les convertis. Marian J., qui voulait traîner au lit le dimanche matin, sollicita son approbation pour ne pas aller à la messe et naturellement il fut encouragé à ne plus y aller.
Pour comprendre l’ambiance qui existait dans ma classe de Première, il faut se souvenir de l’origine des élèves d’alors. Voyons la photo de ma promotion… Un effectif de quatorze élèves. Un ancien de la Wermacht originaire de Silésie qui se trouvait dans un hôpital militaire allemand à Aix-les-Bains au moment de la Libération. Quatre anciens étaient plus ou moins melmbres de l'Armia Krajowa, le plus important mouvement de résistance en Pologne ; ils étaient arrivés de Pologne via l’Allemagne occupée par les Alliés. Un arrivé de Pologne avec sa mère, et dont le père fut retrouvé par la suite assassiné à Katyn. Et huit de l’ancienne immigration. Comme on peut l’imaginer, cette population était globalement peu favorable aux idées de Wrona.
Donc, durant l’année scolaire 1945-1946, la présence de Wrona montrait qu’il y allait avoir un changement dans la destinée de Villard, mais officiellement nous ne savions absolument rien. Chacun avait sa petite idée, mais on n’en parlait pas, ni entre nous ni avec les professeurs qui semblaient figés dans l’incertitude de leur propre décision, tant la présence de Wrona était oppressante. La fin de l’année approchait, et je ne me souviens pas d’avoir été informé que j’aurai à effectuer ma seconde et dernière année de lycée à Paris, où devait se retirer l’école. Toujours cette ambiance pesante et étouffante.
Un camarade plus engagé que les autres, ayant décidé de son non-retour en Pologne, m’informa de la création « probable » d’un cours prébaccalauréat au camp de La Courtine, où l’armée anglaise avait regroupé tous les Polonais qui s’étaient présentés à eux dans les derniers mois de la guerre et qui n’avaient pas été intégrés dans une unité combattante : prisonniers de guerre, déportés politiques ou du travail libérés par l’avance des forces alliées, anciens militaires réfugiés en France, etc. Imbibés de la culture patriotique et anti-bolchevique de Villard, nous fûmes finalement nombreux à nous sentir encore « en guerre » et à ne pas suivre Wrona, mais ceci à titre individuel, sans aucune entente mutuelle.
Une fois parti de Villard, il fallait se préoccuper de rejoindre le camp militaire de La Courtine, connu aussi sous le nom de camp du Larzac. Pour les vacances scolaires de 1946, je rejoignis mes sœurs qui constituaient l’essentiel de ma famille et qui étaient alors infirmières à l’hôpital polonais militaire d’Aix-les-Bains. De là, en septembre, en me déguisant de bric et de broc en militaire et avec des papiers bidon, je gagnai La Courtine. Je fus surpris d’y retrouver six camarades de ma classe, dont une fille ! Franchement, je ne peux chiffrer l’effectif global de ces cours, uniquement 2e de lycée, mais nous devions être grosso modo quatre-vingts élèves dont une trentaine de Villard. Parmi ces derniers, il y en avait quelques-uns qui auraient dû normalement faire leur Première. En se présentant au bac, ils allaient gagner une année.
Le programme scolaire me semble avoir été sérieux et les professeurs compétents. Sur nos diplômes de baccalauréat reçus en fin d’année figuraient les signatures de Jadwiga Aleksandrowicz, Zygmunt Zaleski et Wacław Godlewski. À leur signature, ces deux derniers avaient accolé leur titre de Directeur du Lycée polonais de Villard-de-Lans !
Markiewicz Władysław
— Personnel
1er mars 1920, comptable (Villard).
Maryniak Helena
— Élève
30 avril 1927, Łykornia (distr. Wieluń, voïv. Łódź), 3e et 4e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Maszadro Zdzisław
— Élève
1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Zdzisław Maszadro est né le 12 mai 1923, Siedlce (voïv. Lublin) dans une famille liée de longue date à la France. Son arrière grand-père était élève de l’école des Batignolles. Son grand-père y avait enseigné. Un autre ancêtre avait combattu au sein de l’armée française contre les Prussiens en 1870 et avait péri à Sedan.
Au début de la guerre, Zdzisław arrive en France avec son père. Il s’engage dans l’Armée polonaise à Coëtquidan. Après la débacle, il rejoint le lycée de Villard à l'automne 1940, passe son bac en 1942, entame ses études supérieure à Clermont-Ferrand.
En novembre 1943, il est arrêté par les Allemand et déporté à Buchenwald. En 1945, libéré par les Américains, il rejoint l’Armée polonaise à Paris.
Il est démobilisé en Angleterre. Il s’y établit comme médecin.
Zdzisław décède en 2012.
Maszewski Edward
— alias (Kemp) — Élève
3 février 1922, Skierniewice (voïv. Varsovie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1941 (a quitté le lycée le 14 novembre).
Matelska Zofia
— Élève
6 janvier 1928, Bąlin (distr. Oborniki, voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Materzok Alfred
— Élève
2 juillet 1930, La Machine (Nièvre), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945 (4e année 1945-1946 ?)
Matysik Edward
— Élève
1940-1941 ?
Matzanke Janusz
— Élève
6 octobre 1923, Skierniewice (voïv. Varsovie), 2e année de lycée (sciences) 1943-1944.
Matzner Ferdynand
— Personnel
Commis de cuisine.
Mazur Jan
— Élève
18 avril 1906, 1ere année de lycée 1944-1945 (auditeur libre, a quitté l’établissement).
Meder (Medor)
— Élève
1940-1941.
Meres Zbigniew
— Élève
26 mai 1926, Lwów, 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée 1940-1943 (a quitté Villard au cours du 2e trimestre).
Metelski Aleksander
— Élève
5 septembre 1926, Grodzisk (distr. Nowy Tomyśl, voïv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1945.
Michalak Edward Jakób
— alias (Edward Jacques Adam) — Élève
12 octobre 1924, Paris, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Michalik Tadeusz
— Élève
4e année de gymnase 1940 (a quitté Villard à la fin du 1er trimestre).
Michałowski Henryk
— Élève
21 janvier 1928, Inowrocław (voïv. Poméranie), 3e annéee de gymnase 1941-1942.
Mierzwiński Michał
— Personnel
23 juin 1901, Stanisławów, comptable, responsable du service de polycopie (Villard).
Mierzyński Andrzej
— Élève
30 juillet 1925, Paris, 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1945.
Migodzki Kazimierz
— Élève
3 avril 1924, Przemyśl, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Mihułka Kazimierz
— alias (Michułka) — Élève
15 novembre 1915, Komarno (distr. Rudki, voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1943.
Miklaszewska Bożenna
— Élève
4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1940-1942 (quitte l’établissement à la fin du 2e trimestre).
Miklaszewska Leokadia
— Élève
17 mai 1928, Pontluçon (Allier), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Milecka Helenanée Starzyńska
— Professeur
3 novembre 1886, Varsovie, professeur de mathématiques et responsable de l’internat de Lans.
Miłkowska Zofia
— Élève
15 septembre 1924, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase 1940-1942.
Miszewski Czesław
— Personnel
20 septembre 1909, Varsovie, directeur de l’internat de Lans.
Mlącka Helena
— Élève
24 août 1924, Montluçon (Allier), 4e année de gymnase 1942-1943.
Młynarczyk Józef
— Élève
3 août 1931, Lallaing (nord), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Mocha Franciszek
— Élève
18 février 1921, Babice, 1ere année de lycée (lettres) 1943-1944.
Moczorodyński Marian
— Élève
8 septembre 1923, Mikuliczyn (distr. Nadwórna, voïv. Stanisławów), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943.
Modrowski Jan
— Élève
9 février 1929, Beauvais (Oise), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Mojżesz Janina
— Élève
22 juin 1931, Poigny-la-Forêt (Seine-et-Oise) ou Provins (Seine-et-Marne), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Morawska Wanda
— Élève
30 janvier 1926, Varsovie, 3e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Morkowski Antoni
— Personnel
10 avril 1914, Huchingen (Allemagne), comptable (Lans).
Mróż Marian
— Aumonier
Marian Mroz est né en 1915.
Marian suit ses études supérieures dans des séminaires en Pologne puis en France. Il est ordonné prêtre à Avignon en 1941.
Il devient chapelain pour la légion étrangère, puis aumônier ambulant pour les soldats polonais avant d’être nommé aumônier professeur d’instruction religieuse au lycée de Villard-de-Lans en 1943. Il y enseigne l’éthique, la dogmatique et la catéchèse. Il y reste jusqu’en 1946.
Il continue son office dans les milieux polonais d’après guerre, à Paris, avant d’émigrer au Canada. Il garde des contacts serrés avec notre association, comme en témoigne une abondante correspondance.
Marian décède en 2010.
Mrozek Wacław
— Élève
8 mai 1929, Rosières (Cher), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945. Décédé de maladie à Villard-de-Lans le 3 mai 1945.
Mrozik Stanisław
— Élève
27 avril 1922, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Mroziński Józef
— Élève
11 mars 1920, Moravská Ostrava (Tchécoslovaquie), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1941-1943. Tué au dessus de Cologne (Allemagne) le 23 mars 1945.
Mucha Helena
— Élève
25 mars 1931, Cagnac-les-Mines (Tarn), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Mucha Wanda
— Élève
23 juillet 1928, Cagnac-les-Mines (Tarn), 3e année de gymnase 1945-1946.
Mul Józef
— Professeur
2 août 1906, Kołomyja (voïv. Stanisławów), professeur de mathématiques.
Mularz Mieczysław
— Élève
2 juin 1923, Głowienka (distr. Krosno, voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Nawara Henryk
— alias (Nawarra) — Élève
28 février 1931, Le Martinet (Gard), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Nawara Leokadia
— alias (Nawarra) — Élève
27 mars 1927, Saint-Florent (Gard), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1942-1946.
Nicałek Michał
— Élève
12 juillet 1930, Nisko (voïv. Lwów), 2e année de gymnase 1945-1946.
Niemczycki Zbigniew
— Élève
22 mars 1921, Kowel (voïv. Volhynie), 2e année de lycée 1940-1941.
Nitecki Andrzej
— Élève
30 avril 1925, Sosnowiec (voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Nitecki Mateusz
— Élève
30 avril 1925, Sosnowiec (voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943 (frère jumeau du précédent).
Normand Wanda
— Élève
4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Wanda est née le 2 février 1925 à Łutsk, Pologne.
En juin 1939, Wanda termine sa scolarité au collège Tadeusz Kościuszko.
En mai 1940, la ville est occupée par l’armée soviétique. Wanda et ses parents, citoyens français, après intervention de l’ambassade soviétique, rejoignent la France.
Le 10 décembre 1940, elle est élève du lycée polonais de Villard-de-Lans. Elle y rencontre Tadeusz Kalinowski (voir son parcours) avec qui elle se mariera.
En juin 1942, elle entre dans la Résistance où en tant qu’agent de liaison de la POWN, groupe Sudelle. Elle accomplit plusieurs missions importantes entre Lyon, Grenoble et Marseille en franchissant plusieurs fois la ligne de démarcation et en transportant des documents et du matériel destinés aux unités résistantes de Paris.
En juin 1943, bachelière, elle s’inscrit à l’université de Grenoble où elle brille par ses résultats. Elle n’en continue pas moins ses activités résistantes quand, détachée du groupe Sud, elle assure la liaison entre Paris et l’Alsace-Lorraine en y transportant dans des conditions particulièrement dangereuses, les instructions, les armes et du matériel de propagande. Le nombre total de ses missions atteindra la cinquantaine.
Wanda et Tadeusz Kalinowski rentrent en Pologne en 1950.
Honneurs France
- Citation à l’ordre de la brigade.
- Croix de Guerre (étoile de bronze).
Pologne
- Croix de la Valeur.
- Croix d’or du Mérite.
Nowaczyk Wanda
— Élève
5 mai 1928, Gueugnon (Saône-et-Loire), 3e et 4e années de gymnase 1944-1946.
Nowaczyński Wojciech
— Élève
27 mars 1925, Nisko (voïv. Lwów), 4e année de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1941-1943.
Nowak Bernard
— Élève
21 septembre 1924, Montjoie (Puy-de-Dôme), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1941-1944.
Nowak Janina
— alias (Helena) — Élève
27 septembre 1923, Golina (distr. Konin, voïv. Poznań), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1944.
Nowak Janusz
— Élève
4 août 1931, Noyant (Allier), 2e année de gymnase 1945-1946.
Nowak Julian
— Élève
16 février 1928, Kuttemberg ? (voïv. Lwów), 3e année de gymnase 1944-1945.
Nowak Marian
— alias (Franciszek) — Élève
6 juillet 1930, Robiac (Gard), 2e année de gymnase 1945-1946.
Nowak Wanda
— alias (Danuta) — Élève
22 décembre 1927, Varsovie, 3e année de gymnase 1944-1945.
Nowak Witold
— Élève
9 mars 1928, Youx (Puy-de-Dôme), 3e (4e ?) année de gymnase 1943-1944. Tué le 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors.
Nowakowski Józef Tadeusz
— Professeur
Professeur de polonais, d’anglais et d’instruction civique polonaise.
Nowakowski Tadeusz
— Élève
9 mars 1919, Sosnowiec, 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Nowiński Jan
— Élève
29 avril 1923, Nowe Miasto (voïv. Poméranie), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943. Décédé en 1944 lors des combats de la libération de la Hollande.
Noworyta Andrzej
— Élève
4e année de gymnase 1941 (échoue en décembre au test conditionnant son admission effective, a quitté l’établissement).
Obidniak Karol
— Personnel
1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Karol Obidniak est le 4 janvier 1923 à Krosno, voïv. Lwów, Pologne. Son père, forgeur de cloches, aimerait lui transmettre ses secrets de fabrication, mais Karol, élève médiocre, ne rêve que de gloire militaire.
Il a 19 ans quand il intègre l’armée polonaise au 7e jour de l’invasion allemande de la Pologne. Chute de Varsovie… Karol ne rend pas les armes, mais fuit en Hongrie où il intègre brièvement une école polonaise avant de partir en France rejoindre l’Armée polonaise en formation autour du général Sikorski.
Son unité est défaite. Il est fait prisonnier. Déportation en Autriche, évasion jusqu’en Hongrie, arrestation. Nouvelle évasion d’Autriche, arrestation. Troisième évasion jusqu’à Mulhouse, arrestation et retour en Autriche. Quatrième évasion jusqu’à Paris, Grenoble et Villard-de-Lans et le lycée polonais.
Une courte année à Villard avant d’essayer de rejoindre l’Angleterre. Il passe les Pyrénées, est à nouveau fait prisonnier en Espagne. Il connaît les affres du camp de concentration de Miranda del Obro, est libéré suite à une grève de la faim collective. Il parvient à gagner la Grande-Bretagne et rejoint et les forces aériennes polonaises où il est aviateur.
Fin de la guerre. Karol suit pendant deux ans des cours d’art dramatique. Il rentre alors en Pologne, continue sa formation d’acteur et remporte de grands succès. Il publie une dizaine de pièces, dont une consacrée au lycée polonais, Pensionnaires de l’hôtel du Parc, jouée une dizaine de fois en Pologne entre 1975 et 1983 et autant en Rhône-Alpes en 2009 et 2010.
Karol Obidniak décède en 1988.
Ce texte fait partie du recueil Nasza Szkola, intégré dans notre livre Notre école
Jusqu’au dernier moment, j’ai eu des doutes. Une certaine inquiétude devant la perspective de cette rencontre amicale entre anciens élèves et professeurs du lycée polonais. Je m’y rendais le cœur rempli d’inquiétude, car cela me paraissait absurde de vouloir faire revivre ce qui en l’occurrence jamais ne réussit à revivre, car ce n’est pas un hasard si de telles réunions, des années après, ne sont que littérature et réveillent des aspirations impossibles à satisfaire, des rêves chargés de désillusions.
Donc j’étais angoissé, et cela pour de multiples raisons, en particulier celles qu’il m’était impossible de prévoir. Est-ce que les camarades qui n’étaient pas retournés avec nous au pays, qui avaient fait le choix d’offrir leur énergie, leur jeunesse, leur savoir à la France, est-ce qu’ils allaient nous comprendre ? Est-ce que ce qui jadis nous liait allait se révéler suffisamment fort pour ressurgir à la première poignée de main, à la craintive embrassade ?
Je me mis à observer les camarades installés près de moi dans l’avion qui nous emmenait vers Lyon, trente-deux des quatre-vingt-dix anciens Villardiens vivant en Pologne, et je me sentis un peu apaisé : je ne voyais autour de moi que des visages satisfaits de leur existence, de leurs modestes acquis auxquels je pourrais personnellement souscrire sans crainte de ternir ma réputation.
Ingénieurs, économistes, juristes, médecins, écrivains, poètes — que de destins divers ! Et chacun d’eux peut s’enorgueillir d’avoir apporté avec soi une petite pierre, laquelle implantée en son temps en Pologne est dorénavant une partie intégrée et anonyme de ses fondations. Nous nous connaissons bien, mais individuellement. Que va-t-il se passer lorsque nous nous retrouverons face à face ? Nous d’ici, eux de là-bas. Comment les habitants de Villard vont-ils nous accueillir ? Qui parmi ces derniers se souvient des jours où, sur les pentes neigeuses du Vercors, de jeunes Polonais et de jeunes Français, en dépit des tragédies de la guerre, luttaient avec obstination pour conquérir des médailles sportives : ici le Grand prix de Megève, là le Grand prix des Alpes, ou encore des titres prestigieux aux championnats de France universitaires de slalom, de saut, de descente ? Toute cette vie du temps de guerre, vie de révolte d’une jeunesse bouillonnante, confiante dans la victoire. Qui se souvient de ceux qui perdirent leur vie en combattant le fascisme alors qu’ils n’avaient pas vingt ans ? Qui s’en souvient ? Peut-on faire revivre ce souvenir ? Si cela pouvait réussir, combien plus belle serait la réalité, de combien de sens s’enrichirait-elle !
Je devine que de semblables questions taraudent mes compagnons de voyage. Par chance, le temps avance plus vite que l’avion. Déjà nous survolons les Alpes. Les haut-parleurs s’animent : dans vingt minutes nous atterrissons à Lyon. Attachez vos ceintures ! La température au sol est de 39 degrés. Pensez au décalage horaire… Obéissant, j’avance d’une heure les aiguilles de ma montre.
Nous atterrissons. À la sortie de l’avion, l’impression de pénétrer dans une étuve, l’air surchauffé s’infiltre dans les poumons, dessèche immédiatement la gorge, fait affluer la sueur, paralyse. Devant l’aéroport, un autocar nous attend pour nous conduire à Villard. La nuit tombe. La chaleur ne s’estompe pas. La climatisation n’y change rien. Dans quelques heures, nous serons sur place. Quelques-uns d’entre nous, pour la première fois depuis trente ans, seront confrontés à tout ce qui évoque leur jeunesse, à leurs rêves enfouis dans les crevasses et les ravins du Vercors, curieux de savoir de quelle façon se déroulera cet examen de conscience…
Dans l’autocar, l’excitation monte. J’y succombe à mon tour, scrutant nerveusement du regard tout ce qui m’entoure. Je veux tout voir, mais la nuit nous envahit, nous incitant au repos, et, en dépit de la nervosité empêchant de dormir, je deviens sourd au monde extérieur et m’assoupis avec l’image d’un pays tragiquement défiguré par une catastrophique sécheresse, herbe brûlée. Je me réveille au moment où l’on approche de Villard. Déjà l’air y est différent : toujours brûlant, mais comme plus léger, plus facile à respirer. Nous sommes à 1 040 mètres d’altitude. Nous traversons la station. Petite place du marché, nous reconnaissons de vieux recoins ornés toutefois de nouveaux habits. La fontaine a disparu. Quel dommage !
L’autocar s’arrête au-delà du village, devant le bel hôtel Alsace, à proximité de la piste de luge, là où l’on gagnait les médailles sportives. Je prends une douche, remettant les réflexions à demain. Jusque-là, le voyage se déroule de façon exemplaire. La représentante de l’agence Orbis fait preuve de tact et l’organisation est sans faille.
Vendredi… Notre première journée à Villard s’écoule à échanger fiévreusement nos observations. Comme c’est généralement le cas, chacun se souvient de choses différentes. Mais, imperceptiblement, comme dans une mosaïque où s’assemblent les éléments, l’image du passé commence à se reconstituer.
Samedi 26 juin… Notre assemblée plénière est solennellement ouverte à 10 heures du matin dans la salle de réunion de la mairie. Il y a ceux qui se reconnaissent immédiatement et d’autres qui lisent d’abord les noms sur le badge avant de tomber dans les bras l’un de l’autre avec des mots chaleureux de bienvenue.
Le discours d’ouverture est prononcé par le principal initiateur, le président des Villardiens polonais, Lucjan Owczarek. Le maire de Villard, André Ravix, prend ensuite la parole pour accueillir l’assistance, puis la passe au professeur Wacław Godlewski, ancien directeur du lycée. Ils nous rappellent comment, pendant ces années de guerre, dans ce lieu, une jeunesse polonaise apprenait l’amour de la patrie, les sacrifices, servant d’exemple à leurs camarades français ; qu’ici est née une profonde amitié qui a perduré jusqu’à ce jour ; qu’au nom de cette amitié élèves et professeurs polonais sont tombés au combat aux côtés des Français ; qu’ici, pendant ces années sombres, Français et Polonais ont créé une communauté unique en son genre, débordant de vitalité, riche d’initiatives ; qu’ici naquit la talentueuse chorale scolaire polonaise, fierté non seulement du lycée, mais de tout Villard, contribuant à resserrer plus encore les liens entre Villardiens de sang et de cœur.
Quand et comment est née cette idée, je ne sais, mais les organisateurs ont invité les soixante membres de la chorale de l’Académie de Médecine de Gdansk pour animer la manifestation et rendre hommage aux participants. Ainsi, le dimanche soir, en cette même église paroissiale où chaque dimanche, de 1941 à 1946, chantait la chorale scolaire polonaise, le chœur de l’Académie de Médecine de Gdansk renoue avec la tradition. Une nouvelle génération de Polonais chante dans les murs qui retentissent encore des chants de leurs aînés. Le passé revit. Ce qui, hier encore, paraissait impossible devient réalité. L’église est pleine comme en ce temps-là, mais à la différence qu’elle retentit d’applaudissements, de bis et d’ovations chaleureuses.
Après le concert, un jeune étudiant de Gdansk s’approche de moi :
« – Monsieur, s’il vous plaît, que se passe-t-il ici ? C’est quoi, cette ville ? Ici, ou bien on parle en polonais, ou bien, si c’est en français, on ne parle que de la Pologne ! »
À l’hôtel Alsace, nos conversations avec les camarades de France et d’Angleterre se prolongent jusque tard dans la nuit. Plus d’une dizaine d’entre eux manquent à l’appel : professeurs d’université, enseignants de Grande-Bretagne, France, États-Unis ou Canada ont été empêchés, eu égard aux périodes d’examens. Mais ceux qui sont venus — ingénieurs, médecins, juristes — sont, comme nous-mêmes, attendris en évoquant avec indulgence et affection leurs rêves juvéniles. De même qu’en temps de guerre ils furent sur tous les fronts, eh bien, aujourd’hui, ils participent, avec leurs modestes moyens, mais avec dévouement, aux projets économiques et à la vie publique en France.
Un de mes camarades des bancs d’école, ingénieur en chef d’une usine de câbles s’adresse à moi :
« — J’aimerais tellement rester un jour ou deux ! Mais dès lundi, mon entreprise reçoit un groupe d’ingénieurs arrivant de Pologne. Je veux être présent, je veux qu’ils rentrent au pays en étant plus avertis de ce que nous avons construit ici pour d’autres. »
Quel curieux rassemblement ! pensais-je. Personne pour se vanter, se plaindre, grogner. Encore capables de rêver ! Et ils rêvent. Soudain, le professeur Marcel Malbos, Français de pure souche mais le plus vrai des patriotes polonais que je connaisse, demande le silence :
« Écoutez, nous allons chanter “Lulajże, Jezuniu”
— Mais, Professeur, c’est un cantique de Noël, on ne le chante qu’à cette occasion !
— Aucune importance, c’est une tellement belle mélodie ! »
Que pouvions-nous faire ?… Nous chantâmes, et, doucement, instinctivement, reprîmes en chœur, à quatre voix, comme soutenus et dirigés par l’invisible baguette de notre regretté professeur Berger, formidable mathématicien et maître de chœur.
Dimanche, jour J de la manifestation… Depuis ce 27 juin, une des rues principales de Villard-de-Lans porte le nom de Lycée polonais Cyprian Norwid.
On découvre la plaque commémorative scellée sur la façade de l’hôtel du Parc : « Ici, dans l’ancien hôtel du Parc, fut installé d’octobre 1940 à juin 1946, le Lycée polonais Cyprian Norwid, seul établissement d’enseignement secondaire en Europe occupée. » Suivent les allocutions de circonstance. Le premier à prendre la parole est André Ravix, suivi par Wacław Godlewski. C’est ensuite le tour d’un des chefs rescapés de la Résistance et, pour finir, un discours enflammé du consul de Pologne de Lyon. Sans émettre de jugement sur la qualité de tel ou tel discours, je constate qu’ils rivalisent par la justesse des métaphores, la recherche de la beauté des phrases, une rare inspiration.
La chorale entonne l’hymne polonais « Jeszcze Polska nie zgineła », puis La Marseillaise. Des étudiantes de Gdansk et les participants français présents à mes côtés ne cachent plus leurs larmes. Moments solennels, émouvants, où on sent que les liens fraternels sont aussi sincères et vifs qu’au temps de la dramatique épreuve.
Le déjeuner nous rassemble dans la grande salle à manger de l’hôtel du Parc et les chants choraux retentissent une fois encore dans ses murs. Et quand le soir, à l’hôtel Alsace, ceux d’ici et ceux de là-bas ont du mal à se séparer, se promettant des « revoyures » prochaines, les amis français, cédant une fois encore à notre frénésie, à notre fureur de vivre traditionnelles, allument un feu sur la place du marché et nous entraînent à danser et à chanter jusqu’à l’aube.
Ainsi se terminent ces journées commémoratives, un de mes plus chers et plus heureux souvenirs, un bel hommage à la mémoire de nos disparus. Nos amis français se souviennent de nos héros, ils les gardent dans leur mémoire et dans leur cœur. Ils déposent des fleurs au pied d’un monument portant les noms de ceux qui sont tombés lors des combats communs. Ce monument, dans le style des chapelles montagnardes de Pologne, est l’une des douze stations du chemin de Croix qui serpente non loin de la route conduisant de Villard-de-Lans à Vassieux, là où ont eu lieu les plus sanglants combats entre les Résistants et les Allemands.
Et chez nous, en Pologne, qu’avons-nous fait pour garder vivace cette mémoire, pour la perpétuer, pour la préserver de l’oubli ?
Ochman Leszek
— Élève
18 avril (août ?) 1922, Stanisławów, 1ere année de lycée 1940-1941.
Ofiara Stefania
— Élève
5 août 1928, Kolbuszowa (voïv. Lwów), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Ogierman Józef
— Élève
12 août 1921, Bielszowice (distr. Katowice, voïv. Silésie), 3e année de gymnase 1940-1941.
Okrasa Stefan
— Élève
9 mai 1920, Skolimów (distr. et voïv. Varsovie), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Olak Zbigniew
— Élève
18 mars 1922, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase 1941-1943.
Olejarczyk Janina
— Élève
12 novembre 1928, Kostarowce (distr. Sanok, voïv. Lwów), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Oliński Julian
— Élève
Voir Opryszek Julian.
Olszewska Klara
— Élève
28 janvier 1925, Skurpie (distr. Działowo, voïv. Varsovie), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Olszewski Tadeusz
— Élève
3e année de gymnase 1940 (a quitté Villard à la fin du 1er trimestre).
Opryszek Julian
— alias (Oliński) — Élève
9 septembre 1930, Montigny-en-Ostrevent (nord), 2e année de gymnase 1945-1946.
Orlicz Jerzy
— Élève
1ere année de lycée 1940 (a quitté Villard à la fin du 1er trimestre).
Antoni est né le 4 juin 1925 à Biez (Bieżyń ?), Pologne. Il est le fils de Józef et de Maria Tabisk.
Le 1er juin 1944, Antoni, célibataire, exerce le métier de maçon et habite à La Mure. Avec comme prénom Antoine, il s’engage dans le 1er-10e bataillon FTPF agissant sur le Secteur 5.
Le 11 août, une quarantaine de jeunes de la région de La Mure, avec parmi eux, Antoine, Franciszek Janda, Stanislas Nowak et Wladimir Zuk, veulent participer aux combats contre l’occupant. Leur groupe se dirige vers La Morte pour rejoindre au lac du Poursollet la section Porte du groupe mobile n° 3 de l’Armée secrète au Secteur 1. Vu leur effectif et leur inexpérience, ils ne sont pas intégrés à l’unité et font demi-tour. Une unité de la Wehrmacht venue de la région de Gap en passant par le col de Lus-la-Croix-Haute investit le plateau de la Matheysine.
Le 12 août, elle rejoint Laffrey puis La Morte. Elle a pour mission de sécuriser la vallée de la Romanche, voie de passage possible des unités de la Wehrmacht stationnées à Grenoble voulant rejoindre l’Italie. Arrivée par le hameau du Désert, à La Morte, elle canonne le secteur du lac du Poursollet où elle sait que des résistants sont en poste.
Le 13 août, Nowak, de retour du lac du Poursollet, trouve que ses sept camarades font trop de bruit en se déplaçant dans les broussailles. Il passe en tête du groupe pour leur montrer comment se déplacer discrètement. Repéré, il est abattu. Les autres, dont Antoine, sont arrêtés peu de temps après au hameau de la Blache où ils sont questionnés, torturés, frappés puis enfermés dans un local.
Le 14 août, mains liées, ils sont abattus.
Le 17 août, avertis de la découverte des corps à 300 mètres des maisons du lieu-dit de la Combas (ou Combaz), les gendarmes de la brigade de La Mure, font exhumer les corps et font les constatations suivantes : « Tous ont été sauvagement frappés au visage et sur tout le corps. Tous ont été lâchement abattus d’une rafale de mitraillette et d’une balle dans la nuque. Aucun d’eux n’est porteur de pièces d’identité ou de valeur ». Deux ont été enterrés vivants, la présence de terre dans leur bouche en atteste. Les corps sont transportés au dépositoire du cimetière de La Mure. La famille Pabiz identifie le corps d’Antoine.
Le 19 août, il est inhumé au cimetière de la Mure. Sa tombe porte le prénom Antoine.
Honneurs France
- Mort pour la France.
- Résistant des Forces françaises de l’Intérieur.
- Médaille d’Interné résistant.
Autres honneurs
- Monument à La Morte, Alpe du Grand-Serre.
- Monument aux morts de Susville.
- Monument aux FFI et résistants de la Matheysine, Morts pour la France, à La Mure.
Orłowska Irena
— Élève
9 décembre 1931, Avion (Pas-de-Calais), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Orłowski Marian
— Élève
19 mai 1918, New York (Etats-Unis), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Orzechowska Maria
— Élève
5 septembre (octobre) 1929, Chełmża (distr. Toruń, voïv. Poméranie), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 2e ).
Osmecki Jerzy
— Élève
20 janvier 1928, Varsovie, 3e année de gymnase 1941-1942.
Ossuchowski
— Professeur
Professeur de polonais.
Ostrowska Danuta
— Élève
2 janvier 1931, Montbard (Côte-d’Or), 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Owczarek Jerzy Kazimierz
— Élève
5 septembre 1925, Sézanne (Marne), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1944.
Owczarek Lucjan Stanisław
— Élève
28 septembre 1921, Łagiewniki (distr. Wieluń, voïv. Łódź), 2e année de lycée 1940-1941.
Owczarek Ryszard Antoni
— Élève
12 novembre 1923, Wieluń (voïv. Łódź), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943.
Ożóg Tadeusz
— Élève
16 avril (?), Opoczno (voïv. Kielce), 2e année de lycée 1940-1941.
Pacan Teresa
— Élève
19 janvier 1931, Angevillers (Moselle), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Pacer Jadwiga
— Élève
7 février (novembre) 1927, Kasparcz (?), 2e gymnase 1942-1945 (a redoublé la 3e ).
Pacer Urszula
— Élève
18 (17) janvier 1932, Le Chambon-Feugerolles (Loire), 1er et 2e années de gymnase 1944-1946.
Pach Jadwiga
— Élève
6 mai 1931, Katowice (voïv. Silésie), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Pach Krystyna
— Élève
14 mars 1922, Nowy Sącz (voïv. Cracovie), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Pactwa Alfred
— Élève
10 décembre 1921, Cracovie, 1ere année de lycée 1940-1941.
Pałasz Ignacy
— Élève
14 décembre 1923, Olszanica (distr. Lesko, voïv. Lwów), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1944.
Palewicz Jarosław
— Élève
6 juin 1922, Kołomyja (voïv. Stanisławów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Palmbach Marek
— Élève
6 mars 1929, Varsovie, 2e et 3e années de gymnase 1942-1944. Tué dans le maquis de Saône-et-Loire en 1944.
Palmbach Włodzimierz
— Élève
6 avril 1923, Varsovie, 1ere année de lycée 1940-1941.
Pałucki Zbigniew
— Élève
21 août 1921, Łomża (voïv. Białystok), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Pańczak Wanda
— Élève
30 juillet 1930, Paris, 3e anne de gymnase 1945-1946.
Panek Ludwik
— Élève
15 juillet 1923, Karczlin (voïv. Poznań, 4e année de gymnase 1943-1944.
Paucha Eugeniusz
— Élève
2e de lycée 1945-1946.
Pawlak Henryk
— Élève
4 février 1931, Montluçon (Allier), 2e année de gymnase 1943-1944.
Pawlikowska Anna
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Pawłowski Leon
— Élève
8 avril 1924, Guesnain (Nord), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (sciences) 1942-1944. Tué le 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors.
Pazowski Ryszard
— Élève
1ere année de lycée (sciences) 1941-1942 (a quitté Villard en février).
Piasecki Stanisław
— Élève
1er avril 1931, Skępe (distr. Lipno, voïv. Poméranie), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Piechowiak Alfred
— Élève
1er septembre 1926, Gniezno (voîv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase 1941-1944 (a redoublé la 3e ).
Pierożyński Stanisław
— Élève
28 mai 1920, Dokszyce (distr. Dzisna, voïv. Wilno), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943 (non classé en 2e année de lycée).
Pierścianowski Zbigniew
— Élève
21 mars 1921, Cracovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942 (a quitté l’établissement avant le baccalauréat).
Piętka Edyta Aniela
— Élève
2 février 1930, Montluçon (Allier), 2e année de gymnase 1945-1946.
Piętka Franciszek
— Élève
3e année de gymnase 1940-1941.
Pilecki Janusz Andrzej
— Élève
24 juin 1924, Varsovie, 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1940-1942.
Pillich Dyonizy
— Élève
21 avril 1928, Bort-les-Orgues (Corrèze), 2e et 3e années de gymnase 1942-1944.
Piór Józef
— Élève
10 mars 1929, Roanne (loire), 2e année de gymnase 1943-1944.
Piś Zdzisław
— Élève
1er novembre 1923, Załucz (distr. Śniatyń, voïv. Stanisławów), 1ere et 2e années de lycée (lettres litt.) 1944-1946.
Pleban Tadeusz
— Élève
8 juillet 1917, Minsk (URSS, Biélorussie), 3e année de gymnase 1942-1943.
Pluta J.
— Élève
2e année de lycée (sciences) 1941-1942 (sur la base d’une photo).
Pogorzelski Andrzej
— Élève
28 novembre 1929, Varsovie, 1ere de lycée (sciences) 1945-1946.
Polaczek Stefan
— Professeur
Professeur de latin et surveillant.
Poprawa Mieczysław
— Élève
17 mai 1920, Stanisławów, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Potempski Władysłw
— Élève
8 juin 1914, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Potocka Maria
— Personnel
Directrice de l’internat de Lans.
Potocki Andrzej
— Élève
1945-1946 ? (selon K. Siebeneichen)
Potocki Artur
— Élève
1945-1946 ? (selon K. Siebeneichen)
Proksa Zbigniew
— Élève
25 janvier (juin ?) 1924, Toruń, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943 (a passé le baccalauréat en candidat externe en 1945).
Przekowiak Eugenia
— Élève
5 octobre 1925, Przyranie (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Przekowiak Władysława
— Élève
14 janvier 1927, Przyranie (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 4e ).
Przeździk Lidia
— Élève
15 février 1928, Sobków (voïv. Kielce), 4e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Przeździk Maria
— Élève
25 mars 1925, Białowkeża (voïv. Białystok), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1941-1944.
Przeździk Marian
— Élève
14 février 1931, Commentry (Allier), 2e et 3e anénes de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Puchala Marian
— Personnel
12 janvier 1896, infirmier (Villard).
Puget Jan
— Professeur
Professeur de dessin.
Puget Zbigniew
— Professeur
24 septembre 1901, Varsovie, professeur de dessin.
Puskarz Jan
— alias (Puszkasz) — Élève
7 mars 1922, Piadyki (distr. Kołomyja, voïv. Stanisławów), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942, 2e année 1943-1944 (a quitté Villard le 1er janvier).
Radowska Jadwiga
— Élève
27 mars 1922, Rotterdam (Pays-Bas), 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Radzik Janus
— Élève
Voir Sochacki (nom véritable).
Rajfura Jan
— Élève
27 décembre 1921, Sosnowiec (voïv. Kielce), 2e année de lycée (sciences) 1943-1944.
Rajfura Stanisław
— Élève
16 avril 1928, Champagny (quatre départements possibles), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Ratajczak Stanisław
— Élève
2e année de lycée 1942-1943.
Ratajewski Stanisław
— Élève
1er septembre 1924, Kokosów (distr. Gostynin, voïv. Varsovie), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Ręczelewski Edward
— Élève
24 février 1923, Augustów (voïv. Białystok), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Regent Janusz
— Élève
2 janvier 1923, Radom (voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Reginis Apolonia
— Élève
22 (29 !) février 1930, Montluçon (Allier), 2e année de gymnase 1944-1946 (a redoublé).
Regulska Anna
— Élève
19 décembre 1923, Varsovie, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943.
Reissenberg
— Professeur
Enseignant.
Renn Edward
— Élève
5 avril 1926, Lyon (Rhône), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Video
Interview d'Édouard Renn, une jeunesse Lyonnaise (Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors).
Roll Józef
— Élève
14 mars 1921, Mielnica Podolska (distr. Borszczów, voïv. Tarnopol), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (sciences) 1940-1942.
Romeyko Jerzy
— Élève
Échoue au baccalauréat en candidat externe en 1945 (1946 ?)
Romeyko Olgierd
— Élève
18 septembre 1922, Varsovie, 1ere année de lycée 1940-1941.
Romeyko Tadeusz
— Élève
7 juillet 1926, Grodno (voïv. Białystok), 2e année de lycée (lettres) 1944-1945.
Rose Maria
— Élève
19 décembre 1924, Varsovie, a passé le baccalauréat en candidate externe (scolarisée dans un établissement français) à l’automne 1941.
Rosiński Henryk
— Élève
29 mai 1927, Tuchola (distr. Międzychód, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1943-1944.
Rostalska
— Élève
21 février 1927, Anielin (?), 3e année de gymnase 1942-1943 (a quitté Villard au cours du 2e trimestre).
Roznerski T.
— Professeur
Professeur de polonais.
Rudka Krystyna
— Élève
29 août 1926, Gniew (distr. Tczew, voïv. Poméranie), 4e année de gymnase 1941-1942, 1ere année de lycée 1943-1945 (a redoublé).
Rudkowski Stanisław
— Élève
28 mai 1922, Kosów (voïv. Stanisławów), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1941-1943.
Rułka Jerzy
— Élève
9 juillet 1924, Lublin, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Rusek Bronisława
— alias (Franciszka) — Élève
25 août 1923, Cracovie, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Rutkowska Anna
— Élève
11 mai 1928, Saint-Etienne (Loire), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Rutkowski Józef
— Élève
26 juin 1929, Lidzbark (distr. Nowe Miasto, voïv. Poméranie), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Sadkowski Piotr
— Élève
13 (30) janvier 1932, Będzin (voïv. Kielce), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Sadowski Stanisław
— Élève
8 mai 1912, Ożarów (distr. Opatów, voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Sady Władysława
— Élève
7 mars 1928, Krynica (voïv. Cracovie), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 4e ).
Sagaż Stanisław
— Élève
24 avril 1923, Czortków (voïv. Tarnopol), 1ere année de lycée 1940 (« a quitté le lycée à la fin du 1er trimestre »).
Schaetzel de Merxhausen Stanisław
— Élève
30 avril 1924, Zawadka (distr. Kałusz, voïv. Stanisławów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Schaetzel de Merxhausen Tadeusz
— Élève
6 janvier 1928, Varsovie, 2e , 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1941-1945.
Senków Stefan
— Élève
15 septembre 1926, Iwanie Puste (distr. Borszczów, voïv. Tarnopol, ou distr. Dubno, voïv. Volhynie), 2e année de gymnase 1942-1943.
Siebeneichen Jadwiga Barbara
— alias Wisia — Élève
26 août 1924, Varsovie, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Siebeneichen Jan Maciej
— Élève
8 janvier 1934, Ville libre de Dantzig, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Siebeneichen Kazimierz Marian
— Élève
25 février 1927, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase 1941-1944 (a redoublé la 4e ), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1944-1946 (baccalauréat obtenu à Houilles en août 1946).
Siebeneichen Maria Joanna
— Élève
13 janvier 1930, Ville libre de Dantzig, 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Siwek Tadeusz
— Élève
25 juin 1917, Cracovie, 2e année de lycée (sciences) 1941 (renvoyé pour raisons disciplinaires le 21 novembre).
Siwek Wacław
— Élève
7 avril 1931, Le Chambon-Feugerolles (Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Skąpski Roman
— Élève
2e année de gymnase 1940-1941.
Skiba Leopold
— Élève
1ere année de lycée 1940 (« est parti après le 1er trimestre »).
Skinder Adam
— Élève
1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Adam Skinder est né le 20 mai 1921 à Grybów (distr. Nowy Sącz, voïv. Cracovie), dans une famille d’enseignants.
Quand la guerre éclate, il s’engage et combat avec le 1er régiment de chasseurs du Podhale. Fait prisonnier, il est interné en Hongrie puis gagne la France et rejoint l’Armée polonaise.
En 1940, blessé au cours des combats de la bataille de France, il va à Lyon où il est soigné à l’hôpital militaire Desgenettes. Il apprend la création du lycée polonais Cyprian Norwid à Villard-de-Lans, le rejoint et y finit en deux ans ses études secondaires.
1942. Pendant ses années lycée, il est brièvement résident à l’hôtel de Milan au Bourg-d’Oisans dans les circonstances décrites dans ses souvenirs (voir plus bas). À l’automne, il est étudiant à Grenoble grâce à une bourse de la Croix-Rouge polonaise et réside à l’hôtel Basset à Uriage-les-Bains. Il prend contact avec la Résistance française.
Le 13 juillet 1944, Adam, qui à cette date dit résider au 14, rue Villebois Mareuil à Lyon, est arrêté à Uriage-les-Bains quelques jours après une attaque de la Résistance du maquis de l’Oisans contre le château d’Uriage, alors lieu de formation de la Milice française. Il est emmené dans les locaux de la police allemande à Grenoble. Le 15 juillet, il entre à la prison Montluc, à Lyon. Le 11 août, il monte dans un convoi de plus de 600 hommes, femmes et enfants juifs et non juifs, résistants ou non (voir les parcours de Alojzy Szulik et Maria Sokolowska). Le convoi s’éloigne de Lyon pour rejoindre la région parisienne, mais il est détourné vers Strasbourg en raison de l’avancée des troupes alliées.
Le 18 août, 222 hommes entrent au camp de concentration de Natzwiller-Struthof (Bas-Rhin). Adam est parmi eux. Début septembre, la totalité de l’effectif du camp est acheminée vers le camp de concentration de Dachau.
Le 5 mai 1945, devant l’avance des troupes américaines, les SS désertent le camp. Adam est rapatrié en France. Il rejoint Villard-de-Lans pour reprendre des forces. Il retrouve Irena Sopbuzic, ancienne élève du lycée. Ils se marient. En 1946, ils retournent en Pologne. Adam exerce diverses fonctions dans l’enseignement professionnel.
Oeuvre
Adam a décrit dans Mój Villard de Lans (Mon Villard-de-Lans) ses souvenirs du lycée. Une grande partie a été traduite et publié dans Notre école
Skira Bogdan Andrzej
— Élève
22 mars 1930, Strasbourg (Bas-Rhin), 2e année de gymnase 1945-1946.
Skorupski Mieczysław
— Élève
4e année de gymnase 1940-1941 (« renvoyé au camp » au cours du 2e trimestre).
Skowrońska Józefa
— Élève
10 juin 1927, Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 2e ).
Skraba Boleslaw
— Professeur
24 février 1913, Siemianówka, professeur de mathématiques.
Skrodzki Tadeusz
— Professeur
10 septembre 1906, Tarnów (voïv. Cracovie), professeur de chant.
Skuza Józefa
— alias (Skuzówna) — Élève
14 mars 1928, Pacanów ou Małe Karsy (probablement Małe Końskie, distr. Opoczno, voïv. Kielce), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1942-1946.
Ślezakowski Zbigniew
— Élève
11 juin 1932, Sosnowiec (voïv. Kielce), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Ślotała Wiktoria
— Élève
23 décembre (avril) 1928, Stachy (distr. Wilejka, voïv. Wilno), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Słowikowski Jerzy
— Élève
3e année de gymnase 1940-1941.
Słupnicka M.
— Professeur
Professeur de polonais.
Ślusarczyk Mieczysław
— Élève
9 avril 1931, Le Martinet (Gard), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Śmigielski Stefan
— Élève
9 août 1923, Lublin, 4e année de gymnase 1941-1942.
Smolarek Jan
— Élève
2 février 1928, Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme), 2e et 3e années de gymnase 1942-1944.
Smolarski Zenon
— Élève
9 juillet 1929, Bessège (Gard), 2e et 3e années de gymnase 1943-1946 (a redoublé la 3e ).
Smoliński Bogdan
— Élève
12 juillet 1921, Toruń, 2e année de lycée (lettres) 1941-1942.
Smutna Danuta
— Élève
3e année de gymnase 1941-1942 (a quitté Villard le 13 mars).
Smutny Jerzy
— Élève
28 décembre 1923, Lwów, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943 (a redoublé la 1ere ).
Smyczyńska Krystyna
— Élève
10 février 1929, Pruszków (voïv. Varsovie), 3e et 4e années de gymnase 1943-1945 (a redoublé la 4e ), 1ere année de lycée 1945-1946.
Smyczyński Tadeusz
— Élève
7 juillet 1926, Pruszków (voïv. Varsovie), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Sobusik Irena
— Élève
20 juin 1928, Paris, 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Sochacki Janusz
— Élève
28 décembre 1922, Zwierzyniec (distr. Zamość, voïv. Lublin), 2e année de lycée 1940-1941.
Sojka Janina
— alias (Sójka) — Élève
13 février 1932, Lens (Pas-de-Calais), 2e année de gymnase 1945-1946.
Sokołowska Maria
— Professeur
Maria est née le 15 août 1914 à Krzeszowice, ville de l’Empire d’Autriche-Hongrie.
En 1942, Maria est professeure de français au lycée polonais de Villard-de-Lans.
Du 1er novembre 1943 au 1er juillet 1944, elle est agent P2 au sein du réseau F2 et y agit sous les noms de guerre de Danielle et de Puget.
Le 9 mars 1944, elle arrêtée par la police allemande à son domicile à Biviers, près de Grenoble. Elle est conduite dans ses locaux à Grenoble. Le 15 juillet, elle est transférée et enregistrée comme entrant à la prison Montluc à Lyon. Le 11 août, elle monte dans un convoi de plus de 600 hommes, femmes et enfants juifs et non juifs, résistants ou non (voir les parcours de Alojzy Szulik et Maria Sokolowska). Le convoi s’éloigne de Lyon pour rejoindre la région parisienne, mais il est détourné vers Strasbourg en raison de l’avancée des troupes alliées. Après être passées par la gare qui dessert le camp de de Natzwiller-Struthof dans le Bas-Rhin, les 64 femmes groupées dans un même wagon sont acheminées jusqu’à Berlin, puis vers Ravensbrück. Le 22 août, Maria est enregistrée comme entrant au camp de concentration de Ravensbrück.
En avril 1945, devant l’avancée des troupes soviétiques, les SS évacuent la plupart des prisonniers et abandonnent le camp. Quand les troupes soviétiques découvrent le camp, il n’en reste plus que quelque 3 500. Maria en fait partie. Elle rejoint la France.
Honneurs France
- Résistante des Forces françaises combattantes, réseau F2.
- Médaille de Déportée résistante.
Sokołowski Jan
— Élève
14 décembre 1919, Masznica (?), 2e année de lycée 1940-1941.
Sokołowski Zygmunt
— Élève
14 décembre 1926, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase 1940-1943 (a redoublé la 4e ).
Sołyga Tadeusz
— Élève
27 avril 1925, Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944.
Sopoćko Janusz
— Élève
1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Janusz est né le 28 janvier 1925 à Leszno (voïv. Poznań,Pologne). Avant-guerre, Janusz suit une formation à l’école militaire des cadets de Lwów, puis de Rawicz. Il en sort aspirant.
Dès le début de l’invasion de la Pologne, son père, colonel officier de carrière, quitte la Pologne et passe en Roumanie où il est interné. Il rejoindra plus tard la Grande-Bretagne. Son frère sert comme cadet sur un bateau qui se trouve au Maroc. Il gagne la Grande-Bretagne, s’engage dans la marine et trouve la mort en 1943 sur le destroyer Orkan.
Janusz et sa mère se réfugient en Roumanie, puis en France : d’abord Paris où il est élève du premier lycée polonais Cyprian Norwid. La France et Paris sont envahies. Les Sopoćko gagnent le refuge polonais de Juan-les-Pins. Janusz y apprend par Janusz Zakrzewski (voir son parcours) que le lycée polonais a été refondé à Villard-de-Lans. Il le rejoint à l’automne 1940 et le quitte en juin 1942, baccalauréat en poche.
Janusz rejoint la POWN en 1941. Sous le nom de guerre de Jean, il est agent de renseignement puis de recrutement du secteur Dauphiné pour les départements Hautes-Alpes, Isère, Savoie et du secteur Littoral méditerranéen. Il agit en Isère notamment à Grenoble sous le commandement d’Antoni Kedzierski (voir son parcours). Janusz est affecté dans le secteur de la Côte d’Azur, puis dans celui des Pyrénées orientales.
En avril 1943, avec son ami Janusz Zakrzewski, ils reçoivent l’ordre du colonel Jaklicz de rejoindre l’Angleterre pour y intégrer l’armée polonaise. Ils sont arrêtés au Boulou, près de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Ils sont incarcérés dans la citadelle de Perpignan. Après des interrogatoires particulièrement sévères, ils sont envoyés à Royallieu, au camp de transit, triage et affectation (frontstalag 122), situé à Compiègne.
Le 25 juin, ils sont acheminés vers un camp de concentration du II Reich. Le 27 juin, ils arrivent à Buchenwald. Ils sont enregistrés comme déporté relevant de l’opération Meerschaum (Écume de mer) dont l’objectif est de gérer plus rationnellement l’affectation des prisonniers à la production de guerre allemande. Ils reçoivent les numéros de matricule 14821 et 14822. Ils déclarent tous deux avoir des compétences de serrurier. Il est aussi est noté que Janusz parle le français et approximativement l’allemand, qu’il est étudiant en médecine, que sa mère habite à Vic-sur-Cère (Cantal). Janusz est affecté au Blok 59 puis 31. Il travaille dans un kommando à Weimar-Gustloff, à l’usinage de culasses de canon et à la fabrication de fusils. Il participe à des actions de Résistance. Il reçoit d’un Antoni Jarrycki, domicilié à Lyon, un secours financier pour ses petits achats au camp. Et il retrouve Zygmunt Lubicz-Zaleski, fondateur du lycée polonais de Villard-de-Lans, son professeur.
Début avril 1945, lors de l’évacuation de la plus grande partie des détenus de Buchenwald vers le camp de Flossenbürg puis vers celui de Dachau, son train est bombardé. Il faut continuer à pied : près de 260 kilomètres. Fin avril, devant l’avancée des troupes américaines, les SS abandonnent le camp de Dachau. En mai, Janusz est à Paris. Lors de son examen médical, il est noté que sa dernière résidence est à Vic-sur-Cère, qu’il a perdu 18 kilos, porte une cicatrice de plaie par éclats de bombe à la jambe gauche et qu’il est à surveiller sur le plan pulmonaire.
En 1950, en instance de naturalisation comme Français, Janusz est étudiant en médecine à Paris. Il obtient son diplôme en 1957 et pratique en banlieue parisienne.
Honneurs France
- Citation à l’ordre du régiment.
- Croix de Guerre 39-45 (étoile de bronze).
- Médaille de Déporté résistant.
- Médaille de la Reconnaissance française (étoile d’argent).
Pologne
- Croix du Mérite (glaives).
Sosnowski Wiesław
— Élève
7 juin 1920 (1922), Siekanów (sans doute voïv. Silésie, car ancien élève du lycée de Rybnik avant-guerre), 1ere année de lycée 1940-1941.
Soszko Ryszard
— alias Henryk — Élève
3 avril 1920 (13 mars 1922), Radzyń Podolski (voïv. Lublin), 1ere année de lycée (sciences) 1942-1943.
Sowiński Janusz
— Élève
1942-1943 ?
Spychała Stefania
— Élève
13 août 1928, Auby-lez-Douai (Nord), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Sroka Leokadia
— Élève
3e et 4e années de gymnase 1940-1942.
Stączek Zdzisław
— Élève
25 mai 1921, Drohobycz (voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Stadnikiewicz Bogusław Tadeusz
— Élève
23 mai 1926, Cracovie, 4e année de gymnase 1941-1942.
Staniszewski Aleksander Henryk
— Élève
8 mai ?, Zbąszyń (distr. Nowy Tomyśl, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1945-1946.
Stąpor Jan
— Élève
26 juin 1930, Sedan (Ardennes), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Stąpor Michał
— Élève
10 septembre 1925, Świerczów (distr. Rzeszów, voïv. Lwów), 1ere année de lycée (sciences) 1943-1944. Tué en août 1944 par les Allemands alors qu’il rentrait de Villard dans sa famille.
Staromiejski Kazimierz
— Élève
1er janvier 1921, Buczacz (voïv. Tarnopol), 1ere année de lycée 1941 (finalement non admis au lycée, faute d’avoir réussi l’examen d’admission le 22 décembre).
Staroń Tadeusz
— Élève
24 mars 1930, Szczawo (distr. Wąbrzeźno, voïv. Poméranie), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.
Stefanowicz Jadwiganée Ambroziewicz
— Professeur
10 octobre 1894, Tomaszpol (Russie, actuellement en Ukraine), professeur de polonais.
Steffen Tadeusz
— Professeur
8 juin 1903, Niewodnica (distr. et voïv. Białystok), ingénieur de profession, professeur de physique et surveillant.
Stejskal Eugeniusz
— Élève
1942-1943 ?
Stemal Emilia
— Élève
23 juillet 1929, Blaye-les-Mines (Tarn), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Strona Julian
— Personnel
Gardien.
Strycharski Józef
— Élève
19 septembre 1920, Cologne (Allemagne), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Strzyżewska barbara
— Élève
4 décembre 1927, Poznań, 4e année de gymnase 1945-1946.
Stupkiewicz Helena Zofianée Lenk
— Personnel
1910, surveillante.
Stupkiewicz Stanisław
— Professeur
30 novembre 1910, Raków près de Minsk (Russie, actuellement en Biélorussie), professeur de polonais.
Suchy Wiktor
— Élève
24 septembre 1919, Katowice (voïv. Silésie), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942, renvoyé le 28 février pour « négligence constante et obstinée des devoirs scolaires ». Tué à Ypres le 7 septembre 1944 lors des combats de la libération de la Belgique.
Surowiec Bolesław
— Élève
30 novembre 1928, Brusno Nowe (distr. Lubaczów, voïv. Lwów), 2e année de gymnase 1943-1945 (a redoublé).
Świadkowska Zofia
— Élève
17 mars 1924, Cracovie, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1942-1943.
Świątek Władysława
— Élève
27 septembre 1923, Grodziec (quatre voïvodies possibles), 1ere année de lycée (sciences) 1943-1944.
Świerzbutowicz Hanna
— Élève
31 mai 1924, Grodno (voïv. Białystok), 2e année de lycée 1940-1941.
Świgoń Marian
— Élève
18 novembre 1929, Freymng-Merlebach (Moselle), 3e et 4e années de gymnase 1943-1945.
Świtacz Grzegorz
— Élève
3 janvier 1924, Łanowce (distr. Krzemieniec, voïv. Volhynie), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée 1940-1942.
Szafran Piotr
— Élève
21 juin 1931, Annecy (Haute-Savoie), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Szaj Henryk
— Élève
9 juin 1918, Öspel (Allemagne), 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942.
Szaliński Aleksander
— Personnel
Comptable (Lans).
Szara Wanda
— Élève
29 juillet 1929, Gueugnon (Saône-et-Loire), 2e année de gymnase 1945-1946.
Szaszkiewicz Helena
— Élève
10 octobre 1928, Roś (distr. Wołkowysk, voïv. Białystok), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Szaszkiewicz Jerzy
— Élève
12 mars 1926, Roś (distr. Wołkowysk, voïv. Białystok), 1ere et 2e années de lycée (lettres modernes) 1942-1944.
Szaszkiewicz Józef
— Élève
20 février 1930, Roś (distr. Wołkowysk, voïv. Białystok), 3e année de gymnase 1944-1945.
Szaszkiewicz Krzysztof
— Élève
26 juin 1927, Roś (distr. Wołkowysk, voïv. Białystok), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1942-1944.
Szczap Irena
— Élève
19 novembre 1923, Lipie (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1944.
Szczap Marian
— Élève
6 février 1927, Lipie (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Szechowski Michał
— Élève
1ere année de lycée 1940, a quitté Villard après le 1er trimestre.
Szemborska Janina
— Élève
7 février 1933, Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais), 2e année de gymnase 1945-1946.
Szewczyk Danuta
— Élève
18 août 1924, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Szewczyk Zbigniew
— Élève
29 septembre 1925, Radom (voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943.
Szostak Henryk
— Élève
6 juin 1930, Saint-Etienne (Loire), 1ere année de gymnase 1944-1945.
Szostak Józef
— Élève
19 mars 1931, le Chambon-Feugerolles (Loire), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 3e ).
Szostak Julian
— Élève
4 janvier 1931, Ligota (distr. Kępno ou Krotoszyn, voïv. Poznań), 1ere année de gymnase 1944-1945.
Szostak Zofia
— Élève
28 janvier 1929, Woroszów (sans doute Woroszył, distr. Święciany, voïv. Wilno), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Szpiega Bolesław
— Élève
25 novembre 1922, Zogórzyce (distr. Pińczów, voïv. Kielce), 2e année de lycée 1940-1941.
Szulmajer Kazimierz
— Élève
25 mars 1913, Głowaczów (distr. Kozienice, voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Szuperski Józef
— Élève
11 novembre 1922, Zaleszczyki (voïv. Tarnopol), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Szwajda Bogulława
— Élève
23 septembre 1929, Méricourt (Pas-de-Calais), 4e année de gymnase 1945-1946.
Szwejka Jadwiga
— alias (Szweika) — Élève
26 (29) janvier 1930, Montluçon (Allier), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 4e ).
Szwejka Józef
— alias (Szweika) — Élève
1er février 1928, Montjoie (Puy-de-Dôme), 3e année de gymnase 1942-1943.
Szybka Marian
— Élève
11 août 1922, Opatów (distr. Kępno, voïv. Poznań), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942. Tué en Normandie à Falaise le 20 août 1944.
Szymańska Józefa
— Élève
4 février 1929, Zalesie Małe (distr. Krotoszyn, voïv. Poznań), 2e année de gymnase 1945-1946.
Szypszak Jerzy
— Élève
2 mai 1931, Le Creusot (Saône-et-Loire), 2e année de gymnase 1945-1946.
Tarło-Maziński Zygmunt Włodzimierz
— Professeur
24 avril 1889, Brodziewko (distr. Ciechanów, voïv. Varsovie), ingénieur de profession, professeur de philosophie et d’astronomie.
Tarnowski Stanisław
— Élève
8 avril 1923, Sokal (voïv. Lwów), 4e année de gymnase et 1ere année de lycée (lettres) 1940-1942.
Tepper Helena Anna
— Élève
25 février 1932, Noeux-les-Mines (Pas-de-Calais), 2e année de gymnase 1945-1946.
Tomalak Jerzy
— Élève
15 octobre 1926, Borków (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1943-1946.
Tomasik Józef
— Élève
16 juin 1925, Marles-les-Mines (Pas-de-Calais), 4e année de gymnase 1941-1943 (a redoublé).
Tomczak Janina Krystyna
— Élève
14 avril 1930, Calonne-Liévin (Pas-de-Calais), 2e année de gymnase 1945-1946.
Tomiczek Mieczysław
— Élève
3e année de gymnase 1940-1941.
Toporowska Janina
— Élève
25 août 1930, Le Martinet (Gard), 2e et 3e années de gymnase (a redoublé la 3e ).
Trojanowska Krystyna
— Élève
25 septembre 1930, Varsovie, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Trok Tatiana Maria
— Élève
25 avril 1927, Wilno, 3e et 4e années de gymnase 1944-1946.
Trybuszewski Edward
— Élève
8 juillet 1920, Myszków (distr. Zawiercie, voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Twardochleb Jan
— Personnel
Aide-cuisinier.
Tyczyński Rudolf
— Élève
échec au baccaulauréat 1945 en candidat externe.
Tyniec Zofia
— Personnel
10 octobre 1898, aide-cuisinière, plongeuse.
Tyszkiewicz Jadwiga
— Élève
14 février 1925, Pogorzele (distr. Krotoszyn, voïv. Poznań), 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Uhma Franciszek
— alias (Ubmar ?) — Élève
1ere année de lycée 1940-1941.
Ułaszyn Jerzy
— Élève
1er septembre 1925, Poznań, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1945 (a redoublé la 1ere année de lycée).
Urbaniak Stanisław
— alias (Urbanek) — Élève
25 janvier 1925, Le Martinet (Gard), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1943-1946.
Uszyński Aleksander
— alias (Olek) — Élève
24 août 1927, Varsovie, 1ere année de lycée (sciences) 1945-1946.
Valentin Ewa
— Élève
20 décembre 1922, Dąbrowa Górnicza (voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Valentin Iwona
— alias (Yvonne) — Élève
16 juillet 1925, Dąbrowa Górnicza (voïv. Kielce), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1944.
Vogelgesang Tadeusz
— alias (Vogielgesang) — Élève
22 octobre 1930, Okopy Świętej Trójcy (distr. Borszczów, voïv. Tarnopol), 1ere et 2e années de gymnase 1944-1946.
Wachowicz Zofia
— Élève
13 mai 1932, Cracovie, 1ere année de gymnase 1945-1946.
Wągrzyk Franciszka
— Personnel
Aide-cuisinière.
Wajda Antoni
— Élève
reçu au baccalauréat 1945 en candidat externe.
Wajs Lola Weisss Halina
— Élève
2e année de lycée 1945-1946.
Walcuch Julian
— Élève
14 octobre 1918, Cracovie, 2e année de lycée (sciences) 1941-1942.
Walencikiewicz
— Élève
3e année de gymnase 1943-1944.
Walentynowicz Tadeusz
— Élève
Walewicz Tadeusz
— Élève
17 novembre 1920, Wierzbno (distr. Jarosław, voïv. Lwów), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Wanclik Elżbieta
— Élève
13 février 1930, Cagnac-les-Mines (Tarn), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Wandycz Piotr
— Élève
20 avril 1943, Cracovie, 2e année de lycée 1940-1941.
Wasiak Edmund
— Professeur
27 octobre 1910, Poznań, professeur d’éducation physique.
Wasiak Marianée Jaworska
— Professeur
23 décembre 1912, Strasbourg (Bas-Rhin), professeur de biologie.
Wawak Helena
— Élève
6 décembre 1922, Moravská Ostrava (Tchécoslovaquie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1944 (a redoublé la 1ere année)
Wawak Jan
— Élève
25 novembre 1911, Porąbka (distr. Żywiec, voïv. Cracovie), 2e année de lycée 1940-1941.
Wawrzacz Emilia
— Élève
7 août 1929, Farciennes (Belgique), 2e et 3e années de gymnase 1942-1945 (a redoublé la 3e ).
Wawrzacz Irena
— Élève
8 juin 1928, Péronnes-lez-Binche (Belgique), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Ważny Ludwik
— Élève
1ere année de lycée 1940-1941 (« parti faire des études à Grenoble en février »).
Węc Jan
— Élève
20 décembre 1929, Wróblowa (distr. Jasło, voïv. Cracovie), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (sciences) 1940-1943.
Wędrowska Albertyna
— Personnel
Figure sur la liste des paies des services administratifs (Villard, 1945).
Wędrychowski Józef
— Élève
15 octobre 1922, Lwów, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1943 (a redoublé la 2e ).
Węgiel Zygmunt
— Élève
6 octobre 1931, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Węgierkiewicz Halina
— Élève
29 juin (août) 1924, Kielce, 4e année de gymnase, 1ere et 2e anénes de lycée (sciences) 1940-1943.
Węgrzyn Józef
— Élève
12 avril 1919, Zasów (distr. Dubno, voïv. Volhynie), 1ere année de lycée (sciences) 1942 (a quitté Villard après le 1er trimestre).
Welfle Tadeusz Jan
— Personnel
30 juillet 1896, Pułtusk (voïv. Varsovie), médecin (Villard). Disparu en Vercors fin juillet 1944.
Wesołek Ludmiła
— Élève
31 décembre 1928, Poznań, 4e année de gymnase 1945-1946.
Wicha Władysław
— Élève
3 juin 1904, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943, décédé le 13 décembre 1984.
Wieczorek Maria
— alias (Malinka) — Élève
30 janvier 1929, 1ere de lycée (sciences) 1945-1946.
Wielgomas Roland
— Élève
20 avril 1924, Siedlce (voïv. lublin), 3e et 4e années de gymnase 1940-1943 (a redoublé la 4e ).
Wierzbicka Janina
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Wierzbicka Maria
— Élève
21 octobre 1925, Varsovie, 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1944.
Wiliamski Mieczław
— Élève
1ere année de lycée (sciences) 1940-1942 (a redoublé, puis renvoi pour négligence constante des obligations scolaires).
Wilk Eugeniusz
— Élève
1er décembre 1923, Mirocin (distr. Przeworsk, voïv. Lwów), 4e année de gymnase 1941-1942, 1ere année de lycée (sciences) 1942-1944 (a redoublé).
Wilk Ludwik
— Personnel
Menuisier, maquisard FFI. Tué fin juillet 1944 près d’Autrans (Isère).
Wiśniewska Dauta
— Élève
3e année de gymnase 1941-1942.
Wiśniewska Janina
— alias Wiesniewska — Élève
9 juin 1928, Thionville (Moselle), 3e et 4e années de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1941-1946 (a redoublé la 3e année de gymnase).
Wiśniewski Jan
— Élève
9 février 1919, leszno (distr. Grodzisk Mazowiecki, voïv. Varsovie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Witkiewicz
— Élève
1943-1944.
Witkowski Leszek
— Élève
22 février 1920, Równe (voïv. Volhynie), 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée 1941-1944 (a redoublé la 2e année de lycée).
Witkowski Zdzisław
— Élève
5 décembre 1918 (Złoczów, voïv. Tarnopol, dans le registre figurait la mention, rayée par la suite : 5 décembre 1921, Mława, voïv. Varsovie), 4e année de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1940-1941, 2e année de lycée 1941-1942.
Właśniak Łucja Augustyna
— Élève
15 juillet 1931, Saint-Florent (Gard), 2e année de gymnase 1945-1946.
Włodarczyk Cecylia
— Élève
8 juin 1930, La Talaudière (Loire), 2e année de gymnase 1943-1944.
Wojciechowski Tadeusz
— Élève
4 janvier 1920, Krams (distr. Konin, voïv. Poznań), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Wojdat Leszek
— alias (Woydatt) — Élève
7 juillet 1926, Wilno, 4e année de gymnase, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1943).
Wojtecka Krystyna
— Élève
1er septembre 1931, Gawronki (distr. Łęczyca, voïv. Łódź), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Wojtera Zygmunt
— Élève
21 mars 1919, Roszczepa (distr. Radzymin, voïv. Varsovie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Wolańki Edward
— Élève
12 septembre 1921, Sandomierz (voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Wolański Adam
— Personnel
5 décembre 1915, Ryków, économe et magasinier (Lans).
Wolf Jerzy
— Élève
2 février 1925 (1924), Paris, 1ere et 2e années de lycée 1940-1941, renvoyé le 24 novembre 1941, baccalauréat 1943 obtenu en candidat externe.
Wołoszyn Mikołaj
— Personnel
26 octobre 1906, commis de cuisine.
Wolski Edward
— Élève
10 janvier 1920, Jarosław (voïv. Lwów), 2e année de lycée (lettres) 1942-1943.
Woźiczko Elżbieta
— Élève
3 janvier 1928, Cransac (Aveyron), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1944-1946.
Woźniak Ryszard
— Élève
6 février 1931, Radomsko (voïv. Łódź), 1ere année de gymnase 1945-1946.
Woźniak Stefania
— Élève
7 janvier 1928, Cagnac-les-Mines (tarn), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Wróbel Bolesław
— alias (Stanisław) — Élève
1ere année de lycée 1940-1941.
Wróbel Olga
— Élève
20 novembre 1928, La Tronche (Isère), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1946 (a redoublé la 4e ).
Wróblewska Teodozja
— Élève
27 octobre 1929, Czastary ou Czartary (distr. Wieluń, voïv. Łódź), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1942-1945.
Wrona Stefan
— Professeur
Professeur d’éducation civique polonaise, directeur adjoint du lycée 1945-1946.
Wykusz Władysław
— alias (Wykurz) — Élève
17 août 1917, Szczuczyn (voïv. Nowogródek), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Wyparło Michał
— Élève
18 juillet 1927, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 3e année de gymnase 1944-1945.
Wyszkowski Bolesław
— Élève
4 juin (avril) 1919 (Lwów), 2e année de lycée 1940-1941.
Zabrocka Irena
— Élève
21 avril 1925, Decazeville (Aveyron), 3e et 4e années de gymnase, 1ere année de lycée (lettres) 1941-1945 (a redoublé la 3e année de gymnase).
Zagórski Stanisław
— Élève
15 avril 1923, Chorzów (voïv. Silésie), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942 (son nom véritable était peut-être Graczykowski Józef).
Zając Tadeusz
— Élève
15 juin 1931, Saint-Florent (Gard), 1ere année de gymnase 1945-1946 en tant qu’auditeur libre.
Zaklińska Wanda
— Élève
21 novembre 1923, Varsovie, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Zaklukiewicz Stanisław
— Élève
17 décembre 1922, Zbaraż (voïv. Tarnopol), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1940-1942.
Zakrzewski Janusz Zdzisław
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Janusz est né le 7 mai 1924 à Poznań (Pologne). Il est le fils d’un officier d’état-major aux nombreux changements d’affectation dont le dernier l’amène à Bucarest.
Le 1er septembre 1939, Janusz, est à Varsovie. Il est scout, affecté à une équipe de défense aérienne avec pour mission d’éteindre les feux causés par les bombes incendiaires. Quand la Pologne est envahie, il se replie avec l’armée polonaise en Roumanie puis rejoint Paris d’où il tente sans succès d’aller en Angleterre. Il gagne Saint-Jean-de-Luz, Bordeaux et Nice où il rencontre Kazimierz Fabierkiewicz, le directeur du lycée polonais Cyprian Norwid de Paris maintenant fermé. Janusz est dirigé vers le refuge polonais de Juan-les-Pins où il rencontre Janusz Sopoćko. Ils apprennent la création d’un nouveau lycée polonais Cyprian Norwid à Villard-de-Lans. Ils le rejoignent à son ouverture à l’automne 1940.
En 1941, Janusz obtient le baccalauréat et entre à l’Institut polytechnique de Grenoble, département électricité. Il rejoint la POWN et circule entre Grenoble et Lyon.
En avril 1943, avec Janusz Sopoćko, ils reçoivent l’ordre du colonel Jaklicz de rejoindre l’Angleterre pour y intégrer l’armée polonaise. Ils sont arrêtés à Le Boulou, près de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Ils sont incarcérés dans la citadelle de Perpignan. Après des interrogatoires particulièrement sévères, ils sont envoyés à Royallieu, au camp de transit, triage et affectation (frontstalag 122), situé à Compiègne.
Le 25 juin, ils sont acheminés vers un camp de concentration du II Reich. Le 27 juin, ils arrivent à Buchenwald. Ils sont enregistrés comme déporté relevant de l’opération Meerschaum (Écume de mer) dont l’objectif est de gérer plus rationnellement l’affectation des prisonniers à la production de guerre allemande. Ils reçoivent les numéros de matricule 14821 et 14822. Ils déclarent tous deux avoir des compétences de serrurier. Il est aussi noté que Janusz parle le français, l’allemand et l’anglais, qu’il est étudiant en électrotechnique, que sa mère Anatolia réside à l’hôtel du Manoir à Vic-sur-Cère (Cantal).
Janusz est affecté au blok 59. Il passe par plusieurs kommandos de travail (carrière, usine métallurgique, construction de voies ferrées). Au cours de cette période, le camp est bombardé et ses effets personnels sont détruits. À quatre reprises, il reçoit un secours financier pour les petits achats au camp d’un Kazimierz Urbańczyk, domicilié à Lyon. Après une tentative d’évasion, il est envoyé au camp central où il rencontre Zygmunt Lubicz-Zaleski (voir le parcours suivant), directeur du lycée polonais de Villard-de-Lans, son professeur. Il tombe alors malade et entre à l’infirmerie du camp.
Début avril, la plupart des détenus sont évacués en train vers Flossenbürg. Janusz n’en est pas. L’organisation clandestine des prisonniers prend le contrôle du camp. Le 11 avril 1945, quand l’armée américaine arrive, les détenus leur remettent les SS qu’ils ont capturés. Janusz, très malade, est rapatrié vers la France.
Dans les semaines et les années qui suivent, Janusz, souffre de tuberculose. Il fait des séjours au sanatorium d’Hauteville (Ain). Il y rencontre sa future compagne. En 1948, revenu en Pologne, Janusz reprend ses études d’électricité à l’École polytechnique de Varsovie. Elles le mèneront à une brillante carrière dans son pays et en Afrique.
Honneurs France
- Médaille de Déporté résistant.
Janusz Zakrzewski témoigne dans Notre école
Je suis arrivé à Villard pour l’année scolaire 1940-1941 avec mon ami Janusz Sopoćko. Il a rejoint la classe de Seconde et moi celle de Première. Au lycée, chacun de nous a vécu sa vie indépendamment de l’autre. Avant et après notre séjour à Villard, au contraire, nous avons été très liés.
Le professeur Zaleski était, quant à lui, indéniablement celui qui jouissait de la plus grande autorité morale et intellectuelle à Villard. Je ne parlerai pas ici de ce que le lycée lui devait en tant que fondateur, de l’ambiance qui y régnait ou du niveau de l’enseignement donné dans la mesure où ce sont là des mérites connus de tous. En revanche, il me semble pertinent de noter une rencontre avec le professeur Zaleski que Janusz Sopoćko et moi avons faite hors du lycée.
Les aléas de la guerre voulurent qu’avec Janusz nous nous retrouvâmes au camp de concentration de Buchenwald. Nous y étions déjà depuis plusieurs mois lorsqu’un jour nous avons aperçu dans un groupe de nouveaux arrivants notre professeur en tenue de déporté, au regard perdu à ce qu’il nous sembla. L’inquiétude nous gagna de voir un homme de pareille envergure, tellement sensible et auquel nous tenions, projeté dans des conditions de vie spécialement élaborées pour détruire les êtres tant physiquement que moralement. Nous courûmes le rejoindre avec le désir enthousiaste de lui venir en aide dans la mesure de nos possibilités et surtout de lui remonter le moral. La première question que nous lui adressâmes fut : « Comment allez-vous, Monsieur, quelle est votre situation ? » En nous apercevant, il eut ce sourire particulier que nous connaissions si bien et il répondit : « Tout va très bien, Madame la marquise ». Aucune trace d’effondrement psychologique. Nous eûmes l’impression qu’il acceptait ce qui lui arrivait avec un calme philosophique absolu. Par la suite, nous lui avons fréquemment rendu visite au Blok où il habitait (le verbe « habitait » sonne étrangement dans les circonstances du camp). Nous cherchions à augmenter sa ration alimentaire avec de la nourriture arrivée par colis ou que nous avions réussi à nous procurer par d’autres moyens : du pain contre des cigarettes, ou de la soupe récupérée au Blok des expérimentations. Notre professeur était réticent à accepter notre aide et cherchait à nous convaincre qu’elle était plus utile aux jeunes.
Un jour, nous avons été avertis que des étrangers, des détenus originaires de l’est de l’Europe, s’intéressaient sérieusement à notre professeur en affirmant qu’il était un politicien polonais de haut rang, ennemi juré du communisme. Or qui sait ce qui peut passer par la tête de fanatiques politiques, même en détention. Nous nous sommes alors mis à clamer partout ostensiblement que le détenu Zaleski était enseignant et que c’est par pur hasard qu’il avait le même nom qu’un politicien polonais. L’affaire se tassa heureusement très vite.
Peu de temps après, nous fûmes envoyés en kommando, comme s’appelaient les groupes de travail forcé : moi à Cologne, Janusz à Weimar. Je perdis contact avec notre professeur jusqu’à ignorer ce qu’il était devenu. Je sais aujourd’hui qu’il a survécu au camp et a pu gagner la France après la guerre
Zaława Józef
— Élève
21 novembre 1928, Cagnac-les-Mines (Tarn), 2e année de gymnase 1943-1944.
Zaleski Zygmunt-Lubicz
— Professeur
27 septembre 1882, Klonowiec (distr. Radom, voïv. Kielce), professeur de polonais, fondateur et premier directeur du lycée.
Jeunesse
Zygmunt Lubicz-Zaleski nait le 29 septembre 1882 à Klonowiec-Koracz dans la région de Radom. Il est l’aîné des quatre enfants de Piotr Zaleski et Zofia Arkuszewska, une famille de propriétaires terriens faisant partie de l’élite intellectuelle du pays. Il passe ses jeunes années à Klonowiec, dans la petite propriété acquise grâce à la dot de Zofia et gérée par Piotr, qui est ingénieur agronome et souhaite que son fils puisse faire comme lui dans l’Empire russe. Piotr se fixe comme tâche d’élever ses enfants dans l’amour et l’attachement à la Pologne et dans le respect des valeurs d’honnêteté et de noblesse. Zofia est pianiste et c’est d’elle que Zygmunt hérite du goût de la musique.
À l’initiative de Zofia, la maison et les terres sont vendues pour que la famille s’installe à Radom. Zygmunt trouve ses parents sévères et exigeants, mais les principes qu’ils lui transmettent l’accompagnent tout au long de sa vie. Un accident sérieux marque son enfance : il se casse la jambe à cause d’une mauvaise chute de cheval. Malgré les efforts des médecins, il ne s’en remet jamais tout à fait et boite toute sa vie. Cette infirmité fait qu’élevé en véritable patriote, il ne peut jamais combattre pour la Pologne autrement que par sa parole et par sa plume.
Zygmunt s’intéresse beaucoup à l’art. Depuis l’enfance, il envisage de devenir pianiste, mais pour son père ce n’est pas un vrai métier puisqu’il ne permet pas de gagner d’argent. Il a d’ailleurs d’autres projets pour son fils. Zygmunt le respecte beaucoup et ne veut pas le décevoir. Après d’âpres négociations, il s’inscrit à l’école polytechnique de Varsovie en section ingénierie civile.
À partir des années 1880, les territoires occupés par la Russie connaissent une deuxième phase de russification. L’éducation en est le moyen privilégié. Cette politique se heurte à une forte opposition dans la population.
Élevé dans un esprit patriotique, Zygmunt se rapproche naturellement de l'Union des jeunes Polonais (ZET), qui réfléchit à l'avenir d'une Pologne indépendante. Avec quelques camarades, parmi lesquels Jan Purwin et Stanisław Gieysztor, ils s’organisent et se forment pour pouvoir agir. Zygmunt entraîne rapidement son jeune frère, encore lycéen à Radom, dans ses activités clandestines.
Zygmunt observe de près les influences extérieures sur la situation d'un royaume de Pologne sous tutelle russe. Il est très actif et son travail souterrain n’échappe pas à l'atttention des autorités. Au début de l’année 1905, tous ceux qui dirigent des activités visant à détacher le Royaume de Pologne de l’Empire russe sont arrêtés. Zygmunt se trouve parmi eux. Il est enfermé au Pavillon X de la Citadelle de Varsovie. C’est un lieu marqué par la souffrance et la mort. Depuis 1833, le pouvoir russe a transformé l’endroit en cellules destinées à regrouper les prisonniers politiques. Plusieurs centaines y sont exécutés, des milliers d’autres sont déportés et envoyés à l’exil. Pendant son internement, Zygmunt est renvoyé de l’université. Par chance, au bout de six mois, il retrouve la liberté et sa place parmi les étudiants. Il sait néanmoins qu’il peut être de nouveau arrêté à tout instant. Un ami haut placé de son père lui fait comprendre qu’il va être condamné à la déportation en Sibérie. C’est là qu’il décide pour la première fois de s’exiler.
Exils
Zygmunt Lubicz-Zaleski part avec son ami Jan Purwin pour étudier la philosophie à Berlin, puis à Munich. En 1908, il rentre au pays où il obtient un poste d’enseignant en histoire de la littérature polonaise dans plusieurs établissements, dont le lycée Konopczyński. Les autorités russes continuent d’observer ses moindres faits et gestes. Menacé d’être à nouveau arrêté, il est de nouveau contraint à l’exil. Il part pour Paris.
Âgé de 26 ans, déjà bien formé par son expérience, il se retrouve à Paris au milieu de jeunes Polonais éduqués, émigrés depuis peu en France. Il se lance dans de nouvelles études — qu’il réussit brillamment — à l’École des hautes études sociales. Il écrit un mémoire intitulé La lutte pour l’école polonaise. Il correspond avec plusieurs journaux en Pologne auxquels il envoie articles, analyses, mais aussi critiques littéraires consacrées à la poésie française, démontrant de grandes connaissances en cette matière. Il côtoie de nombreux artistes polonais, comme Tadeusz Makowski, Xawery Dunikowski ou encore Olga Boznańska. De Zygmunt, Dunikowski sculpte un buste, Boznańska peint plusieurs portraits, Makowski fait un portrait qui se trouve aujourd’hui au Musée National de Varsovie et illustre un tome de ses poésies intitulé Entre le rêve et l’orage.
Grande Guerre
Le 28 juin 1914, l’Archiduc austro-hongrois François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo par des militants de la cause serbe. L’histoire s’accélère, c’est le début de la Première Guerre mondiale. Zygmunt Lubicz-Zaleski enseigne alors la langue polonaise à l’École des hautes études sociales. Il travaille aussi à l’École des langues orientales et vivantes. Il veut participer aux combats, mais son invalidité l’en empêche. Il entame donc un cycle de conférences et de cours destinés aux élites françaises sur la littérature polonaise, la culture, la situation politique. Il considère que la culture est la meilleure arme des Polonais, y compris pour ceux de l’émigration.
La France et la Russie sont liées depuis 1893 par un pacte militaire. Les intellectuels français ne peuvent s’imaginer une Pologne indépendante de la Russie, ce qui semble d’ailleurs impossible d’un point de vue politico-militaire. La seule solution est donc de convaincre les élites françaises que la Pologne et la Russie ne peuvent pas former un seul état, que ce sont deux nations distinctes. Zaleski s’y emploie et l’on dit à l’époque que c’est grâce à ses conférences que les Français peuvent redécouvrir la Pologne. L’armistice entre l’Allemagne et les puissances de l’Entente est signé dans le wagon de Retondes, près de Compiègne, le 11 novembre 1918.
Novembre… La Pologne indépendante commence à renaître. Le gouvernement populaire temporaire de la République de Pologne est établi le 7, avec Ignacy Daszynski à sa tête. Il suscite l’opposition des milieux centristes et de droite jusqu’au retour de Jozef Pilsudski de sa prison de Magdebourg. Le 18, Pilsudski prend la tête du pays et nomme le premier gouvernement d’union nationale avec Jędrzej Moraczewski à sa tête.
Le 18 janvier 1919, la Conférence de paix de Paris commence. Plus de vingt-sept états de la coalition victorieuse y participent. Une délégation de la Pologne nouvellement indépendante est conviée. Zaleski est invité par les nouvelles autorités polonaises à faire partie de leur délégation. Il est à la tête du service de presse, en charge de collecter des informations et d’informer l’opinion publique. Le 28 juin, le traité de Versailles est signé par l’Allemagne et les pays de l’Entente. Il instaure en Europe un nouvel ordre politique.
Maria Zdziarska-Zaleska
Maria Zdziarska-Zaleska nait en 1898 à Grotowice, à une centaine de kilomètres de Varsovie. Elle reçoit de ses parents une éducation patriotique et religieuse. Elle étudie d’abord à la Société de cours scientifiques, puis au département de médecine de l’université. N’ayant pas encore le baccalauréat, elle doit interrompre ses cours à l’université, passer d’abord son bac en 1916 et retourner en médecine à l’automne. Elle est une femme engagée, pleine d’énergie et voulant agir.
Pendant la guerre soviéto-polonaise (1919-1921), elle se bat lors de la défense de Lwów et participe aux combats pour la prise de Lida. Elle participe également, pendant la même période, aux trois insurrections contre les autorités allemandes en Haute-Silésie. Pour ses faits d’armes, elle est élevée au rang de sous-lieutenant et décorée de la Croix de la Valeur, de l’ordre Virtuti Militari de 5e classe et de la Croix de l’Indépendance avec épées. Dans ses Mémoires d’une femme médecin de bataillon — Sur les fronts de guerres méconnues, elle raconte dans un style direct comment elle a vécu ces combats dont les conséquences ont été décisives pour la Pologne, mais aussi pour l’Europe entière : si en 1920, les Polonais n’avaient pas repoussé l’Armée rouge devant Varsovie, l’Allemagne, alors affaiblie et démoralisée, aurait-elle pu contenir l’expansionnisme des bolcheviks ?
Les conflits finis, Maria regagne Varsovie et conclut ses études universitaires en 1923 par un doctorat en médecine. Elle exerce alors son métier de médecin dans les régions de l’est (actuelle Ukraine) et s’occupe entre autres d’enfants malades de la tuberculose. En 1924, elle se rend à Paris pour approfondir ses connaissances en pneumologie. Elle se rapproche de Zygmunt, qu’elle connait déjà. Ils se marient en 1925 et décident de rester à Paris. Ils ont quatre enfants qu’ils élèvent dans un esprit de patriotisme et de respect de la tradition : André, Pierre Casimir, Romain et Monique.
Entre-deux-guerres
Après la guerre, Zygmunt Lubicz-Zaleski essaie sans succès de faire ouvrir une chaire de langue polonaise à la Sorbonne. Il réussit toutefois à créer un réseau de cours dans de nombreux centres universitaires en France, notamment à Paris, Strasbourg, Nancy, Grenoble et Lyon, diffusant largement la langue et la culture polonaises. Il enseigne également la littérature polonaise à l’Institut d’études slaves.
Durant les vingt ans de l’entre-deux-guerres, il est particulièrement actif dans le domaine politique et dans la création littéraire. Il devient délégué pour la France du ministère polonais de l’Instruction publique, s’occupe d’étudiants boursiers, est correspondant pour les questions politico-culturelles. Il ne néglige pas sa propre formation : en 1927, il obtient un doctorat à l’université Jagellone de Cracovie ; en 1929 il est diplômé de l’université de Varsovie où il obtient le titre de professeur en 1935. Chaque année, il passe les vacances en Pologne et en profite pour y donner des cours.
Après son mariage, Maria Zaleska renonce à sa carrière de médecin. Elle s’occupe de la maison, de la famille et d’œuvres sociales. Elle continue quand même à s’intéresser à la médecine, participant à de nombreuses conférences de personnalités renommées. Le travail social l’occupe beaucoup : elle est membre du conseil de la Fédération interalliée des anciens combattants et de la branche féminine de la Fédération internationale des anciennes combattantes. Elle participe à de nombreux congrès en Pologne, aux États-Unis, au Portugal, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. Elle est vice-présidente de l’Union cvivique des femmes au travail (Związek Pracy Obywatelskiej Kobiet), qui met en avant le rôle des femmes dans la société.
Déroutes
La Deuxième Guerre mondiale éclate le 1er septembre 1939 lorsque le IIIe Reich envahit la Pologne, bientôt accompagné par l’Union soviétique selon les termes d’un accord secret. La guerre trouve les Zaleski en vacances à Grotowice. Zygmunt part immédiatement pour Varsovie. Il veut savoir où il sera le plus utile. Maria se porte volontaire et se voit affectée à l’hôpital militaire de Rawa Mazowiecka. Grotowice devient un lieu de refuge pour de nombreuses personnes fuyant des combats qui n’empêchent pas la déroute.
Dès les premiers mois de 1940, Zygmunt prend contact avec le Gouvernement polonais en exil en France. Une fois de plus, il s’avère que c’est depuis la France qu’il pourra agir le plus efficacement : il connaît des gens influents et dispose d’un carnet d’adresses très utile. Début 1940, avec son fils André, il s’engage à pied dans un périple très risqué à travers les Carpates enneigées et la Slovaquie, jusqu’à la Hongrie, un visa français et le train pour Paris. André, très affaibli, contacte la tuberculose dont il mourra en 1943 dans un sanatorium d’Auvergne.
À la Drôle de guerre succède la bataille de France et une autre déroute. Suite à l’armistice du 22 juin, près des deux tiers de la France se trouvent sous occupation allemande. Le reste de la France est censé rester libre, c’est le début du régime de Vichy.
Assistance
De 1940 à 1943, date de sa déportation à Buchenwald, Zygmunt Lubicz-Zaleski joue un rôle primordial dans l’assistance aux Polonais en France. Il est d’abord chargé de fonder à Villard-de-Lans le lycée Cyprian Norwid qui devient la seule école polonaise libre en Europe occupée. Ses élèves sont trouvés dans les centres d’accueil et camps de travail où se trouvent nombre de réfugiés et de soldats démobilisés. Les enfants de l’émigration économique de l’entre-deux-guerres complètent les effectifs. Au fil des ans, ils deviennent majoritaires. Les filles y sont nombreuses et des internats sont ouverts dans un village voisin. Les cours sont en polonais, avec un français renforcé. La pédagogie est un mélange des méthodes polonaises et françaises. Son but est de continuer le combat contre l’occupant et de former les élites de la future Pologne. Lycée de résistance morale, intellectuelle et spirituelle, mais aussi lycée de résistance militaire. Il fait partie d’un « centre d’études » qui inclut l’université de Grenoble et les centres d’accueil de la région. Il sert de plaque tournante à ceux qui veulent rejoindre les réseaux de Résistance français ou polonais, ou partir en Grande-Bretagne via les Pyrénées.
Zaleski prend la tête du Groupement d’assistance aux Polonais en France qui remplace, en juin 1941, la Croix-Rouge polonaise dissoute sur demande de l’occupant. À ce poste, il soutient tout ce qui participe au renouveau de la Pologne dans le domaine de l’industrie, de l’artisanat, des sciences, de l’édition, de l’enseignement ou de l’art. La jeunesse lui parait le secteur le plus porteur. Sa longue implication d’avant-guerre comme représentant de la Pologne en France pour l’Éducation nationale et les cultes, les contacts qu’il a établis au plus haut niveau de l’État, lui permettent d’arrondir bien des angles.
Buchenwald
Tout cela coûte de l’argent, que le Gouvernement polonais en exil fournit. L’invasion de la zone non occupée en novembre 1942 augmente les risques. Zygmunt est arrêté lors d’un transfert de fonds quand son contact est intercepté et remplacé par un agent allemand. Les interrogatoires qui suivent sont accompagnés de tortures au cours desquels Zygmunt perd la vue d’un œil. Il ne livre personne. Il est envoyé au camp de Buchenwald. Affamé, frôlant tous les jours la mort, il ne perd jamais la foi en la cause pour laquelle il se bat. Malgré les effroyables conditions, il continue ses activités éducatives, donne clandestinement des cours de culture et de langue polonaise à ses codétenus. Début avril 1945, devant l’avancée des troupes américaines, les SS abandonnent le camp. Zygmunt peut retourner à Paris.
Ravensbrück
En 1941, Maria Zaleska travaille dans un hospice d’Otwock. Menacée d’être arrêtée, elle se cache à Studzianna et à Łęgonice, puis elle part à Varsovie où elle habite avec sa famille dans une villa de Mokotów. En juillet 1941, elle se lance dans la clandestinité. Le 23 avril 1944, elle est arrêtée par la Gestapo, est interrogée d’abord à la prison de Szucha, puis à celle de Pawiak. Elle n’avoue jamais son appartenance à l’Armée souterraine (Armia Krajowa). Grâce à un pot-de-vin versé à un haut gradé allemand, elle échappe au peloton d’exécution. Elle est envoyée au camp de Ravensbrück. Là, elle aide ses codétenues, les soigne, leur remonte le moral. Comme son mari, elle ne perd jamais espoir. En avril 1945, suite à une négociation avec la Croix-Rouge internationale et ses branches suédoise et danoise, quelque 7 500 prisonnières sont évacuées vers la Suède. Maria et de nombreuses Polonaises en font partie.
Convictions
En juin 1945, le gouvernement temporaire d’unité nationale en Pologne est formé. Il est dominé par une majorité de communistes. Les Zaleski sont rentrés en France. Malgré les mauvais traitements subis lors de son séjour en camp de concentration, Zygmunt reste très actif. Il s’intéresse toujours à l’éducation et cherche — en vain — à prolonger l’idéal du lycée polonais de Villard-de-Lans à La Courtine (Creuse), puis à Les Ageux (Oise).
Revenu à ses affaires culturelles et dès 1946, avec Franciszek Pułaski, il réactive la Société historique et littéraire polonaise (SHLP) qui a la curatelle de la Bibliothèque polonaise (BP) de Paris. Grâce aux efforts de Pulaski et Zaleski, la BP parvient à récupérer en 1947 une partie des collections spoliées par les Allemands, ce qui entraine rapidement un conflit avec le gouvernement de la Pologne populaire. Un procès s’ouvre entre la SHLP et l’Académie des sciences polonaises (Polska Akademia Nauk). Cette dernière, créée après la guerre par le gouvernement polonais, vient de récupérer les biens rassemblés avant-guerre par l’Académie polonaise des compétences (Polska Akademia Umiejętności). Elle réclame maintenant les droits sur les collections de la BP. Le premier procès a lieu en 1955 et se conclut par un verdict défavorable à la SHLP. La SHLP fait appel et l’affaire est réexaminée en 1959. Cette fois, la décision finale est emportée par un vote de l’Assemblée nationale française qui se prononce à une très grande majorité pour le maintien de la liberté et de l’indépendance de la BP face au gouvernement communiste de Pologne. Zaleski n’est pas pour rien dans cette décision. Il a usé de toute son influence pour que les collections de la BP, héritage de la Grande Émigration, restent en France. Ce combat lui fera refuser tout contact ultérieur avec le gouvernement communiste en Pologne.
Au début des années 1950, il cofonde l’Association polonaise des anciens déportés et prisonniers politiques en France. Il reste jusqu’à sa mort le président de cette association qui devient membre de la Fédération internationale des Anciens Déportés et Résistants. Grâce à son engagement, de nombreux Polonais, exilés politiques, bénéficient de réparations de l’Allemagne. Profondément marqué par son expérience du camp de Buchenwald, il est un ardent défenseur d’un projet commun d’avenir européen. Il est convaincu de la nécessité de l’unité et de la réconciliation et rejette fermement toute idée de vengeance ou d’humiliation de l’ennemi vaincu, comme en témoignent nombre de ses écrits et conférences données en France. Il promeut l’idée d’une communauté européenne, soulignant l’importance du rôle que devrait y jouer une Pologne libre.
Outre ses activités scientifiques, politiques et sociales, il ne cesse de promouvoir la langue et la culture polonaises. Il publie des centaines d’articles, de réflexions et d’essais consacrés à la culture polonaise, française et européenne. Il traduit des dizaines d’œuvres d’auteurs français et donne de nombreuses conférences et cours. Il écrit de nombreux poèmes lyriques.
Au fil de sa vie, Zygmunt Lubicz-Zaleski est secrétaire général de la Société historique et littéraire polonaise, vice-président de la Libre académie internationale de sciences et de littérature, membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques. En 1957, le président René Coty lui remet la distinction de commandeur de la Légion d’honneur. En 1959, c’est le président Charles de Gaule qui lui remet les insignes de grand officier de la Légion d’honneur. Zaleski est aussi commandeur de l’ordre Polonia Restituta.
Fins de vie
Le 15 décembre 1967, Zygmunt Lubicz-Zaleski décède brusquement à Paris. Après la mort de son mari, Maria Zaleska publie un recueil de ses poèmes et des récits autobiographiques. Elle tient une importante correspondance avec sa famille en Pologne. Elle veille à distance à ce que sa maison à Varsovie reste la propriété des Zaleski. Elle est le centre de gravité de la fratrie. En 1980, elle va à Varsovie pour une grande réunion de famille. Cinq ans plus tard, voyant l’âge avancer et la maladie la gagner, elle décide de s’installer pour de bon en Pologne. Elle passe les deux dernières années de sa vie dans sa chère maison de Mokotów. Elle décède le 13 juillet 1987 à Varsovie.
Zapała Jóef
— Élève
3 septembre 1923, Zakopane (distr. Nowy Targ, voïv. Cracovie), 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1940-1942.
Żarska-Ostrowska Krystyna Alina
— Élève
6 décembre 1928, Równe (voïv. Volhynie), 3e année de gymnase 1944-1945 (a quitté Villard en juillet 1945).
Zarzycki Lech
— Élève
16 décembre 1924 (1925), Varsovie, 1ere année de lycée (sciences) 1941-1942, baccalauréat 1945 obtenu en candidat externe.
Zarzycki Zbigniew
— Élève
7 février 1926, Varsovie, 4e année de gymnase 1941-1942.
Zawidzki Zbigniew
— alias (Dżardżyński) — Élève
20 février 1922, Krotoszyn (voïv. Poznań), 4e année de gymnase 1941-1942.
Zawilski Karol
— Élève
2e année de lycée 1940-1941.
Zdziarski Henryk
— alias (Żdziarski) — Élève
22 novembre 1917, Goszczanów (distr. Kalisz, voïv. Poznań), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Żegota-Rzegociński Władysław
— Élève
15 décembre 1921, Cracovie, 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1942 (arrivé au cours du 3e trimestre 1940-1941).
Zembrzuski Leszek
— Élève
29 octobre 1929, Varsovie, 3e année de gymnase 1945-1946.
Zglinicki Józef
— Élève
19 mars 1926, Pokrytki (distr. Mława, voïv. Varsovie), 3e et 4e années de gymnase 1942-1944. Tué le 21 juillet 1944 à Vassieux-en-Vercors.
Zgliński Janusz
— Élève
27 juillet 1920, Opole Lubelskie (voïv. Lublin), 2e année de lycée 1940-1941.
Ziejka Zofia
— Élève
5 janvier 1929, Biskupice Radłowskie (distr. Brzesko, voïv. Cracovie), 2e année de gymnase 1943-1944.
Zieliński Eugeniusz
— Élève
23 octobre 1920, Lwów, 1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.
Zimoń Jadwiga
— Élève
8 septembre 1928, Niebocko (distr. Brzozów, voïv. Lwów), 2e , 3e et 4e années de gymnase 1943-1946.
Ziółkowska Bożenna
— Élève
1ere année de lycée 1940 (a quitté Villard après le 1er trimestre).
Ziora Zdzisław
— Élève
4 septembre 1924, Sosnowiec (voïv. Kielce), 1ere et 2e années de lycée (sciences) 1941-1943.
Żmigrodzki Józef
— Professeur
Professeur d’histoire et de polonais.
Żmuda Marian
— Élève
4e année de gymnase 1940-1941.
Żurad Maria
— Élève
11 février 1926, Barby (Ardennes), 3e année de gymnase 1942-1943.
Żurad Marian
— Élève
9 juin 1928, Nouzonville (Ardennes), 2e et 3e années de gymnase 1942-1945 (a redoublé la 3e ).
Żurnia Stefania
— Élève
9 mars 1929, Wilno, 2e et 3e années de gymnase 1944-1946.
Listes
Aumonier (5).
Bozowski Bronisław — Chechelski — Czajka Kazimierz — Hlibowicki — Mróż Marian .
Élève (690).
Adamczyk Irena — Adwent Stanisław — Altheim Stanisław — Ambik Jan — Andryiński Mieczysław — Andryiński Tadeusz — Andrzejuk Mirosław — Antoniewicz Elwira — Babiarczyk Sylwester — Bączkowska Eugenia — Bakalarski Hilary — Balcerzak Gabriela — Bałos Stanisław — Banaszak Antoni — Bankiewicz Czesław — Baran Celina — Baran Janina — Baran — Barański Waldemar — Batkiewicz Henryk — Batko Stanisława — Bęben Mieczysła — Bębenek Józef — Becka Jan — Betka Jan — Biel — Bieniaszewska Helena — Bieniek Zygmunt — Bieńko Hieronim — Bieńkowska Helena — Binental Wacław — Bisping Andrzej — Bisping Ewa — Bisping Piotr — Biziuk Janina — Bizoń Władysława — Black Teresa — Błaszkowska Janina — Bławdziewicz Jan — Błaż Bolesław — Bobek Janina — Bobek Lucyna — Bobrowska Zofia — Bobrzyk Wanda — Bocheński Tadeusz — Bogdański-Ryszard Józef — Bończar Czesława — Borek Alfons — Borek Emilia — Borek Julia — Borowska Julia — Boulay Irena — Bratkowski Albin — Brayczewski Bohdan — Brayczewski Witold — Bretsznajder Henryk — Brodnicka Barbara — Brodnicki Mieczysław — Brodnicki Stanisław — Brodnicki Wojciech — Bruchwalski Stanisław — Brudz Bogusław — Bruzi Zygmunt — Brylak Stefan — Brzozowski Ignacy — Budzyn Janina — Bujok Wanda — Burhardt Wanda — Butkiewicz Zdzisław — Cegielska Stefania — Charabas Stanisław — Chełmińska Elżbieta — Chmiela Marta — Chojnacka Daniela — Cholewa Jerzy — Chrustowski Edward — Chuderski Jan — Chwalibóg Janina — Ciborowska Maria — Ciborowska Wanda — Ciekot Danuta — Ciemior Roman — Cieślak Edmund — Curyłło Eugeniusz — Czarlińska Maria — Czarliński Jan — Czarnecka Adela — Czarnecki Henryk — Czarnul Genowefa — Czarnul Maria — Czech Kazimierz — Czernigiewicz Izabella — Czubak Aleksandra — Czudyk Stanisław — Dąbrowska Stanisłwa — Dąbrowski Edmund — Dąbrowski Feliks — Dąbrowski Henryk — Dąbrowski Ignacy — Dąbrowski Jan(janusz) — Dąbrowski Władysław — de Beurin Andrzej — De Brugière Mary — de Montfort Archambault Marek — Dębski Kazimierz — Delega Halina — Delingier Jerzy — Delingier Leokadia — Denek Gustaw — Derkacz Alfons — Długosz Roman — Dobrzęcki Kazimierz — Dolecki Jan — Domasiewicz Jan — Dominiak Bolesław — Donimirski Witold — Dorantowicz Teresa — Dowmont Romuald — Drapała Janina — Draws Brunon — Drohomirecki Marian — Drozd Kazimierz — Drwięga Jerzy — Drytkiewicz Irena — Drzewiecka Wanda — Dus Aniela — Dworczyk Halina — Dybillas Józefa — Dygat Ludwik — Dyrda Bernard — Dżardżyński Jan — Dziedzic Zdzisław — Dziedzicki Antoni — Dziubka Stanisław — Dziubkowska Helena — Erbel Marian — Fabisiak Jan — Fabisiak Jerzy — Fabiszak Jan — Fecak Maria — Fecak Mieczysław — Fecak Zbigniew — Filip Tadeusz — Florkowska Krystyna — Forycka Halina — Foszcz Wanda — Frączkowski Leopold — Frankowski Ludwik — Frezer Jerzy — Fryc Mieczysław — Fudała Julian — Furmańska Cecylia — Fyda Renata — Gajewska Barbara — Gajewski Jan — Gajewski Roman — Galanty Włodzimierz — Galewski Kazimierz — Galimska Helena — Galimska Janina — Gatka Józefa — Gawinowska Wanda — Gawinowski Jerzy — Gawlik Stanisław — Gawrońska — Giba Józef — Gielec Henryk — Gierzod Andrzej — Gierzod Michał — Gigon Józefa — Gilowski Witold — Głażewska Alfreda — Gogolewski Gustaw — Golińska Maria — Grabarczyk Adolf — Grabowski Henryk — Graczykowski Józef — Gradziuk Andrzej — Gradziuk Janina — Graff Tadeusz — Grala Piotr — Gralla Anna — Gralla Helena — Grelak Paweł — Grenadier Stanisław — Grodecki janusz — Gromadski Przemysław — Gross Jan — Gryczka Krystyna — Grzyb Zygmunt — Gurowski Bolesław — Gutowski Mieczysław — Gutz Zbigniew — Guzek Olga — Gwiazdowski Leon — Harańczyk Julian — Harazin Józef — Helmboldt Franciszek — Herman Ryszard — Hernik Zdzisław — Himiak Edward — Honcz Antoni — Hop Antoni — Hoppe Jan — Horecki — Huszcza Franciszek — Hynko Franciszka — Iłowiecki Adam — Iłowiecki Bogdan — Iszczak Halina — Jabłoński Zygmunt — Jaciów Władysław — Jackowiak Irena — Jackowiak Wanda — Jadaś Tadeusz — Jagodziński Bolesław — Jakimowicz Ryszard — Janas Łucja — Janczak Tadeusz — Janiak Anna — Janik Marian — Janikowski Tadeusz — Jankowska Eugenia — Jankowski Krystian — Jankowski Marian — Janowski Władysław — Jarmuła Artur — Jasionowicz Leokadia — Jasionowska Leokadia — Jastrzębski Maciej — Jawicz Zbigniew — Jaworczak Zdzisław — Jodłowska Teresa — Juszczyk Ferdynand — Juszczyk Janina — Kacperek Szczepan — Kaczmarska Józefa — Kaczorowska Sabina — Kalinowski Tadeusz — Kalinowski Kazimierz — Kalteka Zymunt — Kamieniak Krystyna — Kamińska Irena — Kamiński Edmund — Kamiński Zygmunt — Kanar Daniel — Kania Jan — Karbowska Barbara — Karbowska Marianna — Karpiński Mieczysław — Karwat Zygmunt — Kasprzyk Andrzej — Kaszlikowski Bolesław — Katelbach Zofia — Kawecki Jan — Kawęcki Witold — Kazecki — Kędzierski Ryszard — Kemp Edward — Kisiel Anna — Kleczko Władysława — Klekowicka Halina — Klimczyk Władysław — Knutel Józef — Koclejda Edmund — Koczwara Jan — Kolasa Andrzej — Kołkiewicz Jerzy — Komaszyński Michał — Kominek Helena — Konarski Jerzy — Konias Jan — Konieczka Wincentyna — Konieczna Genowefa — Kosiński Paweł — Kostrzanowski Zygmunt — Kotlarz Jan — Kotowski Zbigniew — Kotrys — Kowalczyk Jan — Kowalewski Władysław — Kowalski Henryk — Kozłowski Stanisław — Kozubska Helena — Kozyrski Bolesław — Kraczkowski Ferdynand — Krąkowska Maria — Krasińka Izabella — Krasiński Jan — Kropacz Tadeusz — Krupczak Roman — Kryczyński Czesłw — Krynicki Edmund — Krzystanek Henryk — Krzyżanowska Bronisława — Kubalski Stanisław — Kubiak Maria — Kubiak Sylwester — Kubicki Wiesław — Kuc Władysław — Kucharczyk Eugenia — Kucharczyk Genowefa — Kulesza Marian — Kundegórska Anna — Kundegórska Halina — Kundegórski Kazimierz — Kurczak Jan — Kuś Józef — Kusz Paweł — Kutnik Józef — Kuźmińska Hanna — Łach — Lachowicz Franciszek — Lachowicz Stanisława — Łaciak Emil — Łagowski Wilhlem — Lambert Michalina — Lamenta Janina — Łaski Tadeusz — Ławnicka Maria Ludwika — Lebida Mieczysław — Lemański Andrzej — Leonowicz Tadeusz — Łepkowski Tadeusz — Leppert Halina — Leśniak Halina — Leśniak Maria — Lewandowski Donat — Lewandowski Stefan — Lewicki Józef — Liber Marian — Liput Helena — Liput — Lisowska Maria-Teresa — Lisowski Jerzy — Łuka Łucja — Łukasiewicz Władysław — Łukomski Zygmunt — Łuszczynski Władysław — Maćkowiak Edmund — Madajczyk Maksymilian — Madej Bronisław — Madej Mieczysław — Magdański Władysław Kazimierz — Maicherack — Majchrzyk Alfred — Majewski Henryk — Majewski Michał — Majkrzak Bolesław — Majorczyk Zygfryd — Majorkiewicz Krystyna — Makosa Stanisław — Makowski Jerzy — Malakowski Kazimierz — Małasiński Ryszard — Małecki Zygmunt — Malewski Stanisław — Malinowski Stefan — Mańkowski Ryszard — Marchewicz Alojzy Jan — Marczyk Danuta — Marczyk Zbigniew — Marek Janina — Marek Maria — Markiewicz Aleksandra — Markiewicz Marta — Markiewicz Michał — Maryniak Helena — Maszadro Zdzisław — Maszewski Edward — Matelska Zofia — Materzok Alfred — Matysik Edward — Matzanke Janusz — Mazur Jan — Meder (Medor) — Meres Zbigniew — Metelski Aleksander — Michalak Edward Jakób — Michalik Tadeusz — Michałowski Henryk — Mierzyński Andrzej — Migodzki Kazimierz — Mihułka Kazimierz — Miklaszewska Bożenna — Miklaszewska Leokadia — Miłkowska Zofia — Mlącka Helena — Młynarczyk Józef — Mocha Franciszek — Moczorodyński Marian — Modrowski Jan — Mojżesz Janina — Morawska Wanda — Mrozek Wacław — Mrozik Stanisław — Mroziński Józef — Mucha Helena — Mucha Wanda — Mularz Mieczysław — Nawara Henryk — Nawara Leokadia — Nicałek Michał — Niemczycki Zbigniew — Nitecki Andrzej — Nitecki Mateusz — Normand Wanda — Nowaczyk Wanda — Nowaczyński Wojciech — Nowak Bernard — Nowak Janina — Nowak Janusz — Nowak Julian — Nowak Marian — Nowak Wanda — Nowak Witold — Nowakowski Tadeusz — Nowiński Jan — Noworyta Andrzej — Ochman Leszek — Ofiara Stefania — Ogierman Józef — Okrasa Stefan — Olak Zbigniew — Olejarczyk Janina — Oliński Julian — Olszewska Klara — Olszewski Tadeusz — Opryszek Julian — Orlicz Jerzy — Orłowska Irena — Orłowski Marian — Orzechowska Maria — Osmecki Jerzy — Ostrowska Danuta — Owczarek Jerzy Kazimierz — Owczarek Lucjan Stanisław — Owczarek Ryszard Antoni — Ożóg Tadeusz — Pacan Teresa — Pacer Jadwiga — Pacer Urszula — Pach Jadwiga — Pach Krystyna — Pactwa Alfred — Pałasz Ignacy — Palewicz Jarosław — Palmbach Marek — Palmbach Włodzimierz — Pałucki Zbigniew — Pańczak Wanda — Panek Ludwik — Paucha Eugeniusz — Pawlak Henryk — Pawlikowska Anna — Pawłowski Leon — Pazowski Ryszard — Piasecki Stanisław — Piechowiak Alfred — Pierożyński Stanisław — Pierścianowski Zbigniew — Piętka Edyta Aniela — Piętka Franciszek — Pilecki Janusz Andrzej — Pillich Dyonizy — Piór Józef — Piś Zdzisław — Pleban Tadeusz — Pluta J. — Pogorzelski Andrzej — Poprawa Mieczysław — Potempski Władysłw — Potocki Andrzej — Potocki Artur — Proksa Zbigniew — Przekowiak Eugenia — Przekowiak Władysława — Przeździk Lidia — Przeździk Maria — Przeździk Marian — Puskarz Jan — Radowska Jadwiga — Radzik Janus — Rajfura Jan — Rajfura Stanisław — Ratajczak Stanisław — Ratajewski Stanisław — Ręczelewski Edward — Regent Janusz — Reginis Apolonia — Regulska Anna — Renn Edward — Roll Józef — Romeyko Jerzy — Romeyko Olgierd — Romeyko Tadeusz — Rose maria — Rosiński Henryk — Rostalska — Rudka Krystyna — Rudkowski Stanisław — Rułka Jerzy — Rusek Bronisława — Rutkowska Anna — Rutkowski Józef — Sadkowski Piotr — Sadowski Stanisław — Sady Władysława — Sagaż Stanisław — Schaetzel de Merxhausen Stanisław — Schaetzel de Merxhausen Tadeusz — Senków Stefan — Siebeneichen Jadwiga Barbara — Siebeneichen Jan Maciej — Siebeneichen Kazimierz Marian — Siebeneichen Maria Joanna — Siwek Tadeusz — Siwek Wacław — Skąpski Roman — Skiba Leopold — Skinder Adam — Skira Bogdan Andrzej — Skorupski Mieczysław — Skowrońska Józefa — Skuza Józefa — Ślezakowski Zbigniew — Ślotała Wiktoria — Słowikowski Jerzy — Ślusarczyk Mieczysław — Śmigielski Stefan — Smolarek Jan — Smolarski Zenon — Smoliński Bogdan — Smutna Danuta — Smutny Jerzy — Smyczyńska Krystyna — Smyczyński Tadeusz — Sobusik Irena — Sochacki Janusz — Sojka Janina — Sokołowski Jan — Sokołowski Zygmunt — Sołyga Tadeusz — Sopoćko Janusz — Sosnowski Wiesław — Soszko Ryszard — Sowiński Janusz — Spychała Stefania — Sroka Leokadia — Stączek Zdzisław — Stadnikiewicz Bogusław Tadeusz — Staniszewski Aleksander Henryk — Stąpor Jan — Stąpor Michał — Staromiejski Kazimierz — Staroń Tadeusz — Stejskal Eugeniusz — Stemal Emilia — Strycharski Józef — Strzyżewska barbara — Suchy Wiktor — Surowiec Bolesław — Świadkowska Zofia — Świątek Władysława — Świerzbutowicz Hanna — Świgoń Marian — Świtacz Grzegorz — Szafran Piotr — Szaj Henryk — Szara Wanda — Szaszkiewicz Helena — Szaszkiewicz Jerzy — Szaszkiewicz Józef — Szaszkiewicz Krzysztof — Szczap Irena — Szczap Marian — Szechowski Michał — Szemborska Janina — Szewczyk Danuta — Szewczyk Zbigniew — Szostak Henryk — Szostak Józef — Szostak Julian — Szostak Zofia — Szpiega Bolesław — Szulmajer Kazimierz — Szuperski Józef — Szwajda Bogulława — Szwejka Jadwiga — Szwejka Józef — Szybka Marian — Szymańska Józefa — Szypszak Jerzy — Tarnowski Stanisław — Tepper Helena Anna — Tomalak Jerzy — Tomasik Józef — Tomczak Janina Krystyna — Tomiczek Mieczysław — Toporowska Janina — Trojanowska Krystyna — Trok Tatiana Maria — Trybuszewski edward — Tyczyński Rudolf — Tyszkiewicz Jadwiga — Uhma Franciszek — Ułaszyn jerz — Urbaniak Stanisław — Uszyński Aleksander — Valentin Ewa — Valentin Iwona — Vogelgesang Tadeusz — Wachowicz Zofia — WajdaAntoni — Wajs Lola Weisss Halina — Walcuch Julian — Walencikiewicz — Walentynowicz Tadeusz — Walewicz Tadeusz — Wanclik Elżbieta — Wandycz Piotr — Wawak Helena — Wawak Jan — Wawrzacz Emilia — Wawrzacz Irena — Ważny Ludwik — Węc Jan — Wędrychowski Józef — Węgiel Zygmunt — Węgierkiewicz Halina — Węgrzyn Józef — Wesołek Ludmiła — Wicha Władysław — Wieczorek Maria — Wielgomas Roland — Wierzbicka janina — Wierzbicka Maria — Wiliamski Mieczław — Wilk Eugeniusz — Wiśniewska Dauta — Wiśniewska Janina — Wiśniewski Jan — Witkiewicz — Witkowski Leszek — Witkowski Zdzisław — Właśniak Łucja Augustyna — Włodarczyk Cecylia — Wojciechowski Tadeusz — Wojdat Leszek — Wojtecka Krystyna — Wojtera Zygmunt — Wolańki Edward — Wolf Jerzy — Wolski Edward — Woźiczko Elżbieta — Woźniak Ryszard — Woźniak Stefania — Wróbel Bolesław — Wróbel Olga — Wróblewska Teodozja — Wykusz Władysław — Wyparło Michał — Wyszkowski Bolesław — Zabrocka Irena — Zagórski Stanisław — Zając Tadeusz — Zaklińska Wanda — Zaklukiewicz Stanisław — Zakrzewski Janusz Zdzisław — Zaława Józef — Zapała Jóef — Żarska-Ostrowska Krystyna Alina — Zarzycki Lech — Zarzycki Zbigniew — Zawidzki Zbigniew — Zawilski Karol — Zdziarski Henryk — Żegota-Rzegociński Władysław — Zembrzuski Leszek — Zglinicki Józef — Zgliński Janusz — Ziejka Zofia — Zieliński Eugeniusz — Zimoń Jadwiga — Ziółkowska Bożenna — Ziora Zdzisław — Żmuda Marian — Żurad Maria — Żurad Marian — Żurnia Stefania .
Personnel (48).
Arend Stanisław — Babicka Janina — Berger Małgorzatanée Lasota — Boguski Stefan — Brayczewska Zofia — Constantin R. — Cyganek Rudolf — Dubas Wojciech — Dunaj Zygmunt — Fabre — Fyda Maria — Gawłowska Helena — Głębocki Józef — Gostyńska-Steffen Jadwiga — Grzybowska Ewa — Guzy Marianna — Hancyk Aurelia — Jackiewicz Kazimierz — Jóźwiak Zygmunt — Kaliciak Andrzej — Kaliciak Maria — Knopp Helena — Kozłowska Michalin — Krasuski — Kraszewski W. — Kuczyńska — Kwieciński — Makar — Makomaski Józef — Markiewicz Władysław — Matzner Ferdynand — Mierzwiński Michał — Miszewski Czesław — Morkowski Antoni — Obidniak Karol — Potocka Maria — Puchala Marian — Strona Julian — Stupkiewicz Helena Zofianée Lenk — Szaliński Aleksander — Twardochleb Jan — Tyniec Zofia — Wągrzyk Franciszka — Wędrowska Albertyna — Welfle Tadeusz Jan — Wilk Ludwik — Wolański Adam — Wołoszyn Mikołaj .
Professeur (50).
Alexandrowicz Jadwiga — Anisimow Wiera — Berger Ernest — Bierniakiewicz Tadeusz — Blanc de La Devèze Philippe — Budrewicz Jan — Ćwikliński Tadeusz — Czajkowska Maria — Czempiel Karol — Danysz Małgorzata — Danysz Maria — Dusza Michał — Gerhardt Kazimierz — Giedroyć-Gilowska Maria — Godlewski Wacław — Gogłuska Stanisław — Hamel Bernard — Harwas Jan — Keeler Bolesława — Komar Julian — Kozłowski Marian — Kühn Jan — Łabęcki Aleksander — Łazarek Władysław — Lombard — Łukasiewicz Zofia Ludosława — Malbos Marcel — Malbos Denise — Milecka Helenanée Starzyńska — Mul Józef — Nowakowski Józef Tadeusz — Ossuchowski — Polaczek Stefan — Puget Jan — Puget Zbigniew — Reissenberg — Roznerski T. — Skraba Boleslaw — Skrodzki Tadeusz — Słupnicka M. — Sokołowska Maria — Stefanowicz Jadwiganée Ambroziewicz — Steffen Tadeusz — Stupkiewicz Stanisław — Tarło-Maziński Zygmunt Włodzimierz — Wasiak Edmund — Wasiak Marianée Jaworska — Wrona Stefan — Zaleski Zygmunt-Lubicz — Żmigrodzki Józef .