Elle se reconstitue petit à petit et devient en 1944, à l’heure des débarquements, la troisième armée alliée après celles des USA et du Royaume-Uni avec près de 200 000 hommes.
Dans des lettres à leur professeur de biologie, Zofia Lukasiewicz.
- Graczykowski/Zagorrski Stanislav, ancien élève.
Il m’est difficile, pour toutes sortes de raisons, d’écrire tout mon périple de Grenoble à Londres qui a duré presque sept mois. Depuis que je suis en Angleterre, je n’ai plus de moment de découragement comme cela m’arrivait en France. Actuellement, on m’apprend à piloter et, si tout va bien, je devrais commencer mes premiers vols cet été. En outre, j’étudie la chimie, afin de ne pas me retrouver sans rien lorsque cette guerre s’achèvera.
Je me sens si proche de Villard et surtout des personnes qui faisaient tout pour transmettre leur savoir à nos têtes si rebelles. Plus j’avance dans la vie et plus je me rends compte que ne n’était pas une école ordinaire. Villard a donné à chacun de nous quelque chose de plus que les connaissances acquises dans un lycée.
- Wladek Rzegocimski, ancien élève.
Je mène la vie d’un petit écolier qui suit des cours, prend ses repas et pense à un lit confortable. Ces mots sonnent bizarrement : un futur pilote passant ainsi son temps. L’aviation actuelle est devenue si sophistiquée que nous, pauvres terriens, nous devons suivre des cours pendant un an avant de pouvoir nous élever dans les air.
Par un curieux hasard, les Villardiens ont été regroupés ensemble et c’est ainsi que dans ma salle se trouvent Moczorodymski, Wiglinski, Regent, Herman et Proksa. Czech, Trybubzewski, Blawdziewicz et Okrasa, plus avancés dans leur formation, ne regardent le monde qu’à partir des hauteurs. De temps à autre, le soir, en buvant le tea anglais, toute la bande des Villardiens se retrouve et la conversation se déroule d’abord sur les sujets d’actualité et se termine par l’évocation des souvenirs de l’époque où l’on menait une vie sans souci, pleine de gaîté juvénile.
- Zbiguiew Niemczycki, ancien élève.
La plupart de mes camarades se trouvent dans la même division, mais dans des armes différentes, depuis l’infanterie jusqu’aux services techniques. Nous avons dû vaincre beaucoup de difficultés, l’une d’elles étant d’être reçus au cours d’aspirants. Mais beaucoup ont terminé ce cours et certains sont même sous-lieutenants. Sokolowski et Kolarz arborent fièrement leurs étoiles. Zglinski, Jakimowicz, Klimczyk sont dans l’aviation en Angleterre. Ils sont très bien. Altheim et Grodecki ont terminé leurs cours d’aspirants dans l’artillerie et sont en Angleterre…
La majorité des Villardiens sert dans la division polonaise des cuirassiers et que depuis pas mal de mois nous sommes en constant contact avec l’ennemi. Nous avons subi de lourdes pertes. Les tombes de nos six camarades se trouvent disséminées le long de la route de combats de notre Division, depuis Caen jusqu’à Breda. Beaucoup ont été blessés et sont soit soignés dans les hôpitaux anglais, soit ont réintégré leurs unités. Une poignée d’entre nous, sains et saufs, est restée sur le continent. Malgré ces dures tribulations, nous nous accrochons fort et nous sommes toujours des Villardiens.