6.4.1 « Les temps allaient être exceptionnellement durs. »
—Tadeusz Łepkowski, élève. Une école libre polonaise en France occupée (2012), d’après Wolna szkoła polska w okupowanej francji (1990).
En 1940 et 1941 (déjà !), Zaleski nourrissait des craintes quant à l’évolution de la situation en zone non occupée. Redoutant une pression allemande accrue sur le gouvernement de Vichy, il était particulièrement inquiet pour le lycée et il n’avait pas tort. Godlewski savait lui aussi que les temps allaient être exceptionnellement durs pour les Polonais vivant en France et pour les Villardiens. Ce fut plus vrai encore à partir de septembre 1943, lorsque les Allemands investirent la zone d’occupation italienne située à l’est du Rhône.
Une occupation de plus en plus dure, une détérioration sensible de l’approvisionnement alimentaire, la création en février 1943 du Service du travail obligatoire (STO), la multiplication des déportations vers l’Allemagne, le rôle accru des mouvements fascistes français dans l’administration du pays, l’intensification et la brutalité croissante de la répression à l’encontre de la Résistance et de ses sympathisants, mais aussi les succès militaires répétés des forces antinazies, avaient provoqué un net changement de l’état de l’opinion publique en France. Le régime de Vichy avait perdu une large part du crédit dont il jouissait à ses débuts. Le sentiment anti-allemand se renforçait très vite. L’atmosphère devenait plus lourde, surtout dans les régions de montagne où la Résistance était implantée depuis longtemps, profitant de l’appui bienveillant des populations locales. L’œil du cyclone se rapprochait de la bourgade paisible où Zaleski et Godlewski avaient cru trouver un refuge idyllique.