Printemps 1946, au-dessus de Lans-en-Vercors sur le plateau des Ramées, autour des professeurs Józef Mul (cravate rayée) et Stefan Wrona (cravate unie).

Grabowski Henryk

— Élève

Grabowski Henryk

3 septembre 1929, Zarębice (distr. Częstochowa, voïv. Kielce), 2e et 3e années de gymnase 1943-1945.

Henryk Grabowsky est né le 3 septembre 1929 a Zarębice (distr. Częstochowa, voïv. Kielce).

Cette même année, la famille émigre en France et se fixe en Auvergne. Son père est mineur. Henryk commence ses études secondaires au lycée de Villard en 1943. Il suivra le lycée à Paris où il passera le bac en 1949, puis rejoint la Pologne. Études d’histoire et retour en France en 1954. Il enseigne dans le secondaire pendant quelques années puis rejoint l’Institut national de recherches agronomique (INRA) où il travaille pendant trente-deux ans. Il est l’auteur d’une dizaine d’œuvres en prose ou vers publiées en Pologne. Il vit près de Paris.

Henryk est décédé le 10 décembre 2023.

Ce poème est extrait du recueil Le Villardien

O ! Villard-de-Lans, foyer vital de la patrie, / De la langue maternelle, de la culture natale, Tu es l’école de la liberté qui forge la volonté du sacrifice, / Tu es l’idéal de la lignée qui engendre l’esprit vertueux, / Tu renfermes les trésors de la nation, tu préserves les traditions, / Tu formes l’esprit, tu perpétues la foi, / Tu éclaires la route, tu glorifies Dieu / Par ces temps où la tempête ravage l’Europe.

Vaisseau des connaissances, abri du savoir, / Tu déploies tes voiles aux confins du ciel / Sur la vague naissante des principes rénovateurs / De l’esprit et de la vertu, car tel est ton Destin. / Au-dessus des cimes planent les corbeaux noirs, / L’ombre de l’occupation et le temps de l’indigence. / Voguant tel un vaisseau, tu es cette nef de quatre étages, / Avec son aile ancienne, qui porte la foi et l’espérance.

Sur les cimes de ces montagnes, l’aigle blanc a fait son nid. / Il affronte avec courage ces temps houleux de l’occupation, / Il scrute l’est et aiguise ses griffes de vengeance, / Il observe l’étoile salutaire qui guidera les générations. / Aigle blanc, il te faudra de la patience. La route est longue, / La terre de Pologne est loin, l’heure de l’envol n’a pas sonné.

L’aigle entrevoit les chaînes des Carpates. / De ce lieu, la jeunesse émancipée s’envolera vers son pays, / Vers le foyer familial. L’aigle blanc veille. / Ici chaque professeur est le timonier du destin. / L’ouragan allemand ne détruira pas les cœurs. / La volonté et le courage seront les boucliers de la liberté. / Jamais et nulle part, le Polonais ne sera esclave.

O ! Villard-de-Lans, ton nom sera illustre, / Car l’acte libérateur évoquera le souvenir de ton existence. / Là jaillit la source de la pureté, la fontaine du renouveau / Qui purifie l’âme par sa pensée et sa vertu. / Au temps de la liberté perdue, chaque élève connaîtra la renaissance. / Il se transformera en homme libre par sa maturité, / Par la solidarité des cœurs, par l’union de la langue, / Par la communion de l’âme et par le feu sacré de l’amour. / Ici se forge la chaîne commune de la liberté / Par le maillon mystérieux de l’esprit juvénile.

Aux éclats des aurores succéderont les ombres des crépuscules. / Selon les pensées et les passions jaillissantes des événements, / La tristesse et la joie naîtront du désir de l’action, / Et l’espoir survivra au-dessus de l’abîme du désespoir / Malgré le destin capricieux qui ne détruira pas la conscience / Éveillée par l’idée de la Patrie martyre. / Pour tout votre dévouement, enseignants et éducateurs, merci… / L’écho de votre sacrifice résonnera — immortel — dans nos cœurs.