1.5.1 « Je reste ! »
—Gabriel C., agriculteur. Mémoire sur les Écouges, Philippe Hanus, 2004.
Vers 1936-38, les ouvriers montent à pied depuis Montbonnot, accompagnés de deux bœufs, de chevaux, de tout le matériel de couchage et de cuisine. On embauche pour la saison une dizaine de faucheurs. Parmi eux se trouve un Polonais qui travaille à Poliénas. À la fin de l’été, il dit : « Je reste ! » Mon père lui répond : « Je ne te paie pas ! — Je reste quand même ! » Et il a passé l’hiver là-haut à rendre des petits services aux gardiens du domaine. Il finit par se faire embaucher à l’année. En 1939, il est mobilisé, puis fait prisonnier de guerre. Il parvient à s’échapper, fuit en Suisse, puis rejoint Montbonnot. Il demeurera au service de la famille jusqu’en 1976, puis prendra sa retraite chez nous où il demeurera jusqu’à sa mort en 1989.