On peut évaluer à près de huit-cents le nombre total de personnes ayant travaillé ou étudié au lycée. Faire des statistiques sur un échantillon aussi disparate est impossible et serait, à bien des égards, vain. Deux choses, cela dit, sont certaines : il s’agissait d’une collectivité à la fois extrêmement diverse quant à son origine sociale et géographique, et extrêmement jeune au regard de l’état-civil comme de l’état d’esprit — lequel, à défaut d’être une catégorie statistique, n’en est pas moins une réalité aussi tangible que précieuse.
L’origine géographique des élèves, telle que définie par leur lieu de naissance, est un élément hautement significatif. Les données, malheureusement, sont lacunaires : pour 17 % des élèves, le lieu de naissance est manquant, incomplet ou confus. Cela signifie cependant qu’il est connu et certain dans 83 % des cas, ce qui constitue une base suffisante pour une analyse quantitative. Sur les 574 élèves, donc, 64 % sont nés en Pologne, 33 % en France, 3 % dans d’autres pays.
Il est impossible, faute de données suffisantes, de définir avec précision l’origine sociale de tous les élèves nés en Pologne. On sait seulement qu’ils reflétaient l’ensemble de la société polonaise d’avant-guerre, depuis l’aristocratie et la grande propriété foncière jusqu’à la bourgeoisie en passant par les fonctionnaires, les artisans, les ouvriers, les paysans, les professions libérales, les professeurs et instituteurs, sans oublier les hauts responsables civils et militaires de l’État. Mais une part notable des élèves issus de familles ouvrières ou paysannes appartenaient en réalité à la « vieille » émigration », dans la mesure où, certes nés en Pologne, ils avaient quitté le pays très jeunes pour accompagner leurs parents en France.
Au cours des six années de sa brève existence, le lycée a connu (y compris au regard des circonstances exceptionnelles dues à la guerre) une situation démographique atypique pour ce qui est de la pyramide des âges et des écarts d’âge entre les élèves. Il y a entre l’élève le plus âgé, Władysław Wicha (né en 1904) et le plus jeune, Jacek Maciej Siebeneichen (né en 1934), trente années de différence, alors que le premier quitta le lycée à l’été 1943 et que le second y entra à l’automne 1945, soit seulement deux ans plus tard.
Pour les professeurs et surveillants, on notera tout d’abord que la majorité sont des hommes : 71,2 %. On observera également que beaucoup de professeurs étaient originaires des confins de la Pologne : deux d’entre eux étaient nés en Biélorussie, deux autres en Ukraine, deux en Galicie orientale, un en Lituanie, un enfin en Zaolzie, partie de la Silésie disputée entre Tchèques et Polonais.
En ce qui concerne l’administration, la liste comporte six femmes et neuf hommes. Elle est sans doute incomplète, car le personnel se renouvelait fréquemment. La stabilité était bien plus grande à Villard qu’à Lans.
Le lycée avait un service médical, constitué de plusieurs médecins et d’un infirmier à Villard, d’un médecin à Lans. La France ne reconnaissant pas les diplômes médicaux polonais, les médecins portaient officiellement le titre d’infirmier-chef. Il y avait également des dentistes vacataires, sur lesquels aucune information n’a été conservée. Il semble toutefois que la moyenne d’âge du corps médical ait été nettement supérieure à celle du corps enseignant.
La liste des employés qui exerçaient des métiers « physique » est la plus lacunaire. Les lieux et dates de naissance ne sont connus que dans de rares cas. Il semble que la moyenne d’âge ait été plus élevée que chez les enseignants ou les employés de l’administration.