2.2.1 « Qui a choisi le nom de Cyprian Norwid ? »
—Lucjan Owczarek, élève. La voix catholique, 1991
La défaite de 1939 provoque la venue en France de familles polonaises, de fonctionnaires et de jeunes émigrés isolés. Ces jeunes ont fréquenté des écoles secondaires, mais tout en vivant à Paris ils ne connaissent en général pas le français. L’idée est d’organiser pour eux un enseignement, si possible dans la capitale, afin de ne pas leur faire perde une année.
Dans un contexte peu favorable, le père Cegielka, dont le projet d’ouverture d’une école polonaise à Amiens venait d’échouer, ne baisse pas les bras. Alors que l’ambassade refuse de l’aider pour faire face aux énormes dépenses, il crée un comité pour l’organisation du lycée avec l’aide de Madame Lipska, épouse de l’ambassadeur. Fin octobre, le Lycée polonais ouvre ses portes dans une ancienne école privée, l’Institut du Panthéon, au 11 rue de Fleurus. À sa tête, Monsieur Mélandre. Son épouse polonaise Halina Mélandre collabore avec la mission polonaise et avec Madame Lipska.
Qui a choisi le nom de Cyprian Norwid. L’abbé Cegietka ? Le professeur Zaleski ? L’abbé Jakubisiak ? Madame Irène Galezowska ? Encore aujourd’hui on l’ignore. Mes souvenirs personnels me font pencher pour le professeur Zaleski. En effet, à son retour de Pologne en tant que délégué du gouvernement pour les affaires culturelles en France, il supervise l’école. Lors d’une de ses visites, il nous étonne en déclarant que le lycée va porter le nom de Cyprian Norwid, que tous ne connaissent pas et qui n’a pas le prestige d’un Mickiewicz par exemple… Par la suite, le professeur Zaleski consacrera un ouvrage à Norwid dans lequel il exprimera son admiration pour le poète et soulignera son importance dans la littérature.