Printemps 1946, au-dessus de Lans-en-Vercors sur le plateau des Ramées, autour des professeurs Józef Mul (cravate rayée) et Stefan Wrona (cravate unie).

Łepkowski Tadeusz

— Élève

Łepkowski Tadeusz

1ere et 2e années de lycée (lettres) 1943-1945.

Tadeusz est né le 21 janvier 1927 à Wilno, Pologne.

Son père est membre des légions du maréchal Piłsudski, puis garde du corps du maréchal, chef du département de la sécurité à Toruń, chef du commissariat du gouvernement à Varsovie, enfin adjoint au préfet de Poznań quand la guerre se déclanche. Il organise l'évacuation de la ville et quitte la Pologne avec sa famille : un long périple qui les amène à Paris.

Le père rejoint l'Armée polonaise et, après la débacle, devient délégué de l'Association d'aide aux Polonais à Marseille, puis directeur du centre d'accueil polonais au Grand Hôtel de Grenoble. Il décède en mai 1942.

Tadeusz rejoint le Lycée Polonais à l’automne 1943, y passe le Bac en 1945, entame des études d’histoire à Grenoble pendant une année et retourne en Pologne pour les finir, jusqu'au doctorat. Il est alors professeur à l'université de Varsovie et travaille à l'Institut d'histoire de l'académie des sciences polonaises. Il y est un des pionniers pour la recherche sur l'histoire latino-américaine.

Son parcours politique est chaotique : communiste en 1949, exclu en 1951, réintégré en 1956, démissionnaire en 1968 pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Il devient finalement l’un des piliers de Solidarnosc.

En août 1978, est fondé à Varsovie un Comité de rédaction de l’histoire du lycée Cyprian Norwid de Villard-de-Lans. Tadeusz en prend la présidence, est choisi comme rédacteur, commence à rassembler informations et documents. Le projet met plus de dix ans à se concrétiser. Un questionnaire est diffusé, auquel répondent une quarantaine d’anciens. Tadeusz veut absolument revenir à Villard et Grenoble, y rencontrer anciens et autres acteurs, y consulter les archives. Il a beaucoup de mal à organiser ce voyage et le réalise, enfin, en octobre 1988.

Il s’ouvre à l’un de ses anciens professeurs du lycée installé à Villard, son « Cher professeur Malbos », sur les difficultés du dit voyage et sur celles, plus générales, qu’il rencontre pour achever l’ouvrage. Il sait qu’il est contesté par certains anciens qui ne digèrent pas qu’il ait pu faire partie de la nomenklatura communiste. Il refuse de céder à ceux qui souhaiteraient qu’il publie une hagiographie. « Croyez-moi, je fais tout pour terminer l’histoire du lycée. Les collègues non-historiens — ce qui est compréhensible — veulent avoir le texte le plus vite possible (une sorte de mémoires écrites les larmes aux yeux : tout était excellent, etc.). Je ne peux pas écrire de cette façon-là. Cela doit être une œuvre scientifique, une œuvre écrite non pour pleurnicher pour la postérité, mais pour dire la vérité, presque toujours complexe. »

Reste à trouver des fonds pour publier le livre. Les anciens mettent la main à la poche, ainsi qu’une association Polonia. Łepkowski revient en France en juillet 1989, à Paris, invité à célébrer le bicentenaire de la Révolution française. L’histoire du lycée est quasiment bouclée. Le texte est remis à l’imprimeur en septembre. La Pologne vit des changements et des mutations extraordinaires. Łepkowski est surchargé de travail et préside la commission Solidarność de l’Académie des sciences.

Il décède brusquement le 16 décembre 1989. Son livre paraît quelques semaines plus tard