Godlewski Wacław
— Professeur
Wacław naît le 1er février 1906 à Upita ((alors ville de l'Empire russe, aujourd'hui Lituanie). Ses parents sont de modestes cultivateurs.
En 1926, Wacław est bachelier. Il part pour la France où il s’inscrit à l’université de Montpellier avant de rejoindre Paris où il obtient un diplôme de langue et de littérature polonaises à l’École des langues orientales. De 1931 à 1940, il est lecteur de polonais à la faculté des Lettres de Lille. Humaniste, très actif professionnellement et culturellement, Wacław œuvre à l’épanouissement individuel et au rapprochement de la France et de la Pologne, entre autres via le Groupe universitaire des amis de la Pologne qui regroupe des étudiants lillois.
En septembre 1939, il est engagé volontaire dans l’Armée polonaise, mais non incorporé. Le gouvernement polonais en exil lui demande de continuer sa mission à Lille tout en remplaçant Zygmunt Lubicz-Zaleski comme coordinateur de l’enseignement polonais en France (Zygmunt est bloqué en Pologne par l’invasion de son pays).
Le 8 mai 1940, devant l’avancée allemande, il est chargé de se replier sur Paris en accompagnant 150 recrues polonaises récemment mobilisées en Belgique et leurs officiers. Sa mission est un échec : train mitraillé, routes coupées, pagaïe indescriptible, recrues éparpillées. Wacław arrive seul à Paris où il rend compte de la situation aux autorités de l’éducation nationale française et polonaise. Les Allemands s’approchent de Paris. Wacław reprend la route de l’exode jusqu’à Clermont-Ferrand avec le bureau central de mobilisation polonais. De là, il gagne seul le petit village de Robiac (Gard), où il trouve refuge dans la famille de l’un de ses étudiants, Marcel Malbos. Le 3 septembre, Zygmunt Lubicz-Zaleski, revenu en France, lui rend visite et lui demande son aide pour fonder un lycée qui sera la seule école libre polonaise en France occupée (voir l’histoire du centre n° 56 bis dans le chapitre Quelques repères historiques). Wacław accepte. Le lycée polonais Cyprian Norwid ouvre ses portes à Villard-de-Lans le 16 octobre. Wacław y est secrétaire général et professeur de polonais.
Le 3 mars 1943, Zygmunt Lubicz-Zaleski, directeur du lycée polonais, est arrêté et déporté. Wacław le remplace.
Le 2 mars 1944, Wacław est à son tour arrêté. Dans un témoignage qui date du 28 février 1947, il décrit… « La surveillance policière allemande se resserra de plus en plus sur le lycée. Godlewski avait eu vent que les Allemands le recherchaient, mais ignoraient son adresse, et que ses allées et venues à Grenoble les intriguaient. De plus, un des professeurs du lycée de Villard avait été convoqué pour le STO et, réfractaire, il devait se cacher.
« Le 1er mars, Godlewski parvint à faire partir pour la frontière espagnole son dernier contingent de lycéens, accompagnés du professeur réfractaire. Le lendemain devait avoir lieu à Grenoble une réunion clandestine du comité de patronage pour examiner la situation générale, régler l’attribution des bourses du mois, discuter des possibilités d’envoi en Espagne des derniers étudiants retardataires et enfin examiner la situation d’un groupe d’étudiants juifs particulièrement menacés. « Le 2 mars au matin, avant la réunion et par mesure de précaution, Godlewski se rendit à la préfecture puis à l’inspection académique où il trouva Langlade, tout récemment révoqué par Albert Bonnard. Avec lui, il examina le dossier administratif du lycée de Villard-de-Lans et fit disparaître tous les papiers compromettants qui pouvaient s’y trouver, notamment des lettres de Zaleski. Godlewski avait confiance en Langlade, malgré son attitude parfois peu ferme, et les évènements démontrèrent que cette confiance était bien placée.
Le 3 mars, Godlewski se rendit ensuite à la réunion du comité de patronage qui devait avoir lieu avenue du maréchal Randon. Il y tomba dans une souricière de la Gestapo et fut arrêté. Il est probable que l’origine doive être cherchée dans l’imprudence du secrétaire qui avait voulu prévenir tout le monde, y compris Dittrich, du lieu de la réunion. Une lettre de convocation dut tomber entre les mains de la Gestapo. Tous les participants, dont Godlewski et Dittrich, furent arrêtés, et même quelques étudiants juifs qui venaient toucher leur bourse bien qu’on leur eût dit de ne pas se présenter ce jour-là… mais ils étaient trop pressés ! Dans leur nombre se trouvait un juif soigné à la maison de cure de Belledonne. On arrêta même deux Belges, voisins de palier du lieu de réunion : en tout treize personnes. Seuls les deux Belges et une jeune fille furent libérés peu après. Emmenés place de la Gare à l’hôtel de Suisse et de Bordeaux, les prisonniers ne s’inquiétèrent pas trop au début, pensant qu’ils étaient victimes d’une rafle destinée à rechercher des juifs, car on commença par faire une visite de leur anatomie pour déclarer leur race. Godlewski fut considéré comme un prisonnier de choix. Les Allemands ne savaient rien sur son activité véritable, l’accusant d’être membre d’une officine de renseignement au service des Alliés et d’être impliqué dans une grosse affaire d’espionnage, mais ils ignoraient tout des évasions vers l’Espagne qui constituaient l’essentiel de son travail clandestin. Au cours des interrogatoires où il fut menacé, mais ni battu ni torturé, il put cacher l’existence du comité de Grenoble où il y avait de nombreux papiers compromettants.
« Le 13 mars, tous furent déportés vers Compiègne. Godlewski était le seul à avoir les menottes aux poignets. Dans le train, ils retrouvèrent le colonel Fyda, ancien attaché militaire de Pologne à Paris. Il avait été arrêté lors des rafles monstres organisées par les Allemands après l’arrestation de Godlewski dans le tramway de Villard-de-Lans où il se rendait dans l’intention de placer ses deux jeunes fils au lycée polonais. Torturé, il mourut en déportation. Quant à Godlewski, il fut ensuite envoyé à Sarrebrück et Mauthausen. »
Le 9 avril, Wacław est enregistré à Mauthausen comme parlant le français, le polonais, le russe et le lituanien et comme exerçant le métier d’interprète. La déportation est un calvaire physique et moral : mâchoire fracassée, colonne vertébrale torturée sous les coups ; il est chargé d’établir les listes de ceux qui vont être envoyés à la chambre à gaz.
Le 20 mai 1945, il est de retour en France, brisé dans son âme et dans son corps, des souffrances qui ne le lâcheront jamais. Wacław, maintenant connu sous le nom de Wenceslas, retrouve son poste d’enseignant à la faculté des Lettres de Lille. Il enseigne aussi à l’École supérieure de journalisme, toujours à Lille. Remarquable pédagogue, éveilleur d’esprits, fin traducteur, érudit enthousiaste, ses élèves l’appellent « God ». Il donne un rayonnement extraordinaire aux échanges culturels entre la France et la Pologne.
Il décède à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) en 1996. Il est inhumé à Villard-de-Lans dans le tombeau des Polonais, aux côtés de ses collègues professeurs et de ses élèves morts lors des combats du Vercors.
Honneurs France
- Ordre des Palmes académiques (chevalier).
- Mérite national français (chevalier).
- Médaille de Déporté résistant.
- Plaquette de Grand Officier de la Résistance polonaise.
- Diplôme de combattant résistant 1940.
- Médaille de la Reconnaissance française décernée par la ville de Villard-de-Lans.
Pologne
- Croix d’or du Mérite polonais.
- Médaille d’or de I'Enseignement polonais.
- Chevalier dans I'ordre de la Polonia Restituta.
- Palmes d’argent de l’Académie polonaise des Lettres.
Autres honneurs
- The Commemorative War Medal of General Eisenhower.
- The Interallied Distinguished Service Cross.
En 1976, première grande réunion de la toute nouvelle association des anciens élèves du lycée . Il y a foule : préfet, sénateur, député, maire, curé, chorale polonaise… et une centaine d’anciens élèves, professeurs, employés. Le consul de Pologne dévoile une plaque commémorative apposée sur un mur de l’hôtel du Parc et du château. Godlewski prend la parole…
La parole m’est donnée après des discours importants, clairs, beaux dans leur manifestation des sentiments d’amitié et d’estime, précis dans leur vérité historique. Il semble que tout soit dit sur le lycée Cyprian Norwid. Je m’y associe entièrement. Cependant l’expérience de cette « école qui n’était pas comme une autre », sa vitalité, l’ampleur de ses aspirations, l’intensité de ses nostalgies, la vigueur de détermination de ses dirigeants comme de ses élèves et de son personnel, la valeur, enfin, de ses réalisations qui portent encore aujourd’hui leurs fruits, contiennent d’autres aspects originaux qui méritent d’être évoqués. Ce sont eux, sans doute, ajoutés aux précédents, qui justifient en profondeur la présence de nous tous, Français et Polonais, trente-six ans après la création de l’établissement, devant ces murs de l’hôtel du Parc qui nous a jadis abrités, devant cette cour pleine de souvenirs, et maintenant devant cette plaque commémorative qui les perpétue, devant cette rue qui désormais portera à l’avenir son nom pour témoigner : celui du Lycée polonais Cyprian Norwid 1940-1946…
C’est que — qu’on le veuille ou non et sans exagération aucune — nous avions pris ici un rendez-vous avec l’histoire, relevé, en quelque sorte, son défi…
C’est dans l’incertitude et le désarroi après des catastrophes sans pareilles qu’entre les 9 et 15 octobre 1940 le Lycée polonais Cyprian Norwid apparut à Villard-de-Lans : effondrement de la Pologne en septembre 1939 et flots de réfugiés, jeunes surtout, anciens soldats, mais aussi familles entières ; défaite française en 1940 ; évacuation de Paris ; exode massif de la population après l’armistice qui semblait entériner l’irréparable et exclure la lutte armée sur les champs de bataille au moment où, en Pologne dépecée, entièrement occupée, se multipliaient à une cadence effarante les exécutions, les déportations, et s’allumaient les fours crématoires des camps de concentration. Le lycée fut accueilli par les habitants avec bienveillance et compréhension. Accueilli, nullement imposé, point essentiel pour comprendre la suite. Ce lycée, dont les effectifs grandissaient de jour en jour pour ne pas dire d’heure en heure, voulut être un refuge pour les jeunes combattants exilés et sans avenir immédiat, un peu leur propre maison où ils pouvaient se sentir en sécurité, en même temps qu’une école où l’on pouvait, en attendant la reprise des hostilités, faire des études dans de bonnes conditions et préparer le baccalauréat, reconnu par le gouvernement français comme l’équivalent des diplômes français analogues, donnant accès à tous les établissements d’enseignement supé¬rieur.
Mais le lycée Norwid fit davantage. Dans les limites de ses possibilités humaines, il voulut être une réponse aux événements historiques qui déroulaient dans le monde tant sur le plan militaire que culturel.
La terreur hitlérienne sévissait. Le programme allemand prévoyait la destruction totale de la nation polonaise, de sa culture, de son entité en tant que peuple libre et civilisé. On brûlait les bibliothèques et les musées, on démolissait les œuvres d’art et de sciences, on allait jusqu’à déterrer et détruire les caisses ensevelies par les Polonais pour mettre à l’abri les plus précieux documents de leur histoire et de leur culture. Les professeurs de l’université de Cracovie furent déportés au camp d’extermination de Sachsenhausen où plusieurs d’entre eux moururent de faim, de soif ou dans les chambres à gaz. Ils ne furent pas les seules victimes. Toutes les universités polonaises furent fermées. Interdis aussi l’enseignement secondaire, les cours clandestins poursuivis comme illégaux et, en cas de découverte, maîtres et élèves passés par les armes séance tenante. Les écoles primaires ne furent pas mieux traitées, leur niveau réduit très bas, constamment contrôlé, les maîtres soumis aux vexations. Bref, sur toute la surface de la Pologne envahie, il n’y avait pas une seule école libre.
Les élites intellectuelles, les cadres administratifs et religieux subissaient le même sort. Les écrivains, les maires de ville, les prêtres, les évêques ne furent point épargnés. Un seul exemple suffit, tellement il est éloquent : Boy Zelenski, le très célèbre traducteur de génie de presque toute la littérature française depuis Rabelais jusqu’à Proust, en passant par les XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles fut exécuté dès l’entrée des Allemands à Lwow.
Ainsi dans l’esprit d’Hitler, la Pologne décapitée de ses élites et saignée à blanc dans sa population devait être ramenée au rang des peuples serviles.
C’est à cet état de fait tragique que le lycée de Villard-de-Lans a voulu répondre, dans la mesure de ses possibilités et moyens, tendus à l’extrême dans un acte de foi et d’espérance, souvent démenti par les événements, mais ne s’abandonnant jamais au désespoir, considéré comme lâcheté. Sans cette référence à l’histoire qui se faisait sous nos yeux et à laquelle nous participions, corps et âme, il n’est pas possible de comprendre le caractère spécifique et d’esprit du lycée.
Lycée de résistance morale, intellectuelle et spirituelle, patriotique et hautement humaniste.
Lycée de résistance militaire : être prêt à reprendre les armes dès que les circonstances le permettraient ou même avant pour les impatients et pour ceux qui étaient menacés à cause de leur activité dans le maquis : ils partaient clandestinement vers l’Espagne pour rejoindre les rangs de l’armée polonaise en Angleterre.
Dans aucun cas on ne devait se sentir démobilisé. Habillés de vêtements civils, tous, dans leur conscience — directeurs, professeurs, personnel administratif, employé de cuisine ou de ferme, élèves — étaient des combattants par vocation et libre choix. D’où cette discipline extérieure, semi-militaire qui frappait ceux qui nous regardaient du dehors ; d’où le souci qu’avait la direction d’assurer aux élèves une bonne forme physique et sportive dont l’artisan fut M. Budrewicz qui, dès les premières semaines, entra en relation avec les clubs sportifs français, organisa les compétitions et noua avec eux des liens d’amitié durables.
Les traits distinctifs dont je viens de vous rappeler l’importance donnèrent au lycée son armature interne, son caractère historique d’une école qui n’était pas comme une autre. Il marqua profondément de son empreinte une amitié franco-polonaise du¬rable, chaleureuse et fidèle. La cérémonie d’aujourd’hui et votre présence à tous, Mesdames et Messieurs, en sont un éloquent témoignage.
Me tenant à mi-chemin entre ceux qui sont vivants et ceux qui ne sont plus de ce monde, mais dont les noms, les œuvres et le sacrifice sont ancrés dans mon esprit et mon cœur, il me semble qu’il n’est pas possible de ne pas évoquer leur souvenir, de ne pas leur rendre hom¬mage et leur dire notre reconnaissance.
Et tout d’abord, honneur à ceux qui sont tombés dans le Vercors, côte à côte, Français et Polonais, mes élèves, mes collègues professeurs et amis : le professeur Jan Harwas ; le professeur Kazimierz Gerhardt ; le docteur Welfle ; l’élève Zodzislaw Hernik (Jimmy), notre meilleur chanteur ; et tous ceux qui versèrent leur sang en Vercors et lors du débarquement des alliés et dans les combats qui le suivirent jusqu’à Falaise, Arnheim et la Hollande.
Ce n’est pas sur les champs de bataille, mais en prison à Fresnes et au camp de concentration de Buchenwald que notre premier directeur fondateur, le professeur Zygmunt L. Zaleski, ancien délégué en France du ministre polonais de l’instruction publique, prouva dans la torture que pour lui l’idéal et la vie ne font qu’un, qu’il ne doit pas y avoir hiatus entre les paroles et les actes. Écrivain, essayiste, poète, il aimait la musique. Souvent le soir il nous réconfortait en jouant du piano. Mais par-dessus tout, Zygmunt L. Zaleski fut un grand cœur, un patriote intrépide et optimiste qui, dans les épreuves, gardait toujours l’espoir. Sa foi rayonnait et réconfortait.
D’une autre manière, mais dans le même ton, Mme Jadwiga Stefanowicz, directrice de l’internat de jeunes filles, par son tact, sa sagesse, la profonde compréhension et l’amour de la jeunesse sut imposer à la fois la discipline et l’amitié à ses subordonnées.
Il est impossible de ne pas nous incliner devant la mémoire du professeur Ernest Berger, l’inoubliable créateur de la chorale du lycée. Il fut le troisième directeur et à ce titre il participa aux tragiques événements du Vercors. La mélodieuse légende de sa chorale survit jusqu’à présent, et lorsque la chorale de Gdansk chanta hier à l’église ou lors de la cérémonie d’inauguration sur la place du village, la vieille amitié polono-villardienne vibra intensément, jusqu’aux larmes… de joie cette fois-ci.
L’esquisse, même sommaire, de ce que fut notre lycée serait incomplète si la silhouette forte et belle et si généreuse dans son indomptable courage de Mme Jadwiga Gostynska n’y apparaissait. Intendante-directrice, elle avait la lourde charge de veiller aux besoins matériels de notre établissement. C’est elle qui eut l’idée de louer la ferme de Geymonds. Chaque classe à tour de rôle y labourait la terre, mais les plus vigoureux de nos gars n’égalaient pas l’énergie et le dynamisme de notre Maman. Qui mieux que Mme Gostynska mérita ce surnom tendre et respectueux à la fois ? L’enseignement du français à tous les niveaux et de la littérature française dans les classes supérieures et dans les groupes les plus avancés occupait dans nos programmes une place privilégiée. Il devait être considéré comme égal aux cours de la langue et littérature polonaise. Deux professeurs l’assuraient. M. Bernard Hamel, ancien lecteur français à l’université de Cracovie et représentant permanent du recteur de l’Académie de Grenoble, s’occupait des finesses grammaticales de la langue de Racine. Le jeune et enthousiaste professeur Marcel Malbos expliquait avec amour, compétence et profondeur les plus beaux textes de poésie et de prose française de la Renaissance jusqu’à l’époque moderne.
C’est sur cet immense patrimoine culturel français que nous entendions bâtir notre amitié. Elle devait trouver son fondement dans la connaissance réciproque des valeurs permanentes et approfondies de nos nations.
Ainsi, c’est dans le travail, la discipline, le sport et l’étude, et surtout peut-être dans les chants de notre chorale, que la population de Villard¬-de-Lans découvrit et aima les Polonais du lycée Cyprian Norwid.
Vint la dramatique épreuve du Vercors. Les Polonais du lycée luttè¬rent et moururent avec leurs amis français de Villard-de-Lans et du plateau. Le sang versé en commun scella d’un lien nouveau la traditionnelle fraternité franco-polonaise.
Depuis ces jours, les anciens du lycée, partout où ils se trouvent, partout où leur destin individuel les a jetés, en France, en Pologne, en Angleterre, au-delà des océans, se sentent profondément unis entre eux et à Villard-de-Lans, à ses montagnes – « Srebrne gory » ou les montagnes d’argent comme ils appel¬lent la chaîne du Gerbier –, à ses prés, à ses fleurs, narcisses, gentianes, lys martagon, à ses champignons… Ils savent qu’ils sont et demeurent unis aux hommes et à la terre d’ici, pour toujours.
Faut-il un plus grand hommage et un plus intense remerciement à ceux qui en 1940 reçurent chez eux les exilés de leur patrie, hommes blessés dans leur chair et dans leur âme, sans toit ni gîte, tentés par le désespoir ?
Vous leur avez prêté votre toit et versé avec eux votre sang. À présent, ils portent le nom de Villardiens, sans ostentation, partout où ils sont, sur presque tous les continents. Ils l’inscrivent à côté du leur dans les diplômes obtenus à tous les niveaux et tous dans leur souvenir affectueux : gens simples, ingénieurs, artistes, écrivains, professeurs d’université ou du secondaire…