Foszcz Wanda
— Élève
1ere année de gymnase 1945-1946.
Wanda est née 17 janvier 1933 à Noyant d’Allier (Allier), de Wojciech Foszcz et Honorata Wezowicz.
Ses parents, avec un cousin de son père, Mathieu Babiarz et son épouse, sont arrivés en 1929 au « dépôt de Toul », Meurthe-et-Moselle (lieu d’arrivée des Polonais, qui étaient ensuite répartis dans toute la France, dans les mines ou les exploitations agricoles). Son père et son cousin arrivaient du village de Niemirów à l’Est de la Pologne, village devenu ukrainien à l’issue de la guerre. Le cousin rejoint une exploitation agricole à Parfondeval dans l’Aisne, et Wojciech est dirigé vers les mines de charbon de Noyant d’Allier (03). Bien qu’il soit agriculteur, Honorata n’est pas mécontente, car dans les mines, pour les ouvriers, il y a des infrastructures (logements, écoles…). De plus, pendant la guerre, Wojciech n’est pas mobilisé, car déjà « mobilisé » par la mine. Ce n’est pas le cas de son cousin Mathieu, qui part combattre et sera fait prisonnier. À son retour, il découvre que sa femme et ses 2 filles sont mortes de faim pendant la guerre. Contrairement aux sites miniers, les ouvriers des grandes exploitations devaient être très isolés, et les propriétaires d’exploitations agricoles étaient défavorables à ce que les familles ouvrières aient des enfants : c’étaient des bras en moins pour l’exploitant et des bouches en plus à nourrir…
Wojciech et Honorata ont quatre enfants : les deux premiers décèdent à la naissance, Wanda nait en 1933, et Celina en 1940. « Wanda » est le nom d’une princesse légendaire, qui a préféré se noyer dans la Vistule plutôt que d’épouser un Allemand.
Wanda va à l’école chez les sœurs. Puis arrive un instituteur polonais qui donne des cours de polonais à l’école publique, trois fois par semaine après la classe ainsi que le jeudi.
En 1945, il n’y avait plus de place au Lycée de Moulins. Sa mère apprend l’existence du lycée polonais Cyprian Norwid de Villard dans le journal Trybuna Ludu (La Tribune du Peuple). Ses parents tiennent à ce qu’elle fasse des études. Elle se rend donc à Villard en automne 1945, avec Wanda Dybilas, qui fréquente le lycée depuis deux ans. Elle y effectue sa 1ere année de gymnasium, sous la direction d’Ernest Berger. La directrice de l’internat est madame Stefanowicz. L’économe, madame Spirzewska, doit parfois aller à Grenoble en car pour chercher du pain. Wanda est logée à l’hôtel Fleur des Alpes. Elle passe Noël au lycée, et rentre à Noyant pour les vacances de Pâques.
En 1946, elle intègre le lycée polonais à Paris, d’abord à Houilles (1946-1947), puis rue Lamandé dans le 17e (de 1947 à 1951). Pendant les grandes vacances, elle est monitrice de colonies de vacances, sous l’égide du consulat de Pologne, à Aiguebelette (1950) et Uriage (1951).
Elle part en Pologne en 1951 où elle poursuit des études d’histoire à l’université de Varsovie. Elle se marie en 1952 avec Ryszard Drozdz, étudiant en mathématiques et ancien élève du lycée polonais à Houilles, et elle arrête ses études. Lui travaille à la radio : il anime une émission pour les Polonais de France. Ils ont un fils en 1954, André. Ils reviennent en France en 1958, vivent à Saint-Étienne chez les parents de Wanda dans un logement de la mine, au camp de la Girardière, et ont une fille, Joëlle, en 1960. André décède en 1978 d’une leucémie.
Wanda fait des études d’infirmières (diplôme en 1967), et travaille à l’hôpital Bellevue comme infirmière, puis cadre jusqu’à sa retraite en 1994. Elle travaille 20 ans au pavillon d’urgence de Saint-Étienne.
Elle passe sa retraite entre Saint-Étienne, où elle continue de se rendre à l’hôpital comme bénévole (atelier cuisine en gériatrie, bourses aux vêtements…), et Mazet-Saint-Voy, en Haute-Loire où elle possède une maison et où elle est bénévole à la bibliothèque. Elle vit à Chambéry dans une résidence proche de chez sa fille depuis février 2024.