Lycée
Polonais

Départs, arrestations, combats

Dans un monde en guerre, il n'est pas question pour ces jeunes gens de rester passifs. Tout, dans leur environnement, contribue d'ailleurs à les maintenir mobilisés.

11 novembre 1944 : les lycéens honorent leurs morts

Dès juin 1941, et chaque année dès lors, de nombreux élèves profitent d'occasions diverses pour partir à travers l'Espagne vers la Grande-Bretagne, considérée comme le pays où la guerre contre les Nazis continue. Le plus jeune d'entre eux est rattrapé sur les tampons d'un train en route vers le sud. Il est ramené au Lycée. Il a… 12 ans !

Certains connaissent, avant de pouvoir poursuivre leur chemin, la prison et le camp d'internement de Miranda del Ebro. Des dizaines sont interceptés, internés, déportés à Buchenwald, Mauthausen, Ravensbrück…
D'autres gagnent Gibraltar, enfin, et rejoignent l'Armée polonaise (terre, air, marine) en Grande-Bretagne. Ils participent en 1944 à la libération de la France dans les rangs de la 1ère Division Blindée polonaise. Ils combattent en Normandie, à Falaise, Chambois, Abbeville, puis en Belgique et en Hollande. Ils combattent en Italie au sein du 2e Corps polonais de l’armée du général Anders.
D'autres s'inscrivent dans diverses facultés. Nombreux, ils participent à la Résistance et intègrent en particulier des réseaux comme le POWN. Cette "Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance" est dirigée de Londres par le gouvernement polonais en exil. MM Lubicz-Zaleski et Godlewski eux-mêmes entretiennent des liaisons avec les forces libres de la résistance franco-polonaise.

L'entrée de l'armée allemande en zone libre, fin 1942, marque un tournant. Le Lycée bénéficiait jusqu'alors de la bienveillance et de l'aide active des officiels français, dont certains hauts fonctionnaires. Il devient suspect aux yeux de l'occupant.
La préfecture impose qu'aucun élève de plus de 17 ans ne soit admis. Le Lycée ne peut plus alors accueillir ces anciens militaires susceptibles de rejoindre la Résistance en France ou à l'étranger.
En mars 1943, l'établissement est frappé une première fois par l'arrestation de son directeur, le professeur Lubicz-Zaleski. Envoyé à Milan par la police italienne, torturé, il est livré à la Gestapo et déporté à Buchenwald. Il est remplacé par le professeur Godlewski .
Un an plus tard, Godlewski est arrêté à son tour par la Gestapo alors qu'il participe à une réunion du GAPF pour organiser les départs vers l'Espagne. Il est déporté à Mauthausen dont il reviendra physiquement brisé.
Marcel Malbos est également arrêté, mais relâché le même jour grâce à un heureux concours de circonstances.

Vient l'été 1944. Le Vercors s'est transformé en citadelle que défendent quelques cinq mille maquisards. Depuis le début de l'année, les Allemands tentent en vain de briser la résistance de ce bastion. Le 13 juin, ils attaquent St-Nizier, sans succès. Le 15, ils reviennent à la charge, avec succès cette fois. Ils brûlent le village mais ne s'engagent pas plus loin.

Juillet… Bon nombre des élèves ne sont pas rentrés chez eux pour les vacances… La mobilisation générale est décrétée... Une trentaine d'élèves et professeurs s'engagent dans les FFI. Aucun d'eux n'a d'expérience ou de formation militaire.
Jerzy Delingier, l'un de ces élèves, écrit à sa mère : « J'ai passé mon bachot avec succès. Il représente pour moi une sorte de laissez-passer pour la vie. Les classes ont cessé, mais les travaux des champs commencent, et avec eux de grands changements dans ma vie. »
Ce "changement" c'est, pour les plus âgés, le départ vers les unités de combat et, pour les plus jeunes, l'aménagement d'un aérodrome à Vassieux-en-Vercors.

Le 20 juillet, les Allemands donnent l'assaut.
Le 21 juillet, l'enfer éclate à Vassieux, quand vingt planeurs allemands chargés de parachutistes atterrissent, alors qu'on croit que ce sont les renforts Alliés qui arrivent. Massacre… Ce jour-là et les suivants, une dizaine de Polonais périssent, dont Jerzy Delingier. Les survivants se cachent dans les forêts avant de regagner d'autres groupes de partisans.
Les professeurs Harwas et Gerahrd ont pris part aux combats. Ils sont arrêtés, emmenés à Lyon, fusillés la veille de la libération de la ville.

« Le sang ne sèchera jamais sur cette terre », comme le proclame l'un des monuments qui commémore les jours de gloire et de drame du Vercors.

Ailleurs, les combats continuent.
Professeurs, élèves ou membres du personnel, ils seront finalement vingt-quatre à payer de leur vie leur engagement. Et ils seront une trentaine à être déportés, dont deux ne reviendront jamais.

À Villard, la 7e station du Chemin de Croix de Valchevrière diffère des autres. Construite juste après la guerre, elle a été modelée dans le style des chapelles de Zakopane. C'est "la station des Polonais". On y lit : « Pour la liberté, la justice et la dignité humaine, pour la Pologne et pour la France, sont tombés au champ d'honneur, ont souffert dans les prisons et dans les camps de concentration, des professeurs, des élèves, des employés du Lycée Polonais Cyprian Norwid. »

Au cimetière de Villard, un caveau unique abrite les dépouilles de six Polonais tombés au champ d'honneur, et celle de Wenceslas Godlewski, décédé en 1996.
Les cercueils d'autres élèves et professeurs ont été transférés au cimetière national de La Doua, dans la banlieue lyonnaise.


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